Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Septembre 2005

Documents of Quebec History / Documents de l'histoire du Québec

 

Contre le suffrage féminin : Une pétition féminine

[1922]

 

 

Voici le texte de la pétition contre le suffrage féminin adressée au gouvernement par plusieurs Québécoises :

 

A Son Honneur le Lieutenant-Gouverneur et au Gouvernement de la Province de Québec.

 

« Nous, soussignées, résidentes à Québec, soumettons respectueusement à Son Honneur le Lieutenant-Gouverneur et au Gouvernement de la Province de Québec les réflexions suivantes :

 

1. « Si la nature n’interdit pas formellement à la société de concéder à la femme le droit de participer, par son suffrage, aux élections politiques, elle lui conseille nettement et fortement, sauf en vue d’un bien d’ordre supérieur, de ne pas accorder ce droit;

2. « Guidés par leur esprit chrétien, nos ancêtres ont ainsi compris, sans doute, le droit naturel, et ils n’ont pas établi le suggrage féminin. Cette tradition électorale, qu’ils nous ont léguée, est saine et doit être conservée. Respect à l’œuvre de nos ancêtres.

 3. « Rien, ni notre situation sociale actuelle, ni aucune circonstance importante, n’exige ou ne justifie, dans la province de Québec, l’introduction du suffrage féminin. Pourquoi, sans raison sérieuse autre que certains caprices du temps présent, briser avec un passé si plein de sagesse?

4. « Le suffrage féminin que ne justifierait, pour nos élections provinciales, aucune cause valable entraîne des inconvénients graves qu’il ne faut pas perdre de vue :

    (A). «La nécessité pour la femme ou au moins la tentation très grande, d’entrer dans les organisations de partis politiques et de prendre part aux campagnes électorales, de se mêler, en un mot, à un genre d’action qui s’harmonise mal avec la condition de notre sexe et les devoirs du foyer.

    (B) « La division dans les familles : c’est déjà malheureusement un fait d’expérience, — des ménages se sont brouillés parce que telles femmes ne savaient pas adopter les opinions politiques de leurs maris. Et tout cela encore une fois, pour quel avantage? Il suffit de mentionner ces inconvénients, mais il en est encore d’autres.

5. « En raisonnant comme nous le faisons, nous prétendons n’être nullement rétrogrades. La grandeur de la femme, à nos yeux, ne dépend ni du droit de voter ni de l’éligibilité. D’ailleurs, nous ne nous occupons guère de ces discussions sur la supériorité en son genre et chacun des deux garde sa supériorité, pourvu qu’il reste dans son domaine et qu’il y remplisse son devoir. Peu importent les inégalités politiques, elles ne nous seront pas plus désavantageuses, elles ne nuiront pas plus à notre influence sociale demain qu’hier et aujourd’hui. Cette influence, nous avons tant de manière de l’exercer dignement et efficacement!

6. « Pour toutes les raisons que nous avons apportées nous demandons respectueusement à Son Honneur le Lieutenant-Gouverneur et au Gouvernement de la province de Québec de ne pas attribuer à la femme le droit de voter. »

 

Source : « Contre le suffrage féminin. » Le Devoir, 13 février, 1922, p. 2. Document transcrit par Christina Duong. Révision par Claude Bélanger.

 
 
 
 

 

 

 

 
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