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Last revised:
23 August 2000


Les Québécois, le clergé catholique et l'affaire des écoles du Manitoba / Quebecers, the Catholic Clergy and the Manitoba School Question, 1890-1916

Revendications de Mgr. Langevin en 1898

[Note de l'éditeur: La plupart des écrits historiographiques sur la question des écoles du Manitoba termine leur récit avec l'encyclique Affari vos. Bien qu'il soit certain que l'encyclique ait mis fin à la guerre ouverte de l'épiscopat québécois contre le gouvernement Laurier en particulier, il faut se rappeler que le pape avait décrit le Règlement Laurier-Greenway comme imparfait et qu'il avait encouragé les catholiques à chercher à améliorer la situation. Le gouvernement Laurier avait présenté lui-même le règlement comme un début de justice à la minorité, du moins au moment où Merry del Val se trouvait au Canada. Les événements allaient démontrer que le gouvernement Laurier considérait plutôt le règlement comme ayant mis fin à la controverse. Il n'avait donc nul envie, politiquement, de renégocier la question. Néanmoins, pour différentes raisons, dont le désir de ne pas se mettre à dos les nonces apostoliques envoyés en permanence au Canada par le Vatican après 1900, le gouvernement Laurier continua de temps à autre à discuter avec Mgr Langevin. Ces discussions n'apportèrent aucun résultat et, au fil des années, les écoles catholiques que Langevin avait maintenues tant bien que mal, sombrèrent de plus en plus dans des difficultés financières.

Le document qui suit énumère les revendications de Mgr. Langevin immédiatement après l'encyclique papale.]

 

Les écoles catholiques libres jouiront à l'avenir des droits ou privilèges suivants :

1. Elles recevront leur part proportionnelle de toutes les allocations et de tous les subsides fédéraux ou provinciaux, aussi bien que des taxes municipales et autres imposées pour fin d'éducation. A Winnipeg cette part proportionnelle d'argent dont on vient de parler, sera mise à la disposition d'un Comité nommé par le gouvernement et approuvé par l'Archevêque de Saint-Boniface.

2. Un Comité sera spécialement nommé pour accorder immédiatement des diplômes aux maîtres catholiques enseignant actuellement dans nos écoles libres et le département d'éducation accordera sur recommandation de l'inspecteur canadien des permis d'enseigner à ceux qui ne seront pas jugés aptes à recevoir des diplômes. Ces permis ne devront être donnés que pour deux ans à partir de ce jour.

3. On n'exigera pas des diplômes d'instituteurs pour les membres des communautés religieuses ; une lettre de l'Archevêque de Saint-Boniface, reconnaissant aux membres du clergé catholique ou des communautés religieuses les qualifications requises, sera considérée comme garantie suffisante pour permettre à ces derniers d'enseigner dans les écoles catholiques libres.

4. On établira à Saint-Boniface ou à Winnipeg une école normale et un bureau d'examinateurs pour ceux qui doivent enseigner dans les écoles catholiques libres. Le programme de cette école normale sera le même que celui des autres écoles normales, avec la faculté pour les candidats de choisir la langue française.

Les sessions de cette école devront durer dix semaines à compter du 15 juillet ; l'inspecteur canadien-français sera du nombre des professeurs. On adjoindra à cette école un bureau d'examinateurs catholiques composé de l'inspecteur canadien-français et de trois, au plus, des membres catholiques du Conseil universitaire.

5. On nommera un certain nombre d'inspecteurs catholiques qui devront préalablement recevoir l'approbation de l'Archevêque de Saint-Boniface.

6. Les livres de lecture, d'histoire et de géographie, anglais et français, en usage dans les écoles catholiques devront recevoir l'approbation de l'autorité ecclésiastique.

Les livres anglais en usage dans les écoles catholiques séparées d'Ontario, et les livres français en usage à Québec sont considérés comme ayant déjà reçu l'approbation, pour les écoles libres et catholiques de Manitoba.

7. On se servira dans les écoles catholiques libres des mêmes livres anglais et français en usage dans les écoles publiques.

8. L'Archevêque ou un prêtre par lui délégué sera nommé membre du Bureau d'éducation.

Source : Arthur Savaète, Voix canadiennes. Vers l'abîme. Vol. 12, Mgr. Adélard Langevin, Archevêque de St-Boniface. Sa vie, ses contrariétés, ses œuvres, Paris, Arthur Savaète éditeur, [s.d.], 540p., pp. 225-226.

 

© 2000 Claude Bélanger, Marianopolis College