Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Décembre 2004

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Samuel de Champlain

Capitulation de Québec, 1629

 

 

[Ce texte a été rédigé par Louis-Marie Le Jeune, o.m.i.; il fut publié dans son Dictionnaire en 1931. Pour la citation exacte, voir la fin du texte. Pour une courte biographie du Père Le Jeune et une discussion de la valeur de son Dictionnaire, voir ce texte.]

 

XVI. Capitulation de Québec (1628-29). Aussitôt la lutte est déchaînée entre Richelieu et les Huguenots français. Les De Caen ont des amis calvinistes à Dieppe, les Kirke. Ceux-ci, engagés dans une compagnie de Londres, s'emparent de la flotte de l'amiral de Roquemont. David Kirke envoie une sommation à Champlain.

 

Celui-ci répond : « Livrer l'habitation en l'état où nous sommes maintenant, nous ne serions pas dignes de paraître hommes, devant notre roi et mériterions un châtiment devant Dieu.» Le vainqueur abandonna son entreprise en raison des 14 bâtiments déjà pris et des 900 prisonniers à bord. Champlain, isolé et dénué de vivres, s'arme contre les extrémités de la famine, installant un moulin à bras et à eau pour broyer pois et blé d'Inde, échangeant les pelleteries du magasin pour des anguilles, envoyant à la recherche de racines comestibles.

 

En France, Richelieu averti des événements fait armer six vaisseaux confiés à M. de Razilly, le 18 février 1629; mais le 29 avril, l'Angleterre signe la paix de Suse , ce qui dispense des préparatifs destinés à Québec. Emery se rend à Gaspé, où il remet, le 6 et le 13 juillet, les ravitaillements au beau-frère de Champlain : il est trop tard, car le 17, arrivent à Québec douze canots hurons avec les missionnaires d'en-haut; et le 19, paraît en aval la chaloupe des Kirke avec le drapeau blanc, apportant la sommation et assurant le lieutenant et les siens « de toutes sortes de courtoisie, d'une composition honnête et raisonnable. Seul au fort avec son serviteur et les petites Sauvagesses adoptées, Espérance et Charité, Champlain répond, par l'entremise du Père La Roche d'Aillon, qu'il se voit forcé de composer et qu'il règlera les articles le soir même : ils statuaient que les Français optant pour le départ seront transportés en Angleterre; que les soldats auront habits et robe de castor et les Religieux livres et robes, mais que les deux Sauvagesses ne sauraient s'expatrier.

 

Le lendemain 20 juillet, Louis Kirke prend possession de l'habitation, du fort, du reste de la colonie. Ne pouvant se résoudre à considérer la conquête comme définitive, le lieutenant avise un quart de colons, 21 personnes, à rester sur leurs propriétés, sauf à opter pour la France en 1630. Des employés de magasin les imitent de plein gré. Mais les interprètes Brûlé et Marsolet se vendent au vainqueur à prix d'argent. Le 22, Louis Kirke consent à délivrer au vaincu une copie de l'inventaire du matériel du fort et des meubles de l'habitation, des fourrures emmagasinées. Le gouverneur confie les clefs aux deux transfuges « à un nommé Le Bailli, natif d'Amiens et à Pierre Reye, de Paris, charron ». Il permet de célébrer une dernière messe le 24, sauf à ravir ensuite et à profaner le calice. L'exode eut lieu le même jour. Quelques heures après, rencontre de la patache d'Emery De Caen, allant chercher le castor des magasins : le flibot de Thomas Kirke accroche son beaupré, tandis que la patache pointe ses quatre pièces et couche 20 Anglais sur le tillac; l'abordage allait s'opérer terrible et désespéré, quand une voix calviniste de l'Hélène demande quartier. Emery se constitue prisonnier, mais il apprend à Champlain la conclusion probable de la paix (V. Bull. des Rech. hist ., 1922).

 

Séjour des prisonniers à Tadoussac, du­rant plusieurs semaines et lamentable fin de Jacques Michel, huguenot dieppois et contre-amiral de David Kirke : celui-ci est chargé d'insultes et d'avanies. L'amiral voulut visiter Québec, d'où il revint content de ce qu'il y avait vu. Avec emportement, il refuse aux catholiques la prière publique à terre et à bord, car il y avait son ministre calviniste. Le 14 septembre seulement, la flotte anglaise lève l'ancre et relâche à Plymouth le 20 octobre. Huit jours après, les prisonniers s'embarquent pour la France, tandis que Champlain, débarqué à Gravesend, se rend à Londres afin de renseigner M. de Châteauneuf, ambassadeur de France (29 octobre). La campagne des Kirke a raflé 19 voiliers français. Mais, phénomène inattendu, et alors inconnu : à quatre reprises successives (2, 10, 31 octobre et 17 novembre 1629), les De Caen ont l'âme assez basse pour incriminer Champlain lui-même et les Cent Associés de la perte de Québec et de la colonie, devant l'amirauté de Dieppe. (V. Ch. de la Roncière; Hist. de la Mar. fr., t. IV.)

 

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[On pourra consulter l'abondante biographie de Champlain au site du Dictionnaire biographique du Canada pour compléter et mettre à jour la biographie du père Le Jeune. On trouvera aussi des informations pertinentes au site de l'Encyclopédie du Canada. Les lecteurs ayant une bonne connaissance de l'anglais pourront aussi consulter la biographie rédigée par Daughty à la Catholic Encyclopedia. Les lecteurs sérieux pourront consulter le texte intégral des Oeuvres de Champlain au site de la Société Champlain.]

Source  : LE JEUNE, L., « Champlain (Samuel de) », dans Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. 1, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 862p., pp. 356-357.

 

 

 

          

 

 
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