Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Décembre 2004

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Samuel de Champlain

Premier voyage : Cadix à Panama, 1599-1601

 

 

[Ce texte a été rédigé par Louis-Marie Le Jeune, o.m.i.; il fut publié dans son Dictionnaire en 1931. Pour la citation exacte, voir la fin du texte. Pour une courte biographie du Père Le Jeune et une discussion de la valeur de son Dictionnaire, voir ce texte.]

 

II. Premier Voyage: Cadix à Panama (1599-1601). - En même temps, l'armée navale, qui a mandat d'aller tous les ans aux Indes, s'appareillait à Barrameda, où arriva le seigneur Dom Francisque Colomb, chevalier de Malte, pour être général de l'expédition, lequel résolut de prendre le Saint-Julien au taux d'un écu par mois par tonneau, soit 500 écus. Champlain s'en réjouit : d'autant que son oncle, retenu par Dom Zubiaur pour servir ailleurs, lui commit la charge du vaisseau.

 

La flotte fit voile au commencement de janvier 1599, reconnut les îles Canaries, passa par le golfe des Dames et était, en deux mois, en vue de la Désirade, à l'est de la Guadeloupe où il y a de bons ports et des Sauvages; ensuite des îles Vierges, de Sainte-Marguerite, enfin elle accoste à Porto-Rico, l'une des grandes Antilles, désolée par le pillage des Anglais et par l'incendie des maisons de la ville San Juan; les Anglais l'avaient abandonnée depuis quinze jours. Champlain a consigné les détails de l'invasion et décrit la flore et la faune de l'île. Au bout de trente jours de relâche, le général fractionne son escadre en trois flottilles : celle du Saint-Julien est composée de trois navires, de trois pataches, et prend la direction du Mexique. Chemin faisant, elle aborde à Porto Platte de Saint-Domingue, où elle s'empara d'un bâtiment français et força un autre à « aller se briser à terre », à Manzanillo et Moustique : elle alla ensuite mouiller l'ancre en rade de Monte-Christo. Là, l'amiral espagnol tenta de prendre treize vaisseaux anglais, français et flamands (hollandais), mais sans succès. La flottille longe ensuite le littoral méridional de Cuba, reconnaît les Caïmans, puis les îles de la Sonde, « canal où il faut l'avoir toujours en la main, lieu dangereux et très poissonneux », enfin accoste a Saint-Jean-de-Luz, premier port de la Neuve-Espagne et muni d'une bonne forteresse avec 200 soldats. Quinze jours après, Champlain se rend au Mexique (Mexico), « ne se pouvant voir ni désirer un plus beau pays que ce royaume »; il décrit la flore de ces régions, ajoutant que la ville compte environ 15,000 Espagnols, six fois plus d'Indiens, un grand nombre de nègres esclaves; il énumère les riches mines d'or et d'argent, les arbres à fruits et à teinture, à sucre et à huile, les animaux terrestres et aquatiques, venimeux ou comestibles, à laine et à fourrures, les bois de construction, de menuiserie ou d'ébénisterie, les indigènes et leurs croyances, leurs moeurs et leurs coutumes, leur évangélisation par les missionnaires, leur vie sédentaire ou nomade : rien ne semble étranger à son talent d'observation. Revenu à Saint-Jean, au bout d'un mois, il s'embarque pour Porto-Bello, « terre mauvaise et la plus méchante demeure qui soit au monde, où il pleut presque toujours »; puis, ayant franchi 17 lieues jusqu'à Panama, affirmant de l'isthme que, « si ces quatre lieues étaient coupées, l'on pourrait venir de la Mer du Sud (Océan Pacifique) en celle de deçà (Océan Atlantique); et que, par ainsi, l'on accourcirait le chemin de plus de 1,500 lieues; et que, depuis Panama jusques au détroit de Magellan, ce serait une île, et jusques aux Terres-Neuves une autre île : de la sorte l'Amérique serait en deux îles ». Exacte prévision du percement du canal de Panama, aujourd'hui réalisé.

 

Un mois se passe, et il revient à Saint-Jean, « où l'on fit carène aux voiliers pour aller à la Havane », en vingt jours d'ouragan furieux. De là, il monte une patache et se rend à Carthagène (Colombie), où il séjourne un mois et demi. La Havane est, à son sentiment, l'un des plus beaux ports des Indes, ayant l'entrée fort étroite. Après quatre mois s'effectue le retour de la flotte par le canal de Bahama, par les Bermudes - erreur de Champlain, car elles sont situées à 1,000 milles au Nord de Cuba. Enfin l'on touche aux Açores et la flotte entre dans la rivière de Séville, « où fut l'achèvement du voyage, auquel il demeura, tant par terre que sur mer, deux ans et deux mois ».

 

Le manuscrit original du récit de Champlain, avec dessins, gravures et planches, est conservé à la bibliothèque John Carter Brown à Providence (Rhode Island). M. H. P. Biggar en a publié et traduit en anglais le texte dans le premier volume de son édition des OEuvres de Champlain, en cours d'impression à Toronto. Il est intitulé : Brief discours des choses les plus remarquables que Samuel Champlain de Brouage a reconnues aux Indes occidentales, au voyage qu'il y a fait (115 feuilles et 62 dessins).

 

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[On pourra consulter l'abondante biographie de Champlain au site du Dictionnaire biographique du Canada pour compléter et mettre à jour la biographie du père Le Jeune. On trouvera aussi des informations pertinentes au site de l'Encyclopédie du Canada. Les lecteurs ayant une bonne connaissance de l'anglais pourront aussi consulter la biographie rédigée par Daughty à la Catholic Encyclopedia. Les lecteurs sérieux pourront consulter le texte intégral des Oeuvres de Champlain au site de la Société Champlain.]

Source  : LE JEUNE, L., « Champlain (Samuel de) », dans Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada , Vol. 1, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 862p., p. 343.

 

 

 

          

 

 

 

 

 

 
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