Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Février 2007

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Histoire de la littérature canadienne-française

Critique d'art

[Ce texte a été publié en 1954. Pour la référence bibliographique précise, voir la fin du document.]

 

Peut-on dire que les arts : architecture, sculpture, peinture, musique, sont cultivés en Canada ? Ceux qui soutiennent que la littérature canadienne-française est inexistante répondront sans doute par un non catégorique. Mais les quelques volumes parus ces dernières années prouvent ipso facto que la critique d'art, comme l'art sous ses différents aspects, a des représentants au pays.

En 1918 parut à Montréal une revue d'art, Le Nigog, dont le but était d'amener les lecteurs canadiens à la connaissance de la production artistique contemporaine : architecture, littérature, musique. Cette revue ne dura qu'un an.

JEAN CHAUVIN a livré au public un volume intitulé Ateliers (1929), où il a groupé des études sur vingt-deux peintres et sculpteurs canadiens avec des reproductions de leurs oeuvres. Le livre manifeste chez l'auteur un goût discipliné ainsi qu'une remarquable compétence.

JEAN-MARIE GAUVREAU, actuellement (1931) directeur de l'École du Meuble à Montréal, a fait un stage de trois ans à l'École Boulle de Paris, école d'art appliqué, spécialisée dans les industries de l'ameuble­ment.

Dans son ouvrage Nos Intérieurs de demain (1929), il expose l'im­portance du mobilier dans la vie et étudie les formes qu'il affecte chez nous depuis quelque 30 ans. Il suggère ce que l'on devrait faire dans le Québec pour l'amélioration du mobilier et l'organisation d'une école d'ébénisterie. Son livre est illustré de reproductions de meubles modernes.

Artisans du Québec (1940) nous parlent des arts domestiques et de l'artisanat, que l'auteur s'emploie à faire revivre «sur un plan modernisé et amélioré». Il connaît « les multiples ressources, les aptitudes nom­breuses qui dorment chez tant de Canadiens français. Il s'agit de les découvrir, de les éveiller, de les mettre en jeu ». Pour convaincre le lecteur, il montre à l'oeuvre de véritables artisans, soucieux d'acquérir une habile technique et de donner à leurs oeuvres un cachet bien canadien.

M. Gauvreau a écrit un beau et bon livre, aussi intéressant par la matière qu'il contient que par les 80 illustrations hors-texte qui l'en­richissent; c'est là un acte de sain patriotisme.

MGR OLIVIER MAURAULT a consacré un de ses volumes Marges d'Histoire à l'Art au Canada (1929). Le livre se termine par une conclusion des plus optimistes : « Il est donc vrai de dire que les arts — musique, architecture, sculpture et peinture — ont un bel avenir au Canada. Le talent y abonde. Le XXe siècle y verra sans doute éclore des chefs-d'oeuvre » (page 308).

MGR ÉMILE CHARTIER, dans son ouvrage La Vie de l'esprit, a réservé un chapitre d'une vingtaine de pages à la culture artistique, de notre peuple, culture héritée de la France. Il prouve, par des faits, que « dans tous les domaines de l'art, l'ancienne colonie conserve encore, après plus d'un siècle et demi de séparation, les traditions que lui avait léguées la mère-patrie ».

MAURICE GAGNON, attaché honoraire des Musées nationaux de France, professe l'histoire de l'art dans quelques établissements d'en­seignement secondaire ainsi qu'à l'École du Meuble à Montréal. Dans. Peinture Moderne (1940), M. Gagnon « cherche à préciser en quel lieu et à quel moment elle prit naissance, quelles en furent les causes, les innovations et partant les conventions contre lesquelles elle s'érigea, quelles en sont les qualités. Puis l'analyse de ses erreurs, de ses défauts prendra place » (p. 36). En sept chapitres, l'auteur étudie les différentes écoles de peinture moderne ainsi que la peinture religieuse. Les deux dernières pages du chapitre VII sont un commentaire intelligent, très juste et d'un grand sens chrétien, de la phrase de Pie X, alors patriarche de Venise : « Je veux que mon peuple prie sur de la beauté. » Le volume est enrichi de 56 illustrations en hors-texte.

GÉRARD MORISSET, attaché honoraire des Musées nationaux de France, directeur de l'enseignement du dessin dans la province, membre de la Société royale du Canada, a voulu, ainsi qu'il le dit dans un de ses volumes, jeter « un simple coup d'oeil sur l'évolution du goût dans la province de Québec ». Il a publié : Les Arts au Canada français, Peintres et Tableaux I et II (1936 et 1937), Coup d'oeil sur les Arts en Nouvelle-France (1941) et quelques brochures : François Ranvoyzé (1942), Philippe Liébert (1943), Évolution d'une pièce d'argenterie (1943), Les Eglises et le Trésor de Varennes (1943), Paul Lambert dit Saint-Paul (1945), L'Architecture en Nouvelle-France (1949).

ÉMILE FALARDEAU a fait paraître : Un Maître de la peinture (1937), Artistes et Artisans du Canada (1940).

LÉO-POL MORIN (1892-1941), pianiste et musicographe, a réuni ses chroniques musicales en un volume intitulé Papiers de Musique (1930). Cet ouvrage, artistique par sa substance et son expression littéraire, se recommande encore par sa valeur documentaire et historique.

EUGÈNE LAPIERRE, directeur du Conservatoire national de Musique, a publié La Musique au Sanctuaire (1932), qui traite de la musique et du chant dans les offices liturgiques. L'auteur veut « renouer à la Tradition, c'est-à-dire à un passé glorieux et fécond en discipline artistique, notre époque décadente, restaurer le bon goût, sinon la décence, aux tribunes où nous avons accès le dimanche » (page 222). Pourquoi la Musique (1933) est écrit pour prouver que la musique a une valeur en soi, qu'il existe une musique canadienne et des musiciens canadiens-français de grand talent, bien qu'ils soient toujours méconnus de leurs compatriotes. La biographie de Calixa Lavallée (1936) est un hommage à la mémoire de notre musicien national, dont M. Lapierre dit qu'il fut un précurseur. « L'hymne national, il a mérité de l'écrire par toute une vie d'efforts dans le même sens, une vie d'une admirable unité d'aspirations » (page 207).

M. Lapierre est critique musical au Devoir (1950) et secrétaire de la Faculté de Musique de l'Université de Montréal (1950).

LE PÉRE ALFRED BERNIER, s.j. a écrit un fort volume de plus de 300 pages sur Saint Robert Bellarmin, de la Compagnie de Jésus, et la Musique liturgique (1939) où il expose avec maîtrise et conviction sincère l'oeuvre providentielle et pleine d'esprit pratique accomplie par ce Cardinal humaniste du XVIe siècle dans le domaine de la musique liturgique et du chant grégorien.

Le Père Alfred Bernier, docteur en musique de l'Institut pontifical de Musique sacrée de Rome, a été nommé doyen de la Faculté de Musique que vient de fonder (1950) l'Université de Montréal.

 

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Source: SŒURS DE SAINTE-ANNE, « Critique d’art », Histoire des littératures française et canadienne, Lachine, procure des Missions Mont Sainte-Anne, 1954, 602p., pp. 512-515.

 
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