Quebec History Marianopolis College


Date Published:

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Université Laval

Québec

 

[Cet article a été rédigé en 1952. La source est indiquée à la fin du texte]

 

L'Université Laval a été fondée en 1852 par le Séminaire de Québec à qui, l'année précédente, les évêques canadiens, réunis à Québec pour le premier concile provincial, avaient demandé de faire les sacrifices nécessaires pour une pareille entreprise. Le Séminaire ne voulut pas se dérober aux responsabilités qu'on le priait d'accepter, et pour rappeler et honorer son propre fondateur, il donna à l'Université nouvelle le nom de Laval.

 

La Charte royale qui donnait à l'Université son existence officielle et sa personnalité civile fut signée à Londres par Sa Majesté la reine Victoria le 8 décembre 1852. L'année suivante, le 6 mars 1853, le Souverain Pontife Pie IX, par un bref apostolique, accorda à l'Archevêque de Québec le pouvoir de conférer les degrés en théologie aux étudiants ecclésiastiques de l'Université. Ce ne fut toutefois qu'en 1876 que Rome octroya à l'Université Laval sa charte pontificale et lui donna par la bulle « Inter varias sollicitudines » l'érection canonique.

 

En 1876, conformément à une décision de la Sacrée Congrégation de la Propagande, l'Université Laval établit à Montréal, sous le nom de « Succursale » des chaires subsidiaires de ses facultés de Québec. Bien des raisons motivaient cette décision, entre autres, la grande distance qui sépare les deux villes empêchait bon nombre d'élèves de fréquenter Laval.

 

Le 2 février 1889, le bref « Jamdudum » apporta à la Succursale une plus grande indépendance de Québec. Enfin, le 8 mai 1919, à la demande de Nos Seigneurs les Archevêques et Évêques de la Province ecclésiastique de Montréal, la Sacrée Congrégation des Séminaires et Universités autorisa la Succursale de Montréal à se constituer en Université indépendante et, le 14 février 1920, la Législature de la province de Québec donna l'existence civile à l'Université de Montréal. De ce jour-là, la Succursale de l'Université Laval à Montréal devint l'Université de Montréal.

 

Le 8 septembre 1936, la Sacrée Congrégation des Séminaires et Universités approuva les statuts de l'Université Laval rendus conformes à la constitution « Deus scientiarum Dominus » et aux règlements annexés à cette constitution, et en prescrivit l'observation fidèle.

 

L'Université Laval doit sa naissance et son existence au Séminaire de Québec, et comme le déclare la Sacrée Congrégation des Séminaires et Universités, il n'y a pas à s'étonner que ces deux Institutions, bien que complètement distinctes, soient tellement unies entre elles qu'on ne puisse les séparer. Cette union est reconnue en terme exprès dans la Charte royale de Londres, et le Saint-Siège, dans la Bulle canonique d'érection de l'Université, n'a voulu s'y opposer en aucune façon. Elle permet au Séminaire d'apporter à l'Université un secours qui lui est nécessaire, en administrant ses biens et en participant à son administration

 

L'Université Laval fut fondée sur le modèle des universités françaises. Comme la plupart de ses sours de France, elle n'eut à l'origine que quatre facultés, celles de Théologie, de Droit, de Médecine et des Arts. La Faculté des Arts embrassait tout ce qui n'était pas théologie, droit et médecine. On y enseignait les arts proprement dits, mais plus spécialement les lettres et les sciences. La Faculté des Arts demeura intacte jusqu'en 1937. À cette époque, à cause d'additions considérables et souvent répétées, ses cadres craquaient de toutes parts. On créa donc les Facultés des Lettres et des Sciences. La Faculté des Arts conserva les Écoles de Commerce, de Pharmacie, de Musique, de Sciences hospitalières, l'enseignement classique des garçons et des jeunes filles du premier degré (High School) et du second degré, l'enseignement ménager et le cours Lettres-Sciences. Pour le nombre des écoles, des élèves et des diplômes, elle restait encore la première faculté.

 

.Les Facultés des Lettres et des Sciences avaient reçu une organisation régulière en 1921, mais sous forme d'Écoles spéciales de la Faculté des Arts, après la grande campagne de souscription de 1920, qu'on appela « Aide à Laval » et qui rendit possible leur création. Quand elles devinrent facultés en 1937, on adjoignit à la première, l'École des Langues modernes et l'École normale supérieure (section des Lettres) et à la seconde, l'École supérieure d'Agriculture, l'Institut biologique du Saint-Laurent, l'École d'Arpentage et de Génie forestier, l'École normale supérieure (section des Sciences) et l'École des Mines qui venait d'être fondée, grâce à une subvention très généreuse du Gouvernement de la province de Québec.

 

Deux ans auparavant, en 1935, pour répondre à un besoin pressant, pour se rendre aussi au désir des Congrégations romaines, l'Université avait créé les Facultés de Philosophie et de Droit canonique. La première existait déjà sous le nom d'Institut supérieur de Philosophie. Elle eut une filiale au printemps de 1938: l'École des Sciences sociales, politiques et économiques. Cette École est devenue la Faculté des Sciences sociales le 1er décembre 1943.

 

Le 16 avril 1940, l'Université créa une Faculté d'Agriculture.

 

Le 3 mai 1940, l'Université étendit à toutes les facultés l'École des Gradués qu'elle avait établie l'année précédente pour la Faculté des Sciences. Cette école comprend tous les gradués qui sous la direction des professeurs de ces facultés, préparent des thèses ou font des travaux de recherches en vue de la maîtrise ou du doctorat.

 

Le 18 septembre 1942, l'École de Pharmacie était rattachée à la Faculté des Sciences et le 12 mars 1943, la Faculté de Médecine prenait sous sa direction les écoles d'infirmières.

 

En mai 1943, l'Université créait une École de Pédagogie rattachée à la Faculté des Arts. En septembre 1945, elle élevait au rang de faculté l'École d'Arpentage et de Génie forestier en même temps qu'elle ouvrait l'Institut de Physiologie à la Faculté de Médecine. En novembre 1946, elle créait l'Institut d'Histoire et de Géographie. L'École Supérieure de Commerce, qui était depuis 1931 une école affiliée à l'Université Laval, devenait en 1947 l'École de Commerce de l'Université Laval, attachée à la Faculté des Sciences sociales et en novembre 1952, la Faculté de Commerce.

 

Enfin, en 1951, s'ouvrait une École de Technologie Médicale rattachée à la Faculté de Médecine.

 

L'Université a donc aujourd'hui onze facultés comprenant un grand nombre d'écoles; elles étendent leurs ramifications dans les trois degrés de l'enseignement et recrutent leurs élèves dans toutes les provinces du Canada et dans plusieurs états de la république voisine. Quelques-uns viennent même du Mexique, des Antilles, de l'Amérique du Sud, d'Europe et d'Asie.

 

Le nombre des élèves a beaucoup augmenté depuis 1920. Il dépasse aujourd'hui [1952] 16,000, si l'on compte, avec les étudiants réguliers de l'Université, les élèves des cours du soir, des cours d'été, de l'École des Langues modernes, de l'Enseignement ménager, de l'Enseignement secondaire classique et moderne, du cours Lettres-Sciences.

 

Un plus grand nombre de facultés et d'élèves posa le problème du logement. Il serait trop long d'énumérer les constructions nouvelles et les agrandissements que firent les hôpitaux universitaires, les collèges et les couvents affiliés à l'Université Laval. Qu'il suffise de dire que l'on a presque doublé l'École de Médecine, que l'on a construit l'École des Sciences, l'École de Droit, l'École de Commerce et celle des Lettres, la Station du Saint-Laurent et l'École des Mines et de Géologie devenue trop étroite et que l'on a aménagé l'École des Sciences Sociales, l'École de Musique, l'École de Pédagogie et d'Orientation, l'École des Sciences domestiques, l'Institut de Physiologie, le Cercle des Étudiants et le Pavillon Mgr Vachon.

 

L'Université n'a rien épargné pour fournir à ses professeurs et à ses élèves les meilleurs moyens de travail. De vastes laboratoires abondamment pourvus de tous les appareils nécessaires, des bibliothèques qui s'enrichissent chaque année de plusieurs centaines de volumes et de revues invitent à l'étude et aident aux travaux de recherches.

 

Les professeurs de Laval (professeurs titulaires, agrégés et auxiliaires) sont environ 750. Ce nombre ne comprend pas ceux qui enseignent dans les Maisons affiliées, et qui se chiffrent à plusieurs centaines.

 

Les cours d'été fondés en 1938 n'ont cessé de progresser et d'étendre la bonne réputation de l'Université Laval, en attirant chaque année à Québec plus d'un millier d'étudiants. Plus de la moitié de ces étudiants sont des étrangers à la Province de Québec.

 

Depuis plusieurs années, l'Université manque d'air et d'espace pour accueillir tous les étudiants et élever sans cesse le niveau de son enseignement. C'est pourquoi l'on décida en 1948, de construire sur les hauteurs de Sainte-Foy, près de Québec, une Cité universitaire digne de la haute mission de Laval et propre à favoriser son expansion et son rayonnement On organisa à cette fin la grande souscription de «L'Aide à l'Université Laval ».

 

Quelques-uns des grands projets sont déjà concrétisés ou en voie de réalisation. L'immeuble de la Faculté d'Arpentage et de Génie forestier de même que celui de la Faculté de Commerce sont construits sur le site de la Cité universitaire et sont maintenant occupés. Les travaux d'aménagement du vaste terrain qui constituera le campus de l'Université sont commencés et l'érection du centre médical, École de Médecine et Hôpital universitaire, est à se réaliser.

 

En 1952, Laval célébrait le centenaire de son érection civile par Sa Majesté la Reine Victoria.

 

L'Université a voulu que ces célébrations fussent avant tout, comme il le convenait, des manifestations intellectuelles. De fait, il s'est tenu à l'Université durant l'année, 62 congrès de sociétés savantes et culturelles groupant au moins 15,000 participants. A l'occasion des fêtes principales du mois de septembre, l'Université recevait 380 délégués représentant officiellement 218 universités et 140 institutions d'enseignement ou sociétés culturelles.

 

M. R. Bourget-Pailleron avait donc raison de dire dans un article de la Revue des Deux Mondes , livraison de septembre : « L'élite intellectuelle du monde entier, en la personne des membres des corps enseignants et de ceux des compagnies les plus éminentes des divers pays, se groupa donc trois jours durant autour des prélats et des professeurs de la première université française d'Amérique.

 

Des manifestations religieuses publiques et des évènements artistiques ont laissé à cette occasion des souvenirs inoubliables.

 

Tous ces évènements tendaient à mettre en évidence le thème choisi pour la célébration du centenaire : « L'Université au service de la nation ».

 

Recteur : Mgr Ferdinand Vandry, P.A.

 

Source : Vedettes, 1952. Le fait français au Canada , Première édition, Montréal, Société nouvelle de publicité, 1953, 717p., pp. 536-538.

 

 
© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College