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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Jean Verrazzano
VERRAZZANO (Jean) (1486-1528), navigateur et explorateur au service de François 1er et des Compagnies.
Il naquit à Florence vers 1486 d'une famille distinguée. Avec son frère Jérôme, il suit à Dieppe Jean Ango, qui s'attacha à la fortune des Médicis, expulsés de la capitale toscane, pour avoir fait bon accueil à Charles VIII en 1494. D'autres compatriotes nobles se fixèrent à Lyon comme négociants en soieries. En 1523, ils forment un syndicat ou compagnie dans le dessein de découvrir par le pôle nord le passage au Cathay ou la Chine, pays de la soie.
Un premier voyage est organisé en mai 1523 et le départ a lieu du Havre, le 23 juin, avec quatre vaisseaux, qui se dirigent par la mer du nord vers la Moscovie; chassée par la tempête des côtes de la Scandinavie, la flottille redescend vers le chemin de l'Armorique avec deux bâtiments seulement. De là, le capitaine Verrazzano se porte sur les Açores; puis, laissant la Normande de Jean Ango, il s'élance en plein océan avec la Dauphine. Antoine de Conflans en est le pilote et l'équipage compte 50 hommes résolus : on est au 17 janvier 1524.
En vingt-cinq jours, on accoste en Floride, découverte par Ponce de .Léon en 1512. A 150 lieues à l'ouest, on aborde à la région actuelle du New-Jersey. Verrazzano donna à une île (Long Island) le nom de Louise, en mémoire de la mère du roi; les aborigènes, hommes et femmes, montés dans une vingtaine de canots, acclament les explorateurs. Le 6 mai, la Dauphine est rendue au 50° de latitude nord, à la Terre des Bretons ; puis, elle gouverne vers l'ouest et entre en rade de Dieppe, le 8 juillet. François 1er se montre émerveillé du récit de l'expédition.
Jérôme Verrazzano, habile cartographe, rédigera en 1529 le dessin topographique des pays visités : c'est la Gallia Nova - ou Nouvelle-France - et la nomenclature des lieux est florentine-française; le littoral américain est la Francesca avec Valle Umbrosa, l'Annunziata, Certosa, San Miniato, Orto de Rucelaï, qui alternent avec Dieppa, Anaflor (Honfleur), Longavilla (Louis d'Orléans, duc de Longueville), Auguleme - Angoulême, maison du roi, - Normanvilla, îles Luisa et Boniveto (Bonnivet, amiral de France). Puis viennent les jours de fête et les noms des saintes du calendrier romain.
Ainsi la Nouvelle-France est créée, au moins de nom; la liberté des mers est acquise dans les eaux de l'Atlantique, en dépit des privilèges exclusifs des Hispano-Lusitaniens; la voie est jalonnée à des découvreurs prochains; la Cour, la noblesse, les marchands sont mis en effervescence par l'espoir de succès plus satisfaisants : seuls sont déçus les actionnaires de Lyon, de Rouen, de Dieppe. Non découragé, Verrazzano implore du roi, à la fin de son récit, bienveillance et subsides pour une nouvelle excursion.
Un deuxième voyage est projeté en 1526. Les armateurs ne font point défaut : Alonce de Civille, vicomte de Rouen, arme deux vaisseaux, Simon Le Gras de Troyes deux autres, « pour l'entreprise d'un voyage en certaines îles inconnues ès Indes ». Sur le point d'appareiller, le capitaine reçoit contre-ordre du roi : la patrie est déclarée en danger et l'ennemi range les côtes picardes et normandes. Comme la flottille de Verrazzano est appelée à le combattre, on opère sur le Trésor le remboursement des armateurs. Mais soudain Henri VIII, qui a débarqué à Calais, signe la paix avec la France.
Ango s'empresse de patronner son ami Verrazzano, ainsi que le Génois Pierre Despinolles, et Prud'homme général des finances normandes, et Godefroy, bourgeois rouennais, et l'amiral de Chabot, récemment promu. Le 11 mai, Verrazzano donne procuration à son frère et à Rucelaï, et le lendemain à Adam Godefroy, pour veiller à ses intérêts. De ce voyage il n'existe aucune relation; on augure que l'explorateur refit le même itinéraire. Cependant la carte de Maggiolo, qui était de l'expédition, publiée en 1527, donne pour la première fois le dessin des plages et des côtes de l'Amérique, à partir du Labrador jusqu'au détroit de Magellan.
Un troisième voyage s'effectue en 1528. Verrazzano reprend la mer, fort bien informé par la publication récente (1526) du voyage de ce Portugais (Fernando Magellan), autour du monde (1520-22). Il s'attache à suivre la même route. Mais sur le trajet, au Rio de la Plata, il est surpris à terre par les Indiens dans une reconnaissance, massacré et dévoré par ces cannibales, sous les yeux des marins du bord.
BIBL. - H. P. .Biggar, The Early Trad. Co. of N. Fr., Toronto, 1901; Ch. de la Roncière, Hist. de la Marine fr., t. III, Paris, 1906; Bull. des Rech. hist ., Beauceville, 1925.
[On consultera avec profit, pour mettre à jour les connaissances sur Verrazzano, la biographie de Verrazzano au Dictionnaire biographique du Canada et celle de l'Encyclopédie du Canada.]
Source : LE JEUNE, L., « Jean Verrazzano », dans Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada , Vol. 2, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 829p., p. 777.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |