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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Samuel de ChamplainSeptième voyage au Canada
[Ce texte a été rédigé par Louis-Marie Le Jeune, o.m.i.; il fut publié dans son Dictionnaire en 1931. Pour la citation exacte, voir la fin du texte. Pour une courte biographie du Père Le Jeune et une discussion de la valeur de son Dictionnaire, voir ce texte.]
X. Septième voyage : Honfleur aux Allumettes (1613). - La Compagnie, comprenant Rouennais et Malouins, est en voie de s'organiser : en attendant, liberté du trafic pour tous les ports de France, mais seulement au-dessous de Québec et moyennant un passeport signé du vice-roi. Le 6 mars, avec le sieur Lange, Champlain s'embarque à Honfleur sur le voilier de Dit Pont-Gravé. Le 29 avril, l'on est en vue de Tadoussac, où le camp d'indigènes se meurt de faim : un vieux Sauvage reconnaît Champlain à la cicatrice de son oreille. Entrée au port le 1er mai : deux vaisseaux malouins se présentent, partis avant que la commission fut publiée; les sieurs de la Monnerie et de la Tremblaye, répondent qu'ils obéiraient à Sa Majesté. Le 7, on accoste à Québec; le 21, à la Place-Royale de Montréal, où l'on traite avec les AIgonquins.
Astrolabe de Champlain. Datant de 1603, cet instrument fut perdu par Champlain en 1613, lors de son voyage où il remontait le cours de l'Outaouais. L'astrolabe fut retrouvée en 1867. Instrument très ancien, l'astrolabe permettait au navigateur de déterminer sa latitude et, ainsi, de mesurer la distance parcourue.
Avec quatre Français et un guide indigène, Champlain se décide à remonter l'Ottawa. Du Vigneau est du nombre, revenant dé France, où il a faussement affirmé qu'il avait vu la Mer Douce (lac Supérieur) et la Mer du Nord (baie d'Hudson). Le parti franchit, le 29, le lac Saint-Louis, « où se déchargent trois rivières, l'une venant de l'Ouest (le Saint-Laurent supérieur), l'autre du Sud (le Châteauguay), l'autre aussi vers le nord (l'Ottawa) »; puis un petit saut - entre île Perrot et l'île Montréal, rivière de Brucy dans quelques cartes. - Le dernier mai, l'on pénètre dans le lac Soissons (Deux-Montagnes), où il y a quelques îlots, et un saut d'une lieue et demie (Long-Saut), le courant faisant un bruit effroyable. Le 2 juin, on aperçoit 15 canots dans une rivière (Pointe-à-l'Orignal) et l'on vint à une autre (Petite Nation). Le 4, on découvre une rivière (la Gatineau) coulant du Nord, peu large et remplie de sauts difficiles à passer; à son embouchure, une autre tombe du Sud par une chute admirable de 34 pieds (le Rideau). A une lieue de là, un saut descend de six à sept brasses : « les Sauvages l'appellent Asticou, qui veut dire Chaudière »; et l'on entre dans un lac (Deschênes) de 5 lieues de long et de deux de large, où il y a de fort belles îles. Le 5, la route conduit à un grand saut (rapide des Chats) où les roches « égratignent les canots» et où l'eau roule en talus de 10 à 12 brasses de haut et où se décharge une rivière (Madawaska) venant du Sud. A six ou sept lieues dans les terres, il y a des cyprès rouges, dont Champlain fit une croix qu'il planta avec les armes de France au promontoire de l'île Sainte-Croix. Le 6, on passe un saut (Chenaux) et on fait un portage (Portage-du-Fort). Là eut lieu grande contestation entre les Sauvages et se dévoila l'imposture de Du Vigneau, lequel cherchait des difficultés pour dégoûter Champlain de l'entreprise : celui-ci était chargé de trois arquebuses, d'autant d'avirons, de son capot et de petites bagatelles. Il perd son astrolabe qui a été retrouvé en 1867, au comté Renfrew. Ayant franchi un lac (Rat musqué), il arriva à un camp de Sauvages agriculteurs. Le chef Nibachis fit équiper deux canots pour les mener chez Tessouat dans l'île du lac des Allumettes - ainsi nommé en 1686, où un Jésuite avait laissé choir «une boîte d'allumettes qu'il portait pour faire du feu. » Le vieux chef que Champlain a connu à Tadoussac, en 1603, lui fait un cordial accueil. Toutefois, il se refusa par intérêt à seconder le projet des Français dans la poursuite du voyage. Avant de rebrousser chemin, l'explorateur plante une croix de cèdre en signe de prise de possession de la contrée. Le 10 juin, il promit au chef de revenir l'an prochain, avec tout un équipage pour aller en guerre.
Tessouat lui bailla son fils pour l'accompagner avec 40 canots chargés de fourrures. Dans le trajet, 40 autres les rejoignent. Ainsi la traite à la Place-Royale est fructueuse, pour tous les trafiquants et se prolonge jusqu'au 27 du mois.
A Tadoussac, le sieur de Maisonneuve, de Saint-Malo, offre à Champlain, le 3 juillet, le passage à son bord, et entre à ce port le 26 août. L'explorateur y vit les marchands, « auxquels il remontra qu'il était facile de faire une bonne Association pour l'avenir à quoi ils se sont résolus, comme ont fait ceux de Rouen ». En effet, le 14 novembre 1613, le vice-roi obtint le monopole au-dessous de Québec jusqu'à Matane, pour l'espace de onze années. Toutefois les affaires retiennent Champlain en France en 1614.
Retour à la page de la biographie de Champlain [On pourra consulter l'abondante biographie de Champlain au site du Dictionnaire biographique du Canada pour compléter et mettre à jour la biographie du père Le Jeune. On trouvera aussi des informations pertinentes au site de l'Encyclopédie du Canada. Les lecteurs ayant une bonne connaissance de l'anglais pourront aussi consulter la biographie rédigée par Daughty à la Catholic Encyclopedia. Les lecteurs sérieux pourront consulter le texte intégral des Oeuvres de Champlain au site de la Société Champlain.] Source : LE JEUNE, L., « Champlain (Samuel de) », dans Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. 1, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 862p., pp. 351-352.
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© 2004
Claude Bélanger, Marianopolis College |