Quebec HistoryMarianopolis College
 HomeAbout this siteSite SearchMarianopolis College Library
 


Documents in Quebec History

 

Last revised:
23 August 2000


Les Québécois, le clergé catholique et l'affaire des écoles du Manitoba / Quebecers, the Catholic Clergy and the Manitoba School Question, 1890-1916

Sermon de Mgr. Laflèche sur « L'application de la doctrine catholique à la question des écoles du Manitoba »

[Note de l'éditeur : Ce sermon fut prononcé par Mgr. Laflèche, en sa cathédrale des Trois-Rivières, dans la semaine qui suivit la lecture de la Lettre Collective des évêques au cours des élections fédérales de 1896, le 17 mai. Ultramontain de conviction, Laflèche avait rédigé la première version de la Lettre Collective, celle-là même que Mgr Émard refusa de signer. Il est à noter que Mgr. Laflèche, au début de sa carrière sacerdotale, avait été missionnaire dans l'Ouest canadien et s'était lié d'amitié avec Alexandre Taché qui devint le premier évêque catholique dans l'Ouest canadien.

Rumilly affirme que ce sermon fut publié sous forme de tract et qu'il fut répandu à des dizaines de milliers d'exemplaires, en plus d'avoir été reproduit dans plusieurs journaux.

Nous ne reproduisons ici que les passages essentiels.]

[…] Je vous cite ce cas de M. Greenway pour indiquer la prudence qu'il faut apporter dans le choix des candidats. On vous fera des promesses tant que vous voudrez. M. Greenway aussi a fait des promesses, et il les a violées. Vous devez être très prudents en face de pareilles infamies, et tenir compte des antécédents de ceux qui sollicitent vos suffrages.

[…]

Il y a quatre sortes d'écoles : l'école catholique où l'on donne une pleine mesure d'enseignement religieux ; l'école protestante, où l'on en donne plus ou moins selon le goût des parents ; l'école athée, où l'on met Dieu à la porte ; et l'école neutre, c'est-à-dire ni catholique, ni protestante, ni athée, mais où l'on fait abstraction de la religion, où l'on défend aux maîtres et aux maîtresses d'en dire un mot. C'est peut-être le pire système de tous, car il conduit directement à l'indifférence, qui est la plaie du siècle. C'est un système condamné par l'Eglise.

[…]

Un député canadien-français qui se dit catholique, et le chef reconnu d'un grand parti composé de catholiques et de protestants, a fait la déclaration suivante, en fait de principes dans sa conduite politique : « Tant que j'occuperai un siège en cette Chambre, tant que j'occuperai le poste que j'occupe, chaque fois qu'il sera de mon devoir de prendre position sur une question quelconque, je la prendrai, non pas au point de vue du catholicisme, non pas au point de vue du protestantisme, mais je la prendrai pour des motifs qui peuvent s'adresser à la conscience de trous les hommes aimant la justice, la liberté et la tolérance. » Voilà l'affirmation du libéralisme condamné par l'Eglise la plus catégorique qui ait jamais encore été faite à ma connaissance, dans une assemblée législative de notre pays. L'homme qui parle ainsi est un libéral rationaliste. Il formule une doctrine entièrement opposée à la doctrine catholique. C'est dire qu'un catholique n'est pas tenu d'être catholique dans sa vie publique. C'est une erreur fondamentale, et qui peut conduire aux plus déplorables conséquences [...]

[...] Voici l'avertissement qu'en conscience je me crois tenu de vous donner : Dans les circonstances, un catholique ne saurait, sous peine de pêcher en matière grave, voter pour un chef de parti qui a formulé aussi publiquement une pareille erreur, et pour les partisans qui l'appuient dans cette erreur, tant qu'ils n'auront pas publiquement désavoué cette erreur, et pris l'engagement formel de voter pour une loi réparatrice acceptée par les évêques [...]

[...] La première direction que j'ai à donner aux catholiques de ce diocèse, pour les prochaines élections, c'est de ne donner leurs votes qu'à des candidats qui s'engagent à voter en faveur d'une loi réparatrice acceptée par les évêques. N'oubliez pas que ce vote sera de la plus haute importance. Ma seconde direction, c'est de vous engager à mettre de côté tout esprit de parti, quel qu'il soit, et de juger hommes et choses au point de vue des principes et de l'enseignement catholiques. C'est ce que vous ferez courageusement, comme catholiques, comme Canadiens, comme citoyens, et le bon Dieu bénira vos efforts et vous permettra de recueillir ici-bas un avant-goût du bonheur qu'il réserve à ses élus.

 

Source : Robert Rumilly, Monseigneur Laflèche et son temps, Montréal, éditions B. D. Simpson, 1945, 461p., pp. 398-399.

 

© 2000 Claude Bélanger, Marianopolis College