Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juillet 2005

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Histoire de la Louisiane française

Chapitre XIV

Les dernières années

(1761-1769)

 

Le 29 décembre 1761, M. de Choiseul, ministre de la Marine, nommait M. Abbadie directeur général et commandant pour le roi en Louisiane. Fait prisonnier en mer, le mandataire ne fut remis en liberté qu'au mois d'août 1762. Le 3 novembre suivant, Louis XV, en prévision de la perte inévitable de la Floride pour l'Espagne, cédait par une convention secrète « en entière possession, purement et simplement, sans exception, à sa Majesté Catholique et à ses successeurs, à perpétuité, toute la contrée connue sous le nom de Louisiane, de même que la Nouvelle-Orléans et l'île où elle est située ». Ce mot île désignait le territoire délimité à l'ouest par le Mississspi. Le traité de Paris (10 février 1763) renferme une clause « qui abandonnait à l'Angleterre toute la rive gauche du fleuve, à l'exception de « l'île de la Nouvelle-Orléans ». Cette île prétendue était la terre ferme bornée au nord par la rivière Iberville, déversoir fort évasé du fleuve, et par les lacs Maurepas, Pontchartrain, Borgne. Toutefois la cession de la rive droite, faite le 3 novembre 1762, ne fut rendue publique que le 21 avril 1764.

 

Le 16 mars 1763, M. Abbadie est renvoyé à la Nouvelle-Orléans, cette fois à titre de liquidateur royal des affaires de la Louisiane. La Mobile fut occupée par les troupes anglaises le 22 octobre 1764, et le fort de Chartres des Illinois, le 10 octobre 1765. Partie en février précédent, une expédition de quelques colons et de 360 soldats commandés par le major Loftus, fut mise en déroute par une trentaine de Chactas et de Tonicas embusqués près de la Roche-à-Davion sur le fleuve : une décharge tua 6 Anglais, et le convoi regagna, sans tirer un seul coup, la Nouvelle-Orléans.

 

L'Espagne accepta sans grand enthousiasme le cadeau de Louis XV, attendant jusqu'au 5 mars 1766 pour en prendre possession. En 1768, les citadins de la Nouvelle-Orléans se rebellaient contre sa domination, et le gouverneur Don Ulloa dut, s'éloigner. Une sorte de « République » française se forma et administra la ville, l'espace de neuf mois. Mais, le 13 août 1769, le général O'Reilly y débarque avec trois bataillons fort paisiblement : et les représailles d'O'Reilly furent sanglantes et injustifiées. Il pria le Canadien M. Saint-Ange de Bellerive de conserver le commandement des forts de la rive droite : le drapeau français flotta encore jusqu'en 1770 à Sainte-Geneviève (Missouri).

 

Au traité de Versailles (3 septembre 1783), Londres rendait à Madrid la Floride et la partie de la Louisiane française, comprise entre le Mississipi et le Rio Perdido : ce fut la Floride occidentale. Les Espagnols, du reste, secondés de trois navires français, avaient pris la Mobile et Pensacola (14 mars 1780).

 

Le 27 juin 1796, l'Espagne se décida à rétrocéder sa Luisiana à la France; mais le Directoire y mit des exigences. Le 1er octobre 1800, Charles IV signa un traité « préliminaire » qui resta secret pendant deux ans; l'ambassadeur d'Espagne remit officiellement la Louisiane à l'Empereur, le 25 octobre 1802, huit jours après la signature du traité d'Amiens. La rupture de ce traité empêcha la prise de possession; et Bonaparte, prévoyant qu'il ne pourrait ni l'occuper, ni surtout la conserver, se décida à la vendre aux Etats-Unis, moyennant une indemnité de 80 millions [monnaie française; $15,000,000 monnaie américaine]: convention signée à Paris le 30 avril 1803, ratifiée à Washington le 21 octobre suivant. Le drapeau français avait flotté dix jours à la Nouvelle-Orléans (30 nov.-10 déc. 1803).

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Source  : Louis LE JEUNE, "Histoire de la Louisiane française : les dernières années", dans Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada , Vol. 2, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 829p., pp. 189-190.

 

 
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