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Histoire
de la civilisation occidentale Claude Bélanger, La chute de l’empire romain d’Occident en 476 entraîna de graves conséquences pour la culture occidentale. Pendant plusieurs centaines d’années, les Romains avaient protégé et disséminé la culture gréco-romaine et servi de base à la diffusion du christianisme dans le bassin méditerranéen. La chute de l’empire d’Occident allait précipiter une crise si grave que l’existence même de la culture occidentale s’y joua. Si la culture occidentale réussit à traverser cette période d’épreuves c’est grâce à l’apport et à l’activité de divers groupes qui préserveront une partie de l’héritage antique. Ces groupes sont : les Byzantins, qui maintiendront pendant un autre millénaire l’illusion que l’empire romain continue d’exister dans l’est méditerranéen, seront une source d’ordre, de force et de connaissances dans un univers de plus en plus chaotique et ignorant; les Arabes qui deviendront le groupe le mieux nourri par l’héritage gréco-romain dans la période médiévale et garderont vivante la flamme des connaissances du monde antique et de l’Asie; les peuples germains — que les Romains décrivaient comme des barbares — qui surent préserver des éléments importants du monde antique, le christianisme en particulier, et les incorporer dans leur culture. Le Moyen-Âge est donc la période où se joue le drame de l’existence même de la culture occidentale. Pendant longtemps, cette période a eu une bien mauvaise réputation. Les historiens utilisaient des épithètes négatifs pour décrire la période : décadence, brutalité des mœurs, institutions rudimentaires, activité économique diminuée, ignorance généralisée, chaos politique, vie artistique d’une grande pauvreté. Entre la brillante culture du monde antique et la poussée fulgurante de l’époque moderne, le Moyen-Âge faisait figure de parent pauvre. C’était une période mal-aimée, qu’on préférait négliger. Période triste, d’appauvrissement, de déclin. En réalité, il faudrait reconnaître, comme l’a bien fait l’historienne Luce Pietri, qu’il y a eu deux époques médiévales. La première, qui s’étend de la chute de Rome à environ l’an mille — celle qu’on appelle le Haut Moyen-Âge — fut une période difficile, qui justifie la description négative que l’on fait du Moyen-Âge. Période d’invasions, de peur généralisée, de décadence de la culture. Cette période de malheurs fut cependant suivie d’une autre — appelée communément le Bas Moyen-Âge — qui marquera une grande période de renouveau et de créativité. Cette période culminera avec la Renaissance, laquelle doit être considérée autant comme faisant partie du Moyen-Âge que constituant le début de l’époque moderne. La charnière entre les deux sous-périodes se trouve au XIième siècle, à un moment décrit par le grand humaniste Kenneth Clark comme étant « le grand dégel », moment de grande énergie et « d’intensification de l’existence ». Il n’y a donc pas un Moyen-Âge mais deux, chacun avec sa dynamique propre qui doit être analysée. Pour l’étude du Moyen-âge, on fera l’étude des éléments suivants :
© 2002 Claude Bélanger, Marianopolis College |