Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Décembre 2004

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Samuel de Champlain

Douxième voyage et mort

 

 

[Ce texte a été rédigé par Louis-Marie Le Jeune, o.m.i.; il fut publié dans son Dictionnaire en 1931. Pour la citation exacte, voir la fin du texte. Pour une courte biographie du Père Le Jeune et une discussion de la valeur de son Dictionnaire, voir ce texte.]

 

XVIII. Douzième voyage : mort de Champlain (1633-35). - Le 13 février 1633, Champlain signe un acte notarié de la cession à sa femme de tous ses biens, escomptant peu un retour en France. Le 1er mars, sa commission de lieutenant est renouvelée, sur le refus du commandeur de Razilly de lui succéder en Nouvelle-France. Le soin de fréter trois navires est délégué par les Cent Associés à une Compagnie particulière le commandement confié au capitaine Bochard-Duplessis, qui va embarquer 200 colons des deux sexes. Champlain a suggéré que les émigrants fussent choisis au sein de familles catholiques de moeurs irréprochables. Le 23 mars, la flottille appareille à Dieppe pour rentrer en rade de Québec le 23 mai. Elle comprend le Saint-Pierre, 150 tonneaux, 12 canons, 82 personnes entre autres une femme et deux filles, commandant Grégoire; le Saint-Jean, vice-amiral de 160 tonneaux, 10 canons, 75 hommes, capitaine Pierre de Nesle; le Don-de-Dieu, 85-95 tonneaux, 6 canons, 40 personnes, capitaine Michel Morrieu. Le sieur Emery est aussitôt relevé de ses fonctions intérimaires et s'éloigne du Canada, « les mains liées avec des chaines d'or », la mémoire entachée d'opprobre. Selon M. Salone, « les Huguenots ont fait pis que de mériter, à un moment donné, d'être chassés du Canada. Ils l'ont eu entre les mains et ils n'en ont rien fait ».

 

Tout est à créer de nouveau. Pour accomplir un voeu Champlain fait ériger une petite église sous le vocable de Notre-Dame-de-Ia-Recouvrance, puisqu'il venait de recouvrer sa colonie, y plaçant la statue de Marie retirée des débris du naufrage du Père Noyrot. Son activité se signale en tout : défrichement, installation des colons, culture, constructions, poste avancé à l'embouchure de la rivière des Iroquois. En 1634, il charge M. de La Violette d'élever un fortin aux Trois-Rivières, restaure les fortifications et promulgue des règlements de police. Les Jésuites retournent en Huronnie, refont leur résidence, ouvrent un collège en 1635. Les émigrés affluent, surtout du Perche et de la Normandie. La Nouvelle-France devient enfin une réalité. Dans une lettre du 15 août 1635 à Richelieu, Champlain expose l'invasion anglaise au bas Saint-Laurent, la nécessité de maintenir la paix entre les tribus, les relations commerciales des Iroquois avec les Européens, l'urgence de protéger les développements certains de la colonie par la présence de 120 hommes « armés à la légère » et unis à 4,000 alliés sauvages, l'assurance des progrès religieux, « le tout pour la gloire de Dieu ». Richelieu, diverti ailleurs, ne songea point à exécuter ce programme, malgré l'avertissement de 1629.

 

Signature authentique de Champlain

 

Au commencement d'octobre 1635, le Père de la Nouvelle-France est frappé de paralysie : il se réfugie dans la plus chrétienne résignation. Le 25 décembre, il rend son âme à Dieu. « Sa mort a été remplie de bénédiction » (Relat . de 1635). Le Père Le Jeune prononça l'oraison funèbre. Il annonça au peuple que « Antoine Bras-de-Fer de Châteaufort, chevalier de Malte, est proclamé gouverneur provisoire, en vertu de lettres préalables, confiées à ses soins par les directeurs des Cent Associés ». Par son contrat de mariage, célébré à Paris, le 27 décembre 1610, Champlain donnait à sa femme, si elle lui survivait, la jouissance de tous ses biens. Durant sa maladie, perclus des bras, il était incapable d'écrire un testament olographe, exigé par la coutume de Paris. Sur les conseils du sieur de La Ville, greffier de Québec, il s'avisa de suivre l'usage des pays de droit romain et d'appeler sept témoins mâles et pubères pour signer avec lui. Dans ce testament, rédigé par La Ville, il écarta les clauses de son contrat matrimonial : il légua à la chapelle de Notre-Dame de Recouvrance tout le mobilier qu'il avait à Québec, 3,000 liv. placées dans les fonds de la Compagnie des Cent Associés, plus 900 livres dans la Compagnie particulière, et enfin 400 livres mises en réserve, déclarant instituer la Vierge Marie pour son héritière.

 

Sa veuve ne souleva aucune opposition contre ce testament, qui fut homologué par le Prévôt des marchands à Paris, le 11 juillet 1637. Mais une cousine germaine, Marie Camaret, épouse de Jacques Hersant, contrôleur des traites foraines et domaniales de La Rochelle, contesta sa validité devant les tribunaux, comme n'étant pas conforme à la coutume de Paris et parce qu'il instituait la Vierge Marie pour héritière. L'avocat général Bignon, retenant le premier grief, demanda la déclaration de nullité : la Cour du Châtelet s'y conforma par sentence, le 15 mars 1639.

 

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[On pourra consulter l'abondante biographie de Champlain au site du Dictionnaire biographique du Canada pour compléter et mettre à jour la biographie du père Le Jeune. On trouvera aussi des informations pertinentes au site de l'Encyclopédie du Canada. Les lecteurs ayant une bonne connaissance de l'anglais pourront aussi consulter la biographie rédigée par Daughty à la Catholic Encyclopedia. Les lecteurs sérieux pourront consulter le texte intégral des Oeuvres de Champlain au site de la Société Champlain.]

Source  : LE JEUNE, L., «Champlain (Samuel de) », dans Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada , Vol. 1, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 862p., pp. 357-358.

 

 

 

 
© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College