Histoire de la civilisation occidentaleMarianopolis College
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Dernière mise à jour :
2001-08-20

La civilisation occidentale dans sa phase du Proche–Orient

Première partie: Les grands états

Claude Bélanger,
Département des Sciences humaines,
Marianopolis College.

L’étude de l’histoire des grandes civilisations du Proche-Orient dans la période s’échelonnant de c3,000 à environ 350 anè mériterait un développement substantiel que nous ne pouvons faire ici, étant donné le peu de temps que nous pouvons consacrer à cette période, compte tenu que notre programme est très chargé. Nous ne nous y arrêterons que pour en définir plus avant le contexte géographique (si vous vous perdez dans la géographie du Proche-Orient, consultez ce glossaire des noms de lieux; pour en savoir davantage sur les conditions géographiques de Proche-Orient, voir ce site), et décrire brièvement leur apport à la civilisation occidentale. Notre attention se portera surtout, étant donné la manière dont nous avons défini la culture occidentale, sur le monde hébreu. Celui-ci sera discuté, séparément, dans les deuxième et troisième parties.

Le contexte géographique du Proche-Orient (voir la carte du Proche-Orient)

Les cultures du Proche-Orient se sont développées le long de trois grands axes géographiques aux caractéristiques propices pour assurer la survivance et la sécurité, tel que nous l’avons discuté auparavant.

Le premier de ces axes est celui du Nil, (voir la carte) long fleuve qui plonge ses racines à l’intérieur du continent africain et se verse dans la Méditerranée de l’est (voir la carte de l’est méditerranéen) après avoir serpenté un territoire qui serait, sans sa présence, un immense désert. C’est le long de ce fleuve que s’est développé l’une des plus anciennes, des plus prospères et des plus réussies des cultures de l’histoire occidentale: la civilisation égyptienne. L’Égypte est presque complètement entourée d’accidents géographiques : marais (au sud dans le nord du Soudan d’aujourd’hui), déserts (déserts de Libye et du Sinaï à l’est et à l’ouest) ou d’eau (la Méditerranée au nord). En conséquence, cette société a joui d’un haut niveau de sécurité. Par contre, c’est le Nil qui a assuré la société égyptienne d’un haut degré de survivance en lui donnant une agriculture prospère. Le Nil a d’abord donné à ce territoire une ressource précieuse pour l’agriculture: l’eau. Cependant, c’est une particularité du Nil qui a joué un rôle tout aussi considérable. Chaque année, à une époque très précise qu’on peut prédire, les pluies de l’intérieur du continent africain provoquent une grande crue du fleuve Nil qui déborde alors et inonde un vaste territoire. Ces inondations apportent de l’eau à une région désertique (eau qu’un ingénieux système d’irrigation se chargera de conserver pour le reste de la saison). Elles déposent aussi sur le territoire égyptien des particules sédimentaires très riches en minéraux essentiels à une bonne agriculture. Sans avoir recours aux engrais, grâce à cette sédimentation déposée par la crue annuelle, la terre égyptienne continuera longtemps à subvenir aux besoins d’une vaste population. C’est à cause de son agriculture que l’Égypte développera une grande civilisation et c’est le Nil avec ses crues annuelles qui en est responsable.

Le deuxième axe est celui de la Mésopotamie (voir la carte). Le nom a été formé de deux mots grecs (meso: milieu et potamos: fleuve) et signifie donc « entre les fleuves ». La Mésopotamie est une large vallée fertile contenue entre les fleuves Tigre et Euphrate qui prennent leurs sources dans les plateaux de la Turquie et le Caucase pour se jeter finalement dans le golfe persique. La Mésopotamie correspond à peu près à l’Irak aujourd’hui. Comme pour le Nil, ces fleuves arrosent un territoire qui serait, sans eux, désertique; comme pour celui-ci, il inonde périodiquement le territoire et dépose les sédiments nécessaire au maintient d’une riche agriculture. Bien que les civilisations de la Mésopotamie aient eu du succès, elles ne durèrent jamais aussi longtemps que celles de l’Égypte. C’est que le territoire est plus ouvert que celui de l’Égypte, donc une sécurité moins grande, et que les crues des deux grands fleuves soient moins prévisibles et plus destructrices. La Mésopotamie a donc servie de base à une succession de grandes cultures qui reflètent une certaine continuité: l’empire Amorrite d’Hammourabi*, les Assyriens, les Chaldéens, les Perses.

Le troisième axe géographique est celui du croissant fertile. (voir la carte) Il s’agit d’une bande de terre qui s’étend du rivage de l’est méditerranéen, où se trouvent Israël, le territoire palestinien et le Liban d’aujourd’hui, pour descendre le long de la Mésopotamie. Ce territoire décrit donc un axe en forme de croissant et constitue une zone fertile entourée principalement de déserts ou autres territoires non cultivables. La Mésopotamie est donc une sous-région du croissant fertile qui fait lui-même partie du Proche-Orient. Encore ici, une succession de cultures se sont manifestées. Les plus importantes furent celles des Phéniciens et du peuple hébreu (celui-ci sera discuté dans la deuxième partie).

Contribution du Proche-Orient à la civilisation occidentale

Nous ne pouvons esquisser ici que quelques traits essentiels et fort incomplets.

D’abord sur le plan politique, nous devons à cette région d’avoir été la première à développer en Occident la notion d’un état central sophistiqué. Jusqu’ici, l’univers politique s’était limité au village autour duquel tout s’organisait. Les Égyptiens, les Amorrites, les Assyriens, les Perses, pour ne donner que ces exemples, construisirent de grands états avec capitale, structures administratives et bureaucratiques, des armées. Ils utilisèrent le système monarchique et dynastique, comme celui d’Hammourabi*, souvent de droit divin, pour leur gouvernement. L’exemple typique de ce système est celui du Pharaon d’Égypte qui est dieu et possède le territoire et ses habitants. Ils créèrent aussi des empires (voir les cartes de l’empire d’Assyrie [c745-612 anè] et de celui des Perses, qui fut le plus grand empire de l’humanité jusqu’à la conquête d’Alexandre le Grand [550-330 anè]), rassemblement de divers territoires et cultures, sous un gouvernement unique, mais où la décentralisation est souvent nécessaire à une administration efficace (nomes en Égypte et satrapie dans l’empire perse). En réaction à ce modèle, une autre forme de gouvernement est aussi née dans cette région : celui de la Cité-État que l’on retrouve principalement chez les Phéniciens. Toutes ces formes seront suivies en Occident ultérieurement.

La deuxième grande contribution que nous voulons souligner ici fut le développement de systèmes d’écriture qui, dans certains cas, seront répandus dans le reste de l’Occident. On en distingue deux grandes catégories: les systèmes pictographiques, tel celui de l’Égypte avec ses hiéroglyphes*, et l’écriture cunéiforme* de Mésopotamie. (Exemples de l’écriture égyptienne, et mésopotamienne) C’est l’égyptologue Champollion* qui fut le premier à déchiffrer l’écriture égyptienne. Il le fit par une étude attentive de la fameuse pierre de rosette*. L’écriture cunéiforme se répandit à presque tout le Proche-Orient (voir la carte). Cependant, le système le plus simple, et le plus largement adopté dans l’univers méditerranéen fut celui développé par les Phéniciens*. C’est l’alphabet phénicien qui a servi de base à la création de l’alphabet grec, qui lui-même servit à construire l’alphabet romain, qui est celui que l’on utilise en français et en anglais. La plupart des Occidentaux utilisent aujourd’hui l’alphabet romain, bien que ce ne soit pas le cas pour les chiffres, ou l’alphabet grec (cyrillique*)

C’est de cette région que nous est venu le premier grand code de loi connu en Occident: le code d’Hammourabi (ne suivez pas les liens). Ce code, bien que sévère, visait à protéger les faibles contre l’arbitraire des forts (particulièrement les femmes, les enfants et même les esclaves étaient protégés), souscrivait à la notion fondamentale de justice que la punition doit être proportionnelle au crime, et surtout que tous devaient être soumis à la loi. Il ne restera plus, plus tard, à établir que tous soient égaux devant et sous la loi et que les libertés fondamentales soient mises hors de portée des gouvernants. Le système d’Hammourabi* établissait des juges pour appliquer avec justice la loi. C’est un exemple qui sera suivi par plusieurs états en Occident, particulièrement par Rome. Le code d’Hammourabi fut gravé sur de grandes pierres. La loi ne devait pas être secrète et arbitraire mais publique et connue. L’une de ces pierres a été retrouvée. On peut la voir au musée du Louvre* aujourd’hui. Cette pierre montre le dieu Marduk donnant la loi au roi*. C’est là une coutume qui sera souvent suivie par les anciens peuples. Pour diverses raisons, ils aimaient croire que la loi venait de Dieu.

La dernière grande contribution fut celle des connaissances, des sciences et de l’art. Une somme considérable de connaissances astronomiques, médicales, mathématiques et scientifiques furent accumulées dans cette région. Ces connaissances furent transférées par les peuples diffuseurs, tels les Phéniciens et les Grecs. Plusieurs notions du temps et de l’espace nous sont venues d’eux. (pour avoir une idée générale de l’étendue des connaissances scientifiques des civilisations du Proche-Orient voir ce site) Quant à l’art, sa contribution fut inestimable (voir les images d’œuvres d’art* du Proche-Orient).

Exercice de réflexion : pourquoi les Anciens aimaient-ils penser que la loi venait de Dieu? Pourquoi n’aurait-elle pas été la création des hommes?

Considérer les informations données ici et les confronter avec le texte qui discute du rôle qu’une culture peut jouer dans le développement de la culture occidentale.

© 2001 Claude Bélanger, Marianopolis College