Quebec History Marianopolis College


Date Published:
2004

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Armand Frappier

Professeur de Bactériologie à l'Université de Montréal

Chef du Service des laboratoires à l'Hôpital St-Luc

 

 

A 28 ans, le Dr Armand Frappier occupe déjà des positions importantes et responsables. Chef du service des laboratoires de Chimie et de Bactériologie à l'Hôpital St-Luc, professeur de Bactériologie pratique et directeur des Laboratoires du BCG à la Faculté de Médecine de l'Université de Montréal, ce jeune médecin a été nommé, en juillet 1933, par le Conseil national des recherches à Ottawa, membre du comité des recherches sur la tuberculose.

 

Il est né au coeur de cette riante petite ville de Salaberry de Valleyfield, le 26 novembre 1904. Son père, feu Arthur-A. Frappier, organiste de la cathédrale et directeur des écoles pendant plus de vingt ans, passait pour l'une des figures les plus originales et les plus respectées des environs. Sa mère regrettée, Bernadette Codebecq, descendait des Langevin, famille de pionniers campivallensiens dont les rameaux couvrent une grande partie du comté de Beauharnois. Le grand-père Charles Codebecq, un vétéran de Crimée, venait de Paris. Passé en Amérique, il devint instituteur, maria une institutrice, ses enfants et ses petits enfants se vouèrent presque tous à l'enseignement. On s'explique maintenant la physionomie et le caractère bien français du Docteur Frappier et son goût pour le professorat.

 

La musique est un talent naturel chez les Frappier, et de bonne heure, sous la baguette habile du père, le "Trio Frappier" s'est acquis une réputation méritée dans les environs.

 

Plus tard, on retrouva le jeune Armand, étudiant en médecine, 1 er violon et directeur du Sextuor "Les Carabins" au buffet chez Dupuis Frères, ou au grand restaurant "Kerhulu et Odiau" à Montréal. Ses vacances de jeunesse, il les coule avec sa famille sur cette pointe enchanteresse, "La pointe du milieu", comme l'appellent les chasseurs, sur la rive du Lac St-François, domaine sauvage où le père cultive la santé physique et morale de ses enfants, en les initiant à l'amour de la nature et à toutes sortes de travaux manuels. Enfant de la "petite école" et du Séminaire de Valleyfield, le jeune Frappier, dès sa philosophie, conçoit ainsi sa vocation; il étudiera la médecine et les sciences pour mieux appliquer celles-ci à celle-là. Un goût ardent pour la chimie le pousse à se monter un curieux laboratoire dans la cave et dans l'écurie de la propriété paternelle.

 

En 1924, il décroche son B.A. La maman s'est envolée vers un monde meilleur l'année précédente, et le père se demande comment financer le cours universitaire de ses deux gars. Pourra-t-il compter sur leur esprit débrouillard, sérieux et travailleur, le seul héritage dont il ait pu les gratifier de concert avec son admirable femme ? Faire et enseigner da la musique, peinturer, vendre de l'aluminium dans les temps libres, sacrifier les sorties et souvent manger à $ 0.15 du repas, telle fut la réponse pratique des garçons aux angoisses du père. Dès son P. C. N., notre étudiant est choisi par le Docteur Baril comme préparateur et ensuite comme démonstrateur au cours de chimie, et plus tard, comme assistant-chimiste au laboratoire de l'Hôtel-Dieu. Vers la fin de sa médecine, on le nomme chef de laboratoire à l'Hôpital S:-Luc et à la Miséricorde.

 

Vers 1929, au début de son année d'internat, il contracte mariage avec Thérèse Ostiguy, fille de N.-A. Ostiguy marchand de fourrures depuis 40 ans à Valleyfield, et de Coralie Guindon. Deux mois par la suite, il a la douleur de perdre son père, ce véritable ami, auquel il aurait tant voulu montrer son parchemin de docteur. De ce fait, les responsabilités familiales du Docteur Frappier s'appesantirent fortement, mais depuis cette date, la naissance, à quelques années d'intervalle, de deux jolies petites filles, Lise et Monique a jeté un peu de baume sur les blessures de son amour familial.

 

Reçu M.D. en 1930, le Docteur Frappier obtient sa Licence-ès-sciences l'année suivante. Immédiatement, la Faculté de médecine lui offre une bourse de la Fondation Rockefeller pour l'étude de la Bactériologie. Avec sa famille, il passe de longs mois dans les principaux laboratoires des États-Unis et d'Europe, étudiant spécialement la tuberculose avec des maîtres comme Petroff, Baldwin Brown, Medlar et Sasano, aux Sanatoria des Adirondack Park; au Laboratoire d'hygiène de N. Y.; [Stanhope] Bayne-Jones , à l'Université de Rochester, N. Y.; Wadsworth, au Laboratoire de l'État de N. Y.; Topley [William Whiteman Carlton, 1886-1944], au London School of Hygiene and Tropical Medecine; G. Griffith, à Cambridge; sans compter nombre de visites dans les plus grandes centres scientifiques. Le Docteur Frappier eut la chance de jouir du commerce des deux derniers disciples survivants de Pasteur : Roux et Calmette. A l'Institut Pasteur de Paris , il eut le privilège d'étudier le BCG , ce nouveau vaccin anti-tuberculeux, le baccille Calmette-Guérin [BCG], sous la direction personnelle du grand Calmette . [sur Guérin voir cette biographie] Il revint au pays au début de 1933.

 

Le Docteur occupe ses rares loisirs à l'entretien de son jardin ou à la chasse aux canards sur son domaine du lac St-François. C'est avec émotion que, de temps à autre, il touche son violon. II vit heureux, cultivant avec reconnaissance la mémoire de ses parents et de ses maîtres, principalement les Docteurs G. Baril, T. Pariseau, Z. Rhéaume et le fameux Calmette, ses directeurs scientifiques.

 

Source : Raphaël OUIMET, éd., Biographies canadiennes françaises, treizième édition, Montréal, 1937, 461p., p. 345. Le texte a été reformaté et les erreurs typographiques ont été corrigées. On trouvera à ce site une bonne discussion de la vie et de l'ouvre d'Armand Frappier.

 

 

 

 
© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College