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Last revised:
23 August 2000


Controversy Surrounding the Use of the French Language at the Eucharistic Congress of Montreal [1910]

Une entrevue de l'archevêque de Westminster

Après le fameux incident, Mgr Bourne exprima le désir de voir Henri Bourassa. La rencontre eut lieu en présence de M. Omer Héroux, et d'un prélat de la suite de l'archevêque.

Le texte anglais de l'entrevue a été préparé sous la dictée de Mgr Bourne par le prélat qui l'accompagnait, et soumis à Son Excellence, qui l'a approuvé. La version française est de M Héroux. Les passages en italique sont commentés dans "l'avertissement" de M. Bourassa.

C'est sans doute à cause de la forme condensée en laquelle j'ai traité mon sujet, qu'il s'est élevé quelque malentendu dans l'interprétation de ma pensée. Cependant, si on veut bien lire avec attention ce que j'ai dit, on y verra que chaque mot est choisz et pesé de manière à n'offenser personne. Et quelles que soient les associations d'idées qui ont pu se faire dans l'esprit de mes auditeurs, mes paroles ne comportent en elles-mêmes qu'un sens acceptable à tous les catholiques.

La thèse

Brièvement ma thèse était celleci : un problème se pose devant l'Eglise du Canada en même temps que se présente une occasion précieuse, tous deux surgissant du développement rapide de l'Ouest. Jusqu'ici, la langue du pays a été surtout française et. tout entière au service de l'Eglise. Il en est encore ainsi dans l'Est; mais dans .1'Ouest, l'énorme poussée des immigrants constitue une vaste population de langue anglaise. Et cette langue n'est pas au service de l'Eglise, mais au coritraire, elle a été, depuis trois cents ans, une source de désunion en matières religieuses.

LaZssant ies questzons docaies et politiques à ceux qui ont le droit et les connaissances voulues pour les traiter, et me plaçant au point de vue plus élevé des intérêts de la religion' et de I'Eglise en général, ainsi que du bien spirituel du Dominion tout entier, j'ai recommandé à la sympathie d'une grande réunion internationale un projet d'union de prières auxquelles prendrait part tout le monde catholique, afin que tous les peuples de langue anglaise puissent bientôt rentrer dans lé sein de l'Eglise.

Il me semble que nul catholique ne peut trouver à redire au but désiré ou manquer de reconnaftre son immense importance. J'ai saisi l'occasion de faire mon appel à Montréal; d'abord parce que le Canada français, à raison de sa foi magnifique et de la situation que la religion y occure, est plus à même que tout autre pays de promouvoir les intérêts de l'Eglise à cet égard; et ensuite parce que je savais que le zèle apostolique, légué aux Canadiens français par leurs ancê tres, ést encore vivace dans leur âme.

Un double aspect

Quant à la langue française, ajoute l'archevêque, je crois que ce serait une calamité si elle devait perdre ia moindre parcelle du terrain qu'elle occupe. Mais peut-être serait-ce encore un plus grand malheur qu'il se développât dans le Dominion un peuple immense de langue anglaise, si ce peuple devait être entièrement non-catholique. Un tel peuple se développe à l'heure qu'il est; et, d'une manière ou d'un autre, il faut que la foi lui soit prêchée et qu'elle soit maintenue chez lui dans sa propre langue, comme elle est prêchée et devra continuer de l'être parmi vous dans votre propre langue. Les moyens d'arriver à ce but ne me regardent pas mais sont du ressort de vos autorités _ecclésiastiques. Toutefois, à cause de la position que j'occupe, j'ai cru que nul mieux que moi ne pouvait suggérer cette union de prières, étant convaincu d'ail eurs que je ne pouvais mieux m'adresser qu'aux Canadiens français pour être d'avance assuré du succès.

Voici le problème et l'occasion dont j'ai parlé. Ils sont à vous, non pas à moi; et j'espère avoir fait clairement entendre que j'ai offert ce que je pouvais offrir de mieux pour vous aider à résoudre ce problème et à profiter de cette occasion, en suggérant que l'Archiconfrérie de Notre-DameDame-de-Pitié étendît ses avantages, jusqu'ici réservés à l'Angleterre, au monde entier. II me semble que ceci est un acte plutôt généreux que blessant.