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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Sir Frederick Haldimand
HALDIMAND (Sir Frederick) (1718-91), cadet, lieutenant, capitaine, lieutenant-colonel, brigadier, major-général, gouverneur général, chevalier du Bain.
La famille était originaire de Thun, en Suisse. L'ancêtre, Honnête Gaspard, alla s'établir, le 1er avril 1671, à Yverdon, petite ville située au nord de Lausanne. Il avait quatre garçons, François-Louis, Barthélemi, Jean-Louis et Gaspard. L'aîné eut aussi quatre fils, Emmanuel, Frederick, Jean-Abraham, François-Louis, et une fille du nom de Justine.
Frederick naquit, le 11 août 1718, à Yverdon, où son père exerçait la profession de notaire (1728-37). A l'âge de 15 ans, l'adolescent entra comme cadet dans l'armée de Charles-Emmanuel de Sardaigne; à 22 ans, il fut promu lieutenant (1740). L'année suivante, il servait dans les rangs de Frederick Le Grand à la bataille de Mollwitz : il l'appelait dans la suite : « Mon vieux maître. »
En 1750, avec son compatriote et ami, Henri Bouquet, Frédérik passa au service de la Hollande avec le grade de capitaine-commandant. A La Haye, Joseph Yorke, ambassadeur britannique, distingua la valeur des deux Suisses et les désigna au duc de Cumberland pour servir en Amérique, durant la guerre de Sept Ans; en 1754, ils acceptèrent l'offre, à condition de posséder les mêmes grades dans le Royal American. Le 15 juin 1756, Haldimand débarquait à New-York et reçut une commission de lieutenant-colonel dans le régiment commandé par lord Loudoun. Il alla en garnison à Philadelphie; puis, comme officier recruteur, à Albany en septembre, en Géorgie et dans les Carolines, dans la suite.
En 1758, Haldimand est mis à la tête d'un bataillon destiné à la campagne du Canada. Il fut blessé légèrement à la défaite des Anglais à Carillon; puis, il alla hiverner au fort Edouard ou Lydius dont il reçut le commandement. Au printemps, il dirige ses troupes sur Oswego (Chouaguen) et y triomphe d'une attaque dirigée par Saint-Luc de la Corne. A l'assaut du fort Niagara, le lieutenant-colonel cède le pas à sir William Johnson. A son retour à Oswego, il entreprit d'y rebâtir des block-houses et s'occupa de cultiver des plantes potagères pour ses troupes. Au mois d'août 1759, il contribua, près des Rapides, à la prise du fort Lévis. Mais au Long-Saut, quatre soldats périrent, le 1er septembre; et, le 4, devant les Cèdres et aux Cascades, 46 canots ou chaloupes vinrent à chavirer et 84 soldats furent noyés. En approchant de Montréal, Haldimand eut ordre de se rendre maître de l'une des issues de la ville. Après la capitulation, il exigea la remise des drapeaux britanniques pris durant le conflit; ainsi que celle des drapeaux français, que M. de Lévis avait déjà brûlés. Le colonel séjourna deux ans à Montréal sous les ordres du général Gage.
En mai 1762, Haldimand remplaça Ralph Burton aux Trois-Rivières : il se fit aussitôt naturalisé à Londres. Il s'occupa tout de suite à activer l'exploitation des forges du Saint-Maurice, sur lesquelles il a laissé des documents intéressants. II divisa son gouvernement en quatre districts, Champlain et la Rivière-du-Loup (Berthier) sur la rive nord, Saint-François et Gentilly sur la rive sud. Chaque centre possédait une Cour de litige, présidée par un capitaine de côte et composée d'officiers. En mars 1763, Burton revint le relever de son poste temporaire. Haldimand devint colonel. Au mois d'octobre, fait gouverneur titulaire, il s'empressa de prohiber le commerce des fourrures avec les Sauvages d'en haut. Il favorisa l'agriculture avec énergie, fit la recrue d'une centaine de volontaires dans la guerre de Pontiac et se plaignit au ministre des excédents de dépenses personnelles dans ses fonctions. Comme sa santé se trouvait ébranlée, il sollicita un congé en Europe.
En 1765, il fut promu au rang de général de brigade et fut transféré, l'année suivante, au commandement militaire de la Floride, où il demeura six années. De 1773 à 1775, il succéda à son ami, le général Gage, comme commandant en chef à New-York; alors on le rappela à Londres pour exposer ses vues sur l'état des Treize Colonies. Le 28 octobre 1772, on l'avait nommé colonel-commandant du 2 e bataillon du 60 e d'infanterie; le 25 mai 1773, major-général des troupes en Amérique; le 29 août 1775, lieutenant-général; le 1 er janvier 1776, général en chef. Son séjour en Europe dura trois ans.
Le 18 septembre 1777, Haldimand fut appelé à succéder à Carleton, en qualité de gouverneur du Canada. Il débarqua à Québec, le 30 juin, et reçut un accueil enthousiaste (1778). Son administration dura six ans et fut marquée par beaucoup de difficultés. Elles provenaient de l'état des esprits, au lendemain de l'Invasion américaine, de la propagande des émissaires qui franchissaient les frontières, de l'adhésion en hommes et en armes de la France à la guerre de l'Indépendance et des éclatants succès de la flotte française. La situation justifiait les appréhensions et commandait la vigilance du gouverneur, qui n'avait guère la souplesse, ni la dextérité d'un officier civil. Il devint soupçonneux sans motifs et il usa d'actes arbitraires. Son premier souci fut d'organiser par Halifax une ligne de bâtiments rapides avec la métropole, de dresser les plans de défense à la citadelle de Québec, aux redoutes du Cap-Diamant, au fort de Sorel, de renforcer les garnisons de tous les postes éloignés.
Puis il eut recours aux arrestations, aux emprisonnements, aux détentions prolongées, sans aucune forme de procès. Certains citoyens, comme l'imprimeur Fleury Mesplets, l'avocat Jotard, François Cazeau, Boyer Pilon, Pierre du Calvet, avaient commis des actes de déloyauté, mais réclamèrent en vain un jugement et une procédure régulière. Les historiens ont exagéré le nombre des détenus politiques. En 1783, le gouverneur expulsait deux Sulpiciens français qui, à peine arrivés au port, durent aussitôt se rembarquer à bord d'un vaisseau de guerre. La collection dite de Haldimand renferme, le 25 octobre 1780 par exemple, des éloges constants en faveur des Canadiens; bien qu'elle exprime aussi des craintes relativement à leur loyauté.
Le gouverneur a soutenu le premier rôle dans le maintien de l'Acte de Québec, dans la réconciliation du Vermont avec la Couronne britannique, dans l'établissement des Loyalistes au Canada. Sous lui, le Conseil exerça son pouvoir législatif en adoptant bon nombre d'ordonnances, dont la plus importante était celle de la judicature. Elle divisait la Province en deux districts, Québec et Montréal, ayant leur Cour des Plaidoyers communs, une Cour d'appel, composée du gouverneur en conseil. Une autre ordonnance instituait des règles de procédure, introduisant en matière commerciale la preuve selon le droit anglais. Une troisième créait une Cour criminelle tenue par le juge en chef, et des Cours de quartiers aux sessions trimestrielles. L'âge de majorité était fixé à 21 ans au lieu de 25; et l'Habeas Corpus fut aussi reconnu comme procédure.
L'administration de Haldimand prit fin dans l'automne de 1784 : il avait obtenu un congé et partit en novembre pour Londres, où il demeurait gouverneur titulaire. Les lieutenants-gouverneurs Hamilton et Hope exercèrent successivement les fonctions de chefs de l'exécutif; en attendant la nomination de Carleton, en 1786.
M. Haldimand visitait souvent Yverdon, où vivaient ses parents et ses amis : il y mourut le 5 juin 1791. En 1785, il avait été créé chevalier du Bain. La teneur de son testament accuse une fortune assez considérable. Il y fait « un legs de 800 livres suisses à la paroisse Saint-Georges de Hanovre, ma paroisse ».
Sa volumineuse correspondance, « Collection de Haldimand », commencée en 1758, et continuée, jusqu'en 1785, a été cédée par ses héritiers au British Museum, où le gouvernement canadien en a fait transcrire le texte entier; elle fut offerte en 1857 par son neveu, M. W. Haldimand. Source: Louis LE JEUNE, "Sir Frederick Haldimand", dans Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. 1, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 862p., pp. 730-732.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |