Histoire de la civilisation occidentaleMarianopolis College
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Dernière mise à jour :
2001-08-20

Le concept d’Occident

Claude Bélanger,
Département des Sciences humaines,
Marianopolis College.

Il y a dans le monde quelques grandes familles culturelles : civilisations africaine, méso-américaine, chinoise, etc. La civilisation occidentale (western civilization) en est une autre et c’est celle dans le contexte de laquelle nous vivons. Le but principal de notre cours est d’en déterminer l’origine, les éléments principaux, l’évolution, l’importance, etc.

Qui la civilisation occidentale regroupe-t-elle ? Sommes-nous des Occidentaux ? Quelles sont les grandes étapes de son évolution ?

Définition :

L’Occident est un concept historique et culturel. Il est historique puisqu’il n’est pas d’une génération spontanée et qu’il a évolué au cours des siècles; il est culturel dans le sens qu’il exprime une manière de vivre spécifique avec ses caractéristiques propres.

Sont considérées comme occidentales toutes les cultures qui plongent les racines de leurs grandes caractéristiques dans l’univers judéo-chrétien (et son prolongement islamique), et dans le monde gréco-romain. Ces cultures ont traversé quatre grandes phases qui correspondent chacune à un contexte géographique spécifique et à une période historique identifiable.

Dans les grandes lignes, l’univers judéo-chrétien a contribué plus spécifiquement à la culture occidentale ses caractéristiques religieuses (en particulier le monothéisme* du Judaïsme) et les valeurs d’éthique et de morale qui caractérisent les trois grandes religions occidentales qui plongent leur source dans l’Ancien Testament (Judaïsme, Christianisme et Islamisme).

Le monde gréco-romain a contribué tout un ensemble de caractéristiques culturelles dont les principales sont :

  • les langues que nous utilisons;
  • les systèmes d’alphabet pour l’écriture (latin, grec, cyrillique);
  • les caractéristiques de notre calendrier (et donc partiellement nos notions du temps);
  • nos systèmes de lois qui plongent presque tous leur origine dans le droit romain;
  • des habitudes vestimentaires et alimentaires;
  • l’architecture de nos édifices;
  • le rationalisme et l’humanisme;
  • etc.

Le contexte géographique où les groupes de culture occidentale peuvent être trouvés historiquement correspond aux grandes phases historiques de la civilisation occidentale :

Il faut distinguer quatre phases dans l’évolution de la culture occidentale. Il y a donc eu quatre grandes aires géographiques où se trouvaient des groupes de d’Occidentaux :

  1. La première phase, la plus longue, celle des origines de la culture occidentale, est celle du Proche-Orient* (Near East) qui s’échelonne de c3,500-800 ANE (avant notre ère). C’est la phase de la création des premiers éléments qui formeront l’armature culturelle de la culture occidentale. Des sociétés en Égypte (Vallée du Nil*), dans le Croissant fertile* et en Mésopotamie* sont apparues, ont accumulé des connaissances qui seront transférées éventuellement au bassin méditerranéen. Dans cette phase le développement du peuple hébreu et de sa religion monothéiste*—le Judaïsme— est d’importance capitale pour la culture occidentale.

  2. La phase méditerranéenne (de 800 ANE jusqu’à 476 de notre ère) est d’importance primordiale. On peut y distinguer deux grandes périodes : dans un premier temps, deux peuples, après avoir eux-mêmes absorbé la culture du Proche-Orient, de l’avoir enrichi, répandirent ensuite cette culture du Proche-Orient à une bonne partie du bassin méditerranéen. Il s’agit des Phéniciens, peuple établi sur la côte est de la Méditerranée, dans la zone du Liban aujourd’hui, et qui par son commerce et ses colonies répand ses connaissances, particulièrement son alphabet qui servira de base à la création des alphabets occidentaux, dans le bassin Ouest de la Méditerranée. Le deuxième groupe est celui des Grecs qui par le commerce et la colonisation répandit une culture riche et dynamique sur plusieurs points de la Méditerranée (Mer Noire, bassin de la Mer Égée, sud de l’Italie et de la Sicile (la Grande Grèce*), et même jusqu’en France (Marseille). L’apport des Grecs à la construction culturelle de l’Occident fut sans rival. D’autre part, à mesure qu’on avance chronologiquement dans cette période méditerranéenne, cette phase voit l’unité du bassin méditerranéen créée par l’expansion romaine. Déjà, au début de notre ère, sous l’empereur Auguste, tous les territoires s’échelonnant autour de la Méditerranée seront devenus romains. Les Romains ont donc joué un rôle très important dans la civilisation occidentale : ils en ont forgé l’unité politique et culturelle (ce qu’on appelle la culture gréco-romaine), fait des additions culturelles importantes (droit, architecture, calendrier, régime politique) à la culture occidentale, en plus d’avoir réuni les deux branches qui donnent à la culture occidentale ses éléments d’originalité : la culture greco-romaine et l’univers judéo-chrétien. Ce sont les Romains qui, se convertissant au Christianisme, firent la jonction des deux branches qui étaient jusque là restées séparées. Donc, dans la phase méditerranéenne, qui correspond chronologiquement à la majeure partie de l’histoire ancienne (ou de l’Antiquité*), la culture occidentale était dominante sur des parties de trois continents : en Asie, dans la zone du Proche-Orient, en Afrique, dans tout le nord du continent (l’Égypte et les territoires situés au nord du désert du Sahara) et dans la partie européenne au sud du fleuve Danube, essentiellement dans la partie de l’Europe qui touche à la Méditerranée.
  3. On appelle la troisième période : phase européenne. Elle correspond à la période du Moyen-Age* (476-1492). La chute de Rome au cours du cinquième siècle aurait pu entraîner la disparition de la culture occidentale. Cependant, cela ne fut pas le cas, bien que la culture occidentale reçût un dur coup dont elle mettra beaucoup de temps à se remettre. Des invasions venues du nord et de l’est provoquèrent l’effondrement de la majeure partie de l’Empire romain. Ces grands bouleversements eurent un effet négatif sur l’évolution de la culture occidentale. Cependant, de nouveaux groupes se chargeront de préserver l’héritage de la culture gréco-romaine : l’empire byzantin, prolongement de Rome et de la Grèce dans l’est méditerranéen; les Germains romanisés, mais, surtout, le monde arabe, digne héritier de la Grèce. Néanmoins, progressivement au cours de cette période, le Proche-Orient se détachera de la culture occidentale de même que le nord de l’Afrique. Géographiquement, les peuples occidentalisés (c’est-à-dire ceux ayant acquis les caractéristiques gréco-romaine et judéo-chrétienne) ne se retrouvent donc plus qu’en Europe dans cette période. Ce rétrécissement géographique de l’aire occidentale reflète bien la tendance négative d’une bonne partie de cette période.
  4. Le relèvement culturel et l’expansion territoriale qu’on note dans la dernière partie du Moyen-Âge* (le Bas Moyen-Âge) et dans la Renaissance* ouvre grandes les portes de la dernière phase de la culture occidentale : c’est celle de la phase atlantique, sinon mondiale, qui correspond aux périodes moderne et contemporaine (1492 à aujourd’hui). Cette phase est caractérisée par l’expansion territoriale (résultat des grandes explorations et de la colonisation commencées par Christophe Colomb, mais aussi de conquêtes signalant un aspect agressif de la culture occidentale), des développements technologiques très importants, de grands bouleversements culturels et d’un dynamisme démographique et économique sans précédant. Ces facteurs assurèrent la domination de l’Occident sur le monde dans cette période ainsi que l’expansion de l’aire géographique des cultures occidentalisées, à l’Europe, les deux Amériques (donc au Canada), des parties de l’Afrique, de l’Asie et au continent australien. Aujourd’hui, il n’est personne sur notre planète qui ne soit touché profondément, influencé, sinon dominé, par la culture occidentale.

© 2001 Claude Bélanger, Marianopolis College