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Dernière mise à jour :
2001-10-15

Documents : La culture grecque à l’époque classique

Claude Bélanger,
Département des Sciences humaines,
Marianopolis College.

Bien situés au confluent de l’Europe et du Proche-Orient, les Grecs développèrent une culture qui allait enrichir l’Occident pour deux millénaires. En fait, sous plusieurs aspects, la culture grecque constitua un élément essentiel de la culture occidentale. Ce sont les Grecs, continués par les Romains, qui établirent les caractéristiques de la branche gréco-romaine de la culture occidentale. On a vu, auparavant qu’il s’agit là d’une des deux branches qui donnent à la culture occidentale plusieurs éléments de son originalité.

Nous avons déjà analysé l’héritage politique de la Grèce ancienne dans un chapitre précédent. Nous nous proposons ici d’examiner brièvement la religion, la famille et l’art de la Grèce ancienne de même que le développement de la philosophie. Sur plusieurs de ces points, les auteurs, les artistes et les philosophes de la Grèce ont défini des standards d’excellence qui continuent toujours de nous émerveiller et de nous influencer. Nous conclurons le chapitre en examinant les contradictions inhérentes dans pensée grecque.

La religion chez les Grecs

La religion de la Grèce plonge ses racines dans les mythes anciens qui remontent à l’époque mycénienne, voire minoenne. Une bonne partie des divinités grecques y trouvent leur origine et sont largement véhiculées dans les écrits d’Homère. C’est le cas de Zeus (le père des divinités grecques), Athéna, Héra, Hermès et Poséidon. Ces divinités homériques feront partie du panthéon des divinités olympiennes*. (vérifier la liste des douze divinités olympiennes et examinez le détail de celles nommées ci-haut en cliquant sur leur nom)

La religion et les divinités grecques ont les caractéristiques suivantes :

    1. La religion grecque est polythéiste et comprend un grand nombre de divinités. Elle se situe donc dans le sillage de la tradition polythéiste du Proche-Orient. (Voir ce site pour le détail de ces divinités)
    2. Ces divinités anciennes ont une forme humaine (anthropomorphisme) et des particularités de caractères uniques. (Voir les exemples de Zeus, Aphrodite, Athéna, Poséidon, Hermès ) Elles vivent, en famille, sur le mont Olympe. Cette montagne est la plus élevée de la Grèce (2900m+). De ce point baigné par les nuages, les divinités pouvaient admirer leur royaume. L’anthropomorphisme est important puisqu’il sera exporté vers le Christianisme, alors que le Judaïsme rejetait formellement toute représentation de Dieu, ce qu'il fait toujours, de même que l'Islamisme. Le Christianisme, dont l’origine dans le Judaïsme, tire donc au moins une caractéristique de la religion grecque. (Noter que les Romains continueront aussi à faire des représentations de leurs divinités; cela a sûrement aussi influencé l’attitude des Chrétiens.)
    3. Ces divinités ont les qualités et les défauts des humains; cela faisait dire à Socrate qu’ils étaient sûrement le fruit de l’imagination des humains… (Ces critiques, faites aussi par certains sophistes, lui amenèrent des difficultés.)  Ils sont mariés, ont des maîtresses, sont jaloux, font des colères, sont capables de générosité et d’amour, etc.
    4. Les Grecs croyaient que leurs dieux étaient puissants et immortels. Néanmoins, leur pouvoir réciproque était limité à une branche de l'activité humaine. Par exemple, Poséidon était le dieu de la mer; Dyonisos était le dieu de la vigne, Arès est le dieu de la guerre, Apollon est le dieu de la lumière et de la musique, etc. Leur conception religieuse est donc aux antipodes ce celle des Hébreux qui développèrent la vision* d'un Dieu tout-puissant.
    5. Puisque ces divinités étaient puissantes, elles avaient le pouvoir de contrôler la vie et la destinée des humains. Il était donc important de ne pas les offenser. On pouvait lire dans les événements quotidiens l'action des divinités. Tout événement heureux était interprété comme une faveur venant des dieux tandis que les événements malheureux étaient vus comme une punition divine. Les actions des uns pouvaient avoir des effets néfastes sur les autres. Ainsi, les Athéniens blâmèrent Socrate pour les défaites de la guerre du Péloponnèse parce qu'il aurait insulté les dieux en ne leur témoignant pas tout le respect qui leur était dû. Les dieux se seraient vengés en punissant tous les Athéniens, leur infligeant une cruelle défaite dans la guerre…
    6. On cherchait la faveur des dieux en faisant des offrandes et des sacrifices ou en leur destinant des prières. À des périodes régulières, on organisait aussi un festival ou on jouait des pièces de théâtre, de la musique ou de la danse pour plaire aux divinités. Le festival le plus important de la Grèce était celui des Jeux olympiques. Bien sûr, ces jeux avaient un caractère sportif mais ils étaient aussi une manifestation culturelle et religieuse importante. Ils étaient organisés tous les quatre ans depuis 776anè. Lors de ces jeux, une trêve générale était appliquée à toute la Grèce. Les athlètes et les artistes se rendaient à Olympie pour rivaliser et démontrer leur arêtai. Les compétitions sportives les plus importantes étaient en course, lutte et pentathlon (saut, lutte, javelot, disque et course). Pour en savoir davantage sur les jeux olympiques grecs, vous pouvez visiter ce site.
    7. On cherchait à connaître les désirs des divinités en consultant les oracles. L'oracle est la réponse que fait une divinité à une question qui lui est posée quant au futur. Ces questions sont surtout dirigées vers Zeus et Apollon qui sont réputés connaître l’avenir. La réponse est faite par l'intermédiaire d'une personne, souvent une jeune fille, associée à un sanctuaire. Le mieux connu est l'oracle de Delphes. Là, des prêtresses interprétaient les volontés des dieux pour les Grecs qui venaient les consulter. Les réponses données n'étaient pas toujours limpides et provoquaient parfois de longues discussions et interprétations.
    8. Il n'y avait pas dans la religion grecque de texte sacré, de corps de doctrine précis. Essentiellement, la religion était basée sur des rites, des gestes ou des sacrifices que l'on faisait au temple ou dans l'intimité de sa demeure. Il fallait accomplir ces rites de façon adéquate sinon on risquait d’offenser les dieux et même d’encourir des peines juridiques.
    9. Il n'y avait pas de classe cléricale dans la religion grecque. Les rites étaient faits par les magistrats des poleis et par le chef de famille. Plusieurs jugent que l'absence d’une classe cléricale bien développée donna probablement une plus grande latitude et liberté aux Grecs qu'aux autres peuples. On en déduit que cela aurait favorisé le développement de la démocratie.
    10. Dans la religion grecque, certains cultes sont particuliers (tels les cultes civiques de chaque polis ou associés à une profession tel le culte agraire) tandis que d'autres appartiennent à tous les Grecs (ce sont donc des cultes panhelléniques). La religion est donc un élément que tous les Grecs ont d'une part en commun mais où les particularismes — surtout ceux associés à la polis — peuvent se manifester.
    11. Les femmes jouaient un rôle mineur dans la religion grecque. Bien que certaines divinités étaient féminines et que les oracles se soient manifestées à travers des jeunes filles, en général les déesses féminines n'étaient pas aussi puissantes que les mâles. Les personnages divins dominant sont donc des hommes. Même le pouvoir féminin de procréation pouvait être approprié par les hommes. C'est ainsi que c'est Zeus lui-même qui donna en quelque sorte naissance à Athéna. Sa fille sera toujours une fille fidèle et respectueuse de l'autorité de son père. Cette vision des divinités parallèle ce qu’on trouve dans la réalité quotidienne des Grecs. Elle contraste de façon étonnante avec l’époque paléolithique où les déesses de fertilité dominaient l’univers de la religion.

Hommes, femmes et famille dans la Grèce ancienne

Depuis les transformations du Néolithique, la place des femmes avaient été restreinte dans la société occidentale. Telle fut aussi la situation dans la Grèce ancienne.

En général, les femmes ne contrôlaient pas leur destinée en Grèce. Avant leur mariage, c’était leur père qui prenaient pour elles toutes les décisions. Au moment de leur mariage, cette responsabilité était transférée à leur mari. Sans vraiment exagérer, on pourrait dire que si les Grecs avaient pu se passer des femmes ils l’auraient fait car ils semblent avoir préféré la compagnie des hommes.

La société grecque était marquée par un haut degré de séparation entre les sphères masculines et féminines. Celle de l’homme était la sphère publique, celle de la polis, là où toutes les décisions importantes étaient prises. Celle de la femme était la sphère privée, à l’intérieur du ménage, de la maison familiale. Même en ce lieu, l’autorité paternelle était sans conteste bien qu’elle ne s’exerça pas dans le détail quotidiennement. Chez les plus riches, la résidence familiale reflétait la division des sexes puisque hommes et femmes habitaient des parties distinctes de la maison. Les femmes n’étaient pas libres de leur mouvement. Elles ne pouvaient pas quitter leur foyer familial, sinon dans un but précis — se rendre au temple par exemple —, toujours accompagnées et avec la permission de leur mari. Sinon elles risquaient l’opprobre et le manque de respect de la communauté. En effet, seules les courtisanes et les femmes de mauvaise vie quittaient leur demeure sans être accompagnées.

Le rôle de la femme en Grèce était d’assurer la perpétuation du groupe. C’est donc sa fonction reproductive qui était perçue comme la plus importante bien que son rôle social ait aussi été noté. Dès la naissance des enfants, la mère devait montrer le nouveau-né à son mari pour qu’il puisse décider s’il désirait que l’on garde l’enfant. L’enfant était souvent rejeté s’il avait des défauts physiques, était chétif ou malade, était illégitime ou allait constituer une charge onéreuse pour la famille (sur la question du rejet des enfants avec des défauts physiques on peut lire l’intéressant article par Martha L. Edwards dans The Ancient History Bulletin de 1996). On sait que les filles étaient rejetées plus souvent que les garçons. S’il était rejeté, l’enfant était abandonné sur un lieu public. Parfois, un tel enfant pouvait être recueilli par quelqu’un d’autre. Sinon, la mort s’ensuivait rapidement. La société grecque n’attachait aucun blâme à une telle action. La mort était naturelle et décidée par les divinités.

L’éducation des enfants reflétait déjà les divisions fondamentales entre les sexes dans la société grecque. Les fillettes recevaient rarement une éducation formelle. Elles n’apprenaient donc pas à lire et à écrire à moins d’avoir été élevée dans une famille riche. On leur enseignait surtout à cuisiner, faire les travaux domestiques, tisser les vêtements et gérer adéquatement le ménage. Chez les plus pauvres, là où il n’y avait pas d’esclaves, les femmes participaient aussi aux travaux des champs. Par contre, on donnait une éducation toute différente aux garçons. Ils apprenaient à lire et à écrire et recevaient une éducation physique intense. On s’intéressait à eux et à leur développement. On reconnaît là une structure de relations entre les sexes qui dominera en Occident jusqu'à l'époque contemporaine.

La situation était différente à Sparte. Puisque les hommes étaient habituellement centrés sur les affaires militaires et qu’ils étaient absents pour de longues périodes, les femmes y jouaient un rôle plus actif et important. Les Spartiates recevaient de l’entraînement physique pour qu’elles puissent produire des enfants vigoureux. Elles pouvaient contrôler des biens, contrairement à leurs consœurs du reste de la Grèce où ce n’était habituellement pas le cas, étaient maîtresses de leur foyer. Elles avaient la gestion des propriétés que leur cédait l’état et, en particulier des hilotes. On dit que les femmes du reste de la Grèce enviaient le sort des Spartiates.

Puisque le rôle fondamental de la femme était essentiellement reproductif, le mariage se faisait tôt pour assurer une période plus longue de fertilité active. Dès l’âge de quatorze ans, le mariage était consommé. L’arrangement entre les familles datait souvent de plusieurs années. Le père payait la dot au mari, ce qui dorénavant le libérait de la responsabilité de subvenir aux besoins de sa fille. Jusqu’à la naissance du premier enfant, le père pouvait toujours récupérer sa fille. Le mariage ne pouvait être brisé que par le divorce. Il était facile au mari de divorcer sa femme bien qu’il dût retourner la dot à la famille de la mariée. Au moment du divorce, les enfants devaient rester avec leur père puisque fondamentalement ils étaient « sa possession ». Il était très difficile à la femme de divorcer de son mari; cela n'était que rarement fait.

Les accouchements étaient fréquents et dangereux. La mère risquait sa vie à chaque occasion. Il est donc probable que l’une des grandes causes de mortalité chez les femmes ait été les accouchements répétés. Au moment de la naissance, d’autres femmes aidaient la mère. Chez les plus riches, on utilisait des sages-femmes. À l’occasion de l’accouchement on enduisait les murs de la résidence familiale d’un goudron noir pour éloigner les mauvais esprits.

Il n’est que dans la religion où les femmes jouaient un rôle d’une certaine importance dans la Grèce ancienne. Certains festivals, tel l’haloa célébré pour protéger les semailles, étaient réservés exclusivement aux femmes. Les femmes étaient aussi actives lors de funérailles et y jouaient un rôle important. On a vu aussi plus haut (points 7 et 11) que les femmes avaient une certaine importance dans quelques aspects de la religion grecque. On doit noter que les seules femmes représentées sur des sculptures de l’époque classique était des déesses de la religion grecque.

De façon générale, les Grecs avaient une vision contradictoire des femmes. D’une part, ils les vénéraient comme déesses, les utilisaient dans les sanctuaires, les protégeaient dans le foyer et voyaient en elles des mères nécessaires pour transmettre la citoyenneté et la légitimité. D’autre part, elles étaient jugées inférieures aux hommes, incapables de contrôler leurs émotions et d’agir avec rationalité. Ainsi, le poète lyrique grec, Simonide [556-468], écrivait que Dieu,  ayant d’abord créé les hommes, et n’ayant plus rien à donner aux femmes, choisit parmi les animaux pour donner aux femmes leurs caractéristiques. Aux unes, il aurait donné les talents du singe, aux autres les qualités du renard et à d’autres celles de l’âne! (Pour consulter en entier le poème de Simonide, on peut aller le lire en traduction anglaise par Diane Arnson Svarlien) Simonide ajoute que les femmes sont « avaleuses d’hommes, de leur virilité, de leur force, de leur nourriture, de leur richesse et qu’elles sont les instigatrices de toutes les méchancetés de ce monde. Néanmoins, ajoute-t-il, sans elles la société ne peut survivre. » Pour sa part, Euripide écrit dans Méda : « Si seulement on pouvait avoir des enfants sans avoir recours au sexe féminin! Si les femmes n’existaient pas, la vie humaine serait débarrassée de toutes ses misères. » (Sur Euripide, on peut consulter cette courte biographie) Si l’on en croit ces auteurs, pour les Grecs, les femmes n’avaient de valeur que par leurs fonctions reproductrices.

L’art de l’époque classique grecque

Céramique et statuaire

La fin du Moyen âge grec [c800] vit se succéder rapidement deux périodes dans l'histoire de l'art : la première est appelée la période géométrique parce que la poterie grecque montrait une ou plusieurs formes géométriques qui étaient répétées sur les vases (voir les exemples suivants : premier exemple, deuxième, troisième, quatrième, cinquième). On choisissait des motifs peu variés : des lignes, des triangles, des losanges, des croix gammées. On décrit ainsi la répétition de ces figures géométriques :

Les mêmes figures peuvent être utilisées sur le même vase dans plusieurs zones, mais l’artiste alors s’est arrangé pour les présenter différemment et changer leurs proportions. Des compositions de ce genre sont souvent remarquables par la façon dont les éléments s’harmonisent, et l’on admire la sûreté du calcul qui a présidé à la répartition des registres, on reste confondu qu’un répertoire si pauvre donne une telle impression de variété, on n’est pas moins étonné devant cette horreur du concret, ce refus de s’inspirer d’éléments fournis par la nature, en un temps où les poèmes homériques célèbrent au contraire la vie sous toute ses formes. (Histoire de l’Art de l’école du Louvre, Histoire de l’art grecque : Ages obscurs, période proto-géométrique et géométrique, 1184-700)

La deuxième, que plusieurs jugent plus intéressante, est appelée la période orientalisante [700-600anè]. À cette époque, alors qu'un grand nombre de Grecs ont émigré vers des zones de colonisation comme l'Asie mineure et la Mer Noire, ils sont venus en contact avec des Orientaux et les Égyptiens. Les Grecs furent impressionnés par les créations de ces Orientaux et ramenèrent vers la Grèce une foule d’objets qui leur serviront d’inspiration. Or, les Orientaux représentaient fréquemment des animaux (tels les lions, panthères ou sphinx) sur leurs œuvres d’art. En conséquence, les vases, urnes et amphores grecs montrent un foisonnement d'animaux durant cette période. C’est alors que les animaux remplacent souvent les humains ou les dieux comme sujet principal des œuvres d'art des Grecs. Ces animaux sont représentés en série sur diverses strates (ou registres) de la poterie (premier exemple; deuxième exemple; troisième exemple; quatrième exemple; autre exemple ou ici.). Plusieurs de ces poteries nous viennent de Corinthe, grande ville commerçante de l’époque. 

On sait aussi que les Égyptiens et d'autres cultures du Proche-Orient ne faisaient pas toujours de distinctions formelles entre le genre animal et le genre humain (premier exemple; deuxième exemple; troisième exemple : Sekhmet, dernier exemple : Anubus, le gardien des tombeaux des pharaons.). Ainsi, ils pouvaient représenter un humain avec une tête d'animal (ou une tête humaine avec un corps d'animal) et ils faisaient des représentations artistiques d'animaux très fréquemment. Les Grecs furent influencés par ces conceptions artistiques, bien qu’ils utilisaient des thèmes tirés de la mythologie grecque (voir cette poterie qui représente un Minotaure; cette autre où l’on voit un autre exemple de confusion entre les espèces; le centaure est aussi représenté; autre exemple d’un centaure peintre.). Donc, la poterie grecque de cette période refléta surtout cette influence orientale.

Le style plus typiquement «grec» se développa à partir de la fin du VIIième. Les influences étrangères de la période précédente sont évacuées. Les sculpteurs et les architectes grecs développèrent un style particulier qui atteindra toute sa splendeur à l'époque classique [450-350anè]. Ce sont dans les domaines de la statuaire et de l'architecture que les Grecs montrèrent le plus de créativité. À toutes les époques on a imité leurs œuvres. Cette influence fut particulièrement importante à l'époque romaine et durant la Renaissance.

Quels sont les traits distinctifs de cet art grec de l'époque du classicisme?

    1. C'est d'abord un art centré sur les divinités. La religion et la mythologie sont des sources majeures de l'inspiration des créateurs grecs. Les Grecs voulaient plaire à leurs divinités en les reproduisant. La riche mythologie grecque rendait disponible un vaste répertoire de sujets à représenter.
    2. On représentait aussi les êtres humains. La sculpture grecque reflète bien leur vision philosophique de se centrer sur l'humain, de vouloir tout mesurer à l'aulne de l'humain (maxime grecque de Protagoras : «L'homme est la mesure de toutes choses»). La céramique grecque renforce cette impression de centralité de l’être humain par ses multiples représentations de scènes de vie courante ( exemple, deuxième exemple, troisième exemple, quatrième exemple, dernier exemple). Au début de la période classique, les sculpteurs représentaient souvent leur sujet appuyé sur la jambe gauche (autre exemple, dernier exemple) avec un pli sur la jambe droite. Cela donnait une impression de mouvement et nous aide à distinguer ces œuvres de périodes plus anciennes où le sujet est plus droit et figé (autre exemple).
    3. Ce qu'on représentait principalement était des hommes. On n'en sera pas surpris puisque les mâles dominaient les cieux et l'univers grecs. Ceux-ci sont habituellement représentés nus. On couvrait au moins partiellement la nudité des femmes (autre exemple) Chez les femmes, la nudité était associée à un statut social inférieur. (Exemple de sculpture de femme partiellement dénudé.). Pour les Grecs, le corps humain était beau et méritait qu'on le représente dans toute sa splendeur. Les Grecs étaient habitués à la nudité, surtout celle des hommes. On choisissait les modèles en fonction des critères de l'époque : ils devaient être jeunes, beaux, dignes, bien proportionnés et musclés, reflétant la vitalité et la force. Ces sculptures sont idéalisées et ne sont pas un bon reflet de la réalité puisque celle-ci était beaucoup plus variée.
    4. On utilisait surtout la pierre pour les sculptures. En sculptant un bloc, on voulait donner une impression d’équilibre, de proportion et de mouvement. On cherchait peu à refléter de fortes émotions et à varier les sujets; mais il était important de bien les intégrer dans l'environnement.

Architecture

Le développement de l’architecture grecque est intimement lié à celui de la sculpture. Comme la statuaire avait fréquemment pour motif la représentation de divinités il fallut développer l’architecture. Grâce au climat doux de la Grèce, les temples n’avaient pas pour but de contenir les fidèles venus prendre part à des cérémonies, comme le font nos églises aujourd’hui. Chez les Grecs, les cérémonies et sacrifices se faisaient à l’extérieur. Le temple avait pour but de servir de résidence permanente à la divinité qui y était honorée.

Avant le VIième siècle, les temples avaient été construits sur un terrassement de pierre avec des murs en brique et des colonnes qui supportaient un toit léger fait de bois. C’est le remplacement de ces matériaux par la pierre et le marbre qui révolutionna l’architecture grecque.

Dans le but de donner une allure plus majestueuse à leurs temples, les Grecs les surélevèrent sur un socle de pierre et installèrent 3 ou 4 marches pour y donner accès. On construisit ensuite un portique pour entourer le centre du temple, le sanctuaire, qui contenait la statue de la divinité. Autour du portique s’étalait une colonnade dont le but était de soutenir le toit de pierre. Ce toit avait une légère inclinaison et la façade supérieure (la frise) était décorée de statues de marbre ou de pierre.

Généralement le temple était construit sur un plan rectangulaire qui donnait, selon le goût de l’époque, une impression de majesté, d’équilibre et de rationalité. Cette impression était accentuée par l’environnement puisque ces temples étaient construits sur des collines dominantes.

Pour avoir une bonne idée du plan structural des temples grecs, voir les images suivantes :

Parthenon
Temple de Jupiter à Athènes
Différents temples grecs
Opisthodomos (temple dorique)
Développement du plan des temples
de l’époque mycénienne à l’époque classique de la Grèce

Ce document, en français, contient le plan de sept différents temples grecs.

Le trait distinctif des temples grecs était, sans contredit, la colonnade, la présence de si nombreuses colonnes. Elles donnent aux temples grecs un aspect massif, une solidité à toute épreuve, ce qui explique qu’après plus de deux millénaires il en reste toujours des vestiges impressionnants. Leur but est de soutenir la partie supérieure de l’édifice. Comme le toit était pesant, il fallait multiplier les colonnes.

On distingue deux grands ordres de colonnades chez les Grecs : le dorique et l’ionique. À l’époque hellénistique, un troisième ordre sera développé : le corinthien. Dans tous les cas, ces colonnes sont effilées, c’est-à-dire qu’elles ont une base large, allant s’amincissant vers le haut. Elles sont aussi rainurées pour corriger l’aspect de sévérité que donne la pierre lisse. Finalement, les colonnes ne sont pas parfaitement parallèles pour corriger l’imperfection visuelle naturelle et qu’ainsi elles apparaissent plus plaisantes au regard.

L’ordre dorique est ainsi décrit dans le cours d’histoire de l’art de l’école du Louvre :

Le premier est caractérisé par une colonne assez épaisse, striée de 20 cannelures verticales, reposant directement sur une plate-bande continue (stylobate) et supportant un chapiteau très simple formé d’une échine que domine un tailloir carré. Celui-ci supporte à son tour une poutre pétrifiée, l’architrave, elle-même surmontée d’une frise formée de l’alternance de triglyphes et de métopes. Le triglyphe est un bloc sur lequel se détachent en relief trois baguettes verticales; la métope est le panneau de remplissage entre deux triglyphes. Au-dessus de la frise est la corniche, et l’ensemble de ces trois éléments constitue l’entablement qui sert de point d’appui à la charpente d’un toit à double versant.

Un autre site, en anglais, décrit plus simplement l’ordre dorique de cette manière :

Of the three columns found in Greece, Doric columns are the simplest. They have a capital (the top, or crown) made of a circle topped by a square. The shaft (the tall part of the column) is plain and has 20 sides. There is no base in the Doric order. The Doric order is very plain, but powerful-looking in its design. Doric, like most Greek styles, works well horizontally on buildings, that's why it was so good with the long rectangular buildings made by the Greeks. The area above the column, called the frieze [pronounced "freeze"], had simple patterns. Above the columns are the metopes and triglyphs. The metope [pronounced "met-o-pee"] is a plain, smooth stone section between triglyphs. Sometimes the metopes had statues of heroes or gods on them. The triglyphs are a pattern of 3 vertical lines between the metopes. (Charlotte-Mcklenburg Landmarks Commission, Dictionary, Doric Order)

Exemple de colonne dorique; deuxième exemple; troisième exemple; quatrième exemple; cinquième exemple (en anglais). Le Parthénon d’Athènes est un exemple spectaculaire de l’utilisation du dorique (première image; deuxième image; troisième image, image d’une reconstruction du Parthenon d’Athènes). Pour voir le Parthénon dans son contexte environnemental de l’Acropole, voir ce site ou cet autre. Un deuxième exemple d’un temple d’Athènes ayant utilisé des colonnes de style dorique est le Hephaisteion que l’on voit ici sur sa façade et sur le flanc gauche.

L’ordre ionique est décrit de cette façon (cours d’art de l’école du Louvre, L’époque archaïque) :

Dans l’ordre ionique, la colonne, plus grêle et striée de vingt-quatre cannelures, repose sur une base formée d’une pile de disques et aboutit à un chapiteau qui s’étale en volutes. L’architrave est faite de deux ou trois plates-bandes qui se surplombent en légère saillie; elle est surmontée d’un bandeau continu qui tient lieu de frise.

La description donnée au site de la Commission Mcklenburg est encore plus précise et claire :

Ionic shafts were taller than Doric ones. This makes the columns look slender. They also had flutes, which are lines carved into them from top to bottom. The shafts also had a special characteristic: entasis, which is a little bulge in the columns make the columns look straight, even at a distance [because since you would see the building from eye level, the shafts would appear to get narrower as they rise, so this bulge makes up for that - so it looks straight to your eye but it really isn't !] . The frieze is plain. The bases were large and looked like a set of stacked rings. Ionic capitals consist of a scrolls above the shaft. The Ionic style is a little more decorative than the Doric. (Charlotte-Mcklenburg Landmarks Commission, Dictionary, Ionic Order)

Exemples de colonnes ioniques : premier (en anglais); deuxième (U.S. Capitol); troisième; quatrième (avec terminologie en français); cinquième (aussi avec terminologie en français). L’Erechthion  est un temple de l’ordre ionique ainsi que le temple Athena-Nike d’Athènes.

L’ordre corinthien ne sera utilisé qu’à la période hellénistique; on en trouve plusieurs exemples dans l’Empire romain. La colonne corinthienne est amincie et est plus ornée que celle de l’ordre ionique. On la reconnaît facilement car son chapiteau est couvert de feuilles d’acanthe. Il est décrit ainsi dans le dictionnaire de la Commission Charlotte-Mcklenburg (Corinthian Order) :

The Corinthian order is the most decorative and is usually the one most modern people like best. Corinthian also uses entasis to make the shafts look straight. The Corinthian capitals have flowers and leaves below a small scroll. The shaft has flutes and the base is like the Ionian. Unlike the Doric and Ionian cornices, which are at a slant, the Corinthian roofs are flat.

Exemples de colonnes corinthiennes: premier (avec terminologie en anglais); deuxième; troisième (exemple romain); quatrième (Cour suprême américaine); cinquième.

Pour se renseigner davantage sur les divers ordres de colonnades dans l’architecture grecque, on peut consulter ce site.

A suivre : l’histoire et la philosophie à l’époque classique.

© 2002 Claude Bélanger, Marianopolis College