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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Sir Georges - Etienne Cartier
[Texte d'une conférence prononcée par l'abbé Élie Auclair au Monument National, à Montréal, le 19 mai 1912. Pour la référence exacte, voir la fin du texte.] MESDAMES ET MESSIEURS,
Il y aura demain - le 20 mai - trente-neuf ans révolus depuis la mort de Sir Georges-Etienne Cartier. On se prépare, pour l'automne de 1914, à célébrer de façon grandiose le centenaire de naissance de cet illustre Canadien. Et le comité du centenaire, dans le but évidemment de populariser l'idée de cette célébration, après nous avoir fait entendre, le mois dernier, une conférence, qui fut si goûtée, de Sir A.-B. Routhier, à l'Université Laval, a voulu, ce soir, commémorer la date de la mort de Sir Georges, en invitant quelques hommes publics à vous parler de lui encore, dans cette belle salle de notre Monument National.
Je suis tout confus qu'on ait pensé à moi, et j'imagine volontiers que plus d'un, parmi vous, se demande pourquoi je suis ici. C'est très simple. J'ai commis une imprudence, et le comité que préside mon ami M. Villeneuve, me la fait expier. Dans ce monde ou dans l'autre, Mesdames et Messieurs, il faut toujours expier les imprudences que l'on commet. Quand, il y a quelques mois, ces messieurs m'ont invité, avec des centaines d'autres sans doute, à prêter mon modeste concours à l'oeuvre projetée du monument Cartier, j'ai répondu par une lettre : « Oh! oui, de toute mon âme, car de Sir Georges-Etienne Cartier, depuis longtemps, j'en ai plein le cour ». On m'a pris au mot, et me voilà.
S'il y a un coin de notre pays où la mémoire de Cartier soit en particulière vénération, c'est sans doute celui qui l'a vu naître, Saint-Antoine-sur-Richelieu, et c'est là, je pense, qu'il conviendra de porter en ex-voto la maquette du superbe monument que nous lui élèverons à Montréal. Or, parce que j'ai là, à Saint-Antoine, plusieurs générations de mes ancêtres maternels qui dorment au champ du repos à côté de ceux du grand homme, et que même par alliance ma famille est apparentée à la sienne, j'ai eu souvent l'occasion de vivre quelques beaux jours d'été sur les bords de cette jolie rivière Richelieu que Sir Georges aimait tant et où son souvenir revit d'une façon, me semble-t-il, plus touchante qu'ailleurs.
A l'âge où je faisais ma rhétorique, à cet âge où l'on rêve d'avenir, j'ai bâti plus d'une fois mon château d'Espagne sur les bords du Richelieu, là où « les paysages sont aussi variés que charmants » - nous racontait M. le juge Routhier - sur ces tranquilles rives, où « les villages échelonnés, comme épris d'une mutuelle admiration, se saluent trois fois par jour du haut de leurs clochers » ... Plus d'une fois, en réalité, j'ai refait le trajet du village à la maison où est né Cartier le 6 septembre 1814, « la maison aux sept cheminées », et là, devant cette vaste construction en pierre, « très fruste, austère, sans aucun ornement, et qui donnait l'impression d'une espèce de forteresse » (Decelles), j'ai vécu en imagination tout ce que l'on racontait de Sir Georges-Etienne Cartier. Il y avait quinze ans, à cette époque, qu'il était mort, mais pour ses co-paroissiens de Saint-Antoine, il faisait déjà figure de grand homme.
On répète souvent que les peuples heureux n'ont pas d'histoire. Il me semble au contraire que les villages qui sont jolis comme celui de Saint-Antoine sont heureux d'avoir fait avec leurs gens un peu d'histoire. On est fier d'être leur fils, et même leur arrière-petit-fils, et c'est déjà un stimulant au bien. En tout cas, Mesdames et Messieurs, c'est parce que j'ai énormément d'orgueil à pouvoir dire que je suis un peu du pays de Sir Georges, que j'avais écrit à M. Villeneuve : « De Cartier, j'en ai plein le cour », et que pour ma pénitence, et peut-être aussi hélas ! pour la vôtre, je suis ici ce soir.
Je ne vous raconterai pas sa vie. Sir A.-B. Routhier l'a fait l'autre soir d'une façon trop complète et trop charmante pour que je me risque à le suivre même de loin. Je voudrais, plutôt dégager de cette vie prodigieusement active quelques leçons, une leçon d'amour du travail notamment, une leçon de patriotisme, et même une leçon de foi. Au fond, Mesdames et Messieurs, comme je tiens à faire royalement ma pénitence, c'est encore un sermon que je m'en vais vous donner sous prétexte de conférence. Trouvez-moi un avocat qui n'est pas un peu plaideur dans tout ce qu'il fait, ou une Petite Soeur des Pauvres qui ne quête pas un peu partout. De même un curé, il faut que ça prêche ! Soyez encore heureux que je ne fasse pas la quête.
Le héros que je veux célébrer n'était pourtant pas un saint. Et sans vouloir rien préciser, je suis bien sûr que l'avocat du diable n'aurait guère de difficultés à faire rejeter sa cause, si on l'introduisait en cour de Rome pour tenter sa canonisation. Il était brusque, entier, brutal même et fort autoritaire, ou du moins il parut ainsi à beaucoup. On m'a conté qu'un jour Mgr Bourget, avec qui tout le monde sait qu'il eut plus d'un démêlé, était venu le voir cependant qu'un bon vivant de Saint-Antoine causait avec lui dans son bureau. Le garçon annonça Mgr l'évêque et l'ami de passage voulut partir. « Non, non - dit Sir Georges - qu'il attende! ». C'est un mot, vous me direz, un détail. Oui, mais il laisse entendre tout autre chose que de la douceur d'âme.
Sir Georges avait donc ses défauts. Je n'insiste pas. Simplement je constate. Mais il avait de fort belles qualités. Il avait le goût du travail, il aimait son pays et il avait le respect de sa foi. Il avait beaucoup de talent. Sans être un orateur très brillant, il parlait bien. On a même dit, à certains moments de sa carrière, qu'il eut des éclairs de génie, par exemple, quand, après le vote du bill du Pacifique, il s'écria en Chambre :
All aboard for the West !
Il avait de l'esprit aussi, beaucoup d'esprit, de cet esprit gaulois qui fixe d'un trait une situation et lègue des « mots » à la postérité. « Je tiens toujours mes promesses, disait-il un jour à Sherbrooke, parce que je n'en fais jamais. » Une autre fois, on lui représentait que ses collègues du barreau n'approuvaient guère une mesure que lui Cartier avait à coeur : « Vous avez le barreau contre vous », lui dit quelqu'un ? « Eh! bien, je passerai à travers le barreau », repartit Cartier. Et en effet, il passa.
I
Il passa, comme cela, à travers bien des barreaux et bien des difficultés. J'ai relu lentement, l'autre soir, à votre intention, Mesdames et Messieurs, le beau livre de M. Decelles Cartier et son temps. J'ai relu aussi un grand nombre de ses discours - en trente ans de vie publique il en a prononcé pas moins de 160 qui ont été conservés-; j'ai relu de même la « biographie » écrite, dès 1873, par Turcotte, l'historien de Le Canada sous l'Union; j'ai relu enfin tout ce que l'Opinion Publique du temps écrivit au lendemain de sa mort sous les signatures de L.-O. David et de J.-A. Mousseau. Ce que j'ai retenu comme note d'ensemble de toutes ces lectures, comme aussi de celle de la conférence, si naturelle et si vivante, que nous donnait l'autre soir M. Routhier, c'est d'abord, je vous l'ai dit, que Cartier aimait le travail. Voilà une première leçon qu'on peut apprendre à l'école de Sir Georges. Et elle est importante.
Il faut aimer le travail, Messieurs, pour lui-même d'abord, et aussi pour les résultats auxquels il conduit. « Le triomphe d'une cause, a-t-on justement écrit (1), s'élabore dans la profondeur du travail et dans la continuité de l'effort. » On nous a reproché, à nous les Canadiens instruits, de ne pas assez aimer le travail. Et le reproche nous a été douloureux. Je voudrais pour ma part qu'il fut moins mérité. Nos collèges et nos institutions font leur part. Nous leur devons de seconder leur action. Les talents ne manquent pas chez nous. Ce qui nous fait défaut souvent, c'est le travail, c'est l'effort, le travail de la pensée, l'effort de l'intelligence. Quand même nous n'arriverions pas tout de suite au succès, quand même nous n'y arriverions jamais, qu'importe ! Ce que Dieu veut, ce que la patrie demande, c'est l'action, c'est l'effort, c'est le travail. Au surplus, le travail arrive toujours tôt ou tard à un résultat qui console. Le plus souvent, nous a conté le poète, c'est la fleur marine...
Sir Georges comprenait la valeur du travail, et il l'aimait. M. Decelles a écrit de lui que sa grande force, ça été sa confiance en lui-même, et que sa confiance en lui-même il la puisait dans son travail. Il travaillait, dit-il, quatorze heures par jour. C'est pourquoi, il avait une idée très élevée de sa propre valeur. Et ce n'était pas de la vanité, c'était de la conscience. Il se croyait supérieur à son entourage, comme dit encore Decelles, et en avance sur son parti, parce qu'il avait la conviction qu'il avait plus étudié et plus travaillé que ses amis ou ses rivaux. Quand Sir John A. MacDonald, son grand ami, voulait approfondir une question, il la faisait exposer d'abord par Cartier. Comme il avait un clou superbe d'assimilation, il ne craignait ensuite aucune objection.
II
Ce joli portrait qui fait sûrement honneur à l'impartialité de l'adversaire politique qu'était, pour M. Cartier, M. L.-O. David, me paraît encore, à quarante ans d'intervalle, et après tout ce qui nous a été conté par l'histoire, notamment par DeCelles, ce portrait de Sir Georges, dis-je, que je cite de l'Opinion Publique du 23 mai 1873, me paraît encore fort ressemblant. Sir Georges c'était l'activité fait homme, l'amour du travail poussé à l'extrême.
Or, ce qui soutenait sa ténacité au travail c'était d'abord son amour pour sa patrie. Oh! il l'aimait, notre cher pays, celui qui avait appris à l'aimer sur les bords de notre poétique et pittoresque Richelieu, celui qui, jeune encore, avait rimé assez gauchement, mais de si bon coeur, ces strophes que tous les Canadiens connaissent :
Oh! oui, il l'aimait. Mais il l'aimait avec une singulière hauteur de vue. Il faut relire plusieurs de ses discours pour le comprendre. Sir Georges-Etienne Cartier aimait son pays, Mesdames et Messieurs, comme il convenait au père de la Confédération de l'aimer. Il l'aimait tout entier. Certes, le vieux sang gaulois qui coulait dans ses veines battait la charge très vite, quand il s'agissait d'évoquer les souvenirs de France, et aux jours de 37, il montra, avec peut-être trop de véhémence, que bon sang ne peut mentir. D'autre part, il aimait l'Angleterre aussi, d'une autre façon, je pense, mais il l'aimait, et il l'aimait avec une haute raison. Il m'a semblé qu'il vous serait intéressant de l'entendre lui-même sur ces deux thèmes qu'il estimait justement se tenir et se compléter.
Dans l'éloge funèbre qu'il prononçait, le 21 octobre 1855, sur la tombe de Ludger Duvernay, le fondateur de notre Saint-Jean-Baptiste, lors de la translation de ses restes de l'ancien cimetière Saint-Antoine au cimetière de la Côte-des-Neiges, il disait :
Une autre fois, à Charlottetown, le 8 septembre 1864, parlant à un auditoire surtout anglais, il disait :
Sir Wilfrid Laurier a porté sur Cartier un jugement qui est un bel hommage à l'ampleur et à la hauteur de ses vues patriotiques.
M. Decelles, qui cite ces belles paroles de notre ancien premier ministre, y ajoute celles-ci :
III
Cartier fut donc un homme de travail ardu et de patriotisme avisé. Il fut aussi un homme de foi. Il ne rougit jamais, que l'on sache de son baptême et il ne mit jamais son drapeau dans sa poche. Je n'ignore pas, Messieurs, qu'il a été mêlé, au cours de sa vie publique, à des querelles religieuses, où il y avait des divergeances [sic] d'opinion délicates à apprécier, et je sais aussi qu'il a pris parti parfois avec une rondeur qui n'était pas très respectueuse. Mais au fond, il aimait l'Eglise et sa foi. Et si, peut-être, il a dû sa défaite dernière de Montréal-Est à son attitude vis-à-vis le chef du diocèse, il n'en est pas moins mort dans les bras de l'Eglise, après avoir appelé, et reçu, les consolations dernières qu'elle tient en réserve pour ses enfants.
Quelques semaines après sa mort, M. Benjamin Sulte écrivait de lui, dans la Revue Canadienne, entre autres choses, ces lignes significatives que je crois très justes :
Ce témoignage d'un homme toujours très au fait de l'actualité n'est d'ailleurs pas isolé. Avant de partir du Canada, et durant son séjour à Londres, Cartier s'occupa à plus d'une reprise de son âme et de son éternité.
Mesdames et Messieurs, ce n'est pas là le langage d'un mécréant. A la date du 22 mai, l'une de ses filles écrivait de Londres :
Un autre correspondant, du Morning Chronicle celui-là, a noté que « Sir Georges conserva sa présence d'esprit jusqu'à la fin » et que « quelques instants avant sa mort un prêtre fut appelé à son chevet et lui administra les derniers sacrements ».
Sir Georges, selon le mot de sa fille, est donc mort en chrétien. Comme dit Sulte, qu'il n'ait pas « toujours suivi à la lettre la pratique de ses devoirs religieux », je crois qu'il faut en convenir, et de cela je n'ai ni le droit ni l'intention de l'absoudre. J'aime mieux penser à la parole de notre Maître à tous : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Mais ce qu'il faut dire aussi, c'est que dans sa vie active d'homme public, l'occasion étant donnée, il ne manqua jamais de revendiquer les droits de sa foi catholique.
M. l'abbé Antoine Racine, qui devait être le premier évêque de Sherbrooke, prononça à la basilique de Québec, le 9 juin 1873, sur les restes mortels de Sir Georges, arrivés la veille d'Angleterre, une remarquable allocution, que l'Opinion Publique du temps a conservée. Je me sens parfaitement à l'aise, après cette oraison funèbre, pour louer la foi robuste et vive, sinon toujours suffisamment pratique, du père de la Confédération. Quand il s'était agi de protester contre la spoliation des biens du Saint-Siège, M. l'abbé Racine rappelait que Cartier avait eu de fiers accents :
Une autre fois, le 1er juin 1869, au sujet de l'abolition de l'Eglise établie d'Irlande, Cartier disait à la Chambre :
Enfin, quand l'un de ses collègues avait osé s'élever contre l'enrôlement des zouaves canadiens au service de Pie IX, qu'il se permettait de nommer un prince étranger, Sir Georges avait bondi et il s'était écrié en plein parlement - le futur Mgr Racine le notait dans son oraison funèbre :
Mesdames et Messieurs, c'est donc une leçon de travail, une leçon de patriotisme et une leçon de foi, que véritablement nous sommes fondés à demander à Sir Georges-Etienne Cartier. C'est parce qu'il a en somme été fidèle à sa foi catholique, c'est parce qu'il a aimé son pays, c'est parce que, étonnamment, il a mis au service de son patriotisme et de sa foi une inlassable activité, que Cartier, le père de la Confédération, prend sa place au tout premier rang parmi nos grands hommes.
« Personne de son temps - conclut M. DeCelles à la fin de la magistrale étude qu'il lui a consacrée - « Personne de son temps n'a mieux compris et plus nettement posé que Cartier le problème de la politique canadienne; personne n'a mieux indiqué les moyens de le résoudre. Ses indications se sont transformées en une loi tacite, aujourd'hui observée par tous les hommes soucieux d'une paix permanente au milieu d'éléments de discorde. C'est en cela que Cartier survit parmi nous, comme dans son oeuvre politique et administrative. La mort est venue l'abattre dans toute la maturité de ses aptitudes, avant la soixantaine. Son activité avec l'âge était devenue un surmenage mortel, qui l'a immolé à la patrie à laquelle il a donné vingt-cinq ans de loyaux services. Qui voudrait nier l'importance et le mérite de son oeuvre? Les haines accumulées sur Cartier dans l'ardeur des luttes, où son élan ne fut pas toujours exempt d'injustice, se sont depuis longtemps évanouies. Il a cessé d'être un homme de parti, pour devenir une de nos gloires nationales et, aujourd'hui, tout Canadien est heureux de s'incliner devant sa grande renommée. Plus on examine le résultat du labeur de ce puissant artisan, plus on se convainc que son âme rend à l'épreuve le son sonore du franc métal. »
Le son sonore du franc métal, Mesdames et Messieurs, c'est, en un mot heureux, tout notre baronet canadien, comme disait sa devise : Franc et sans dol !
Il y a dix ans, en août 1902, j'assistais, à Saint-Antoine-sur-Richelieu, à la chute des vieux clochers de l'ancienne église, qu'on remplaçait par des neufs. Ce fut, dans le village de Cartier - un village resté paisible - tout un événement. Les clochers avaient cent vingt ans d'existence. On les aimait. Les anciens ne les virent pas tomber sans émotion. Ce jour-là, bien que je ne sois guère poète, je me permis de faire des vers, que je vous demande la permission de citer en partie :
Mesdames et Messieurs, les choses d'ordinaire sont moins caduques que les gens. Il se trouve qu'il y a des exceptions. Le vieux clocher jauni de Saint-Antoine a mordu la poussière, cette poussière où nombre d'anciens dormaient sous son égide au cimetière. Mais l'un des enfants de ce village, le plus illustre, Sir Georges, que vous aimez et que j'aime, vivra à jamais dans les fastes de nos annales. Si beau qu'il soit, Messieurs du comité du centenaire, le monument que vous lui élèverez ne sera toujours qu'une froide pierre. C'est son oeuvre qui reste et qui vivra à jamais !
O CANADA, MON PAYS, MES AMOURS !
(1) Général d'Amade. - Préface de Souvenirs de Casablanca.
(2) Cartier revenait alors d'Angleterre.
Source : Elie-J. AUCLAIR."Sir Georges-Etienne Cartier", dans Revue Canadienne, Nouvelle série, Vol. XIV, No 3 (septembre 1914) : 486-503. Quelques erreurs typographiques mineures ont été corrigées. Article transcrit by Azadeh Tamjeedi. Révision par Claude Bélanger.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |