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Documents in Quebec History

 

Last revised:
19 February 2001


Documents sur l’affaire Yves Michaud / Documents on the Yves Michaud Affair

Ce qu’a dit Yves Michaud : deuxième partie : Entrevue avec l’animateur Paul Arcand

[Note de l’éditeur : l’entrevue a eu lieu le 5 décembre, 2000 sur les ondes du poste radiophonique CKAC de Montréal.]

« On a perdu (le référendum) à cause de l'argent et des votes ethniques. Alors dans ce livre, la preuve est faite hors de tout doute raisonnable que... et d'autant plus que j'ai vu le rapport du Directeur général des élections. »

Dans 12 bureaux de votation sur 2275, j'avais oui zéro, 374 non... oui zéro... et c'est défini comme ça. Il y a donc une intolérance zéro de la part d'immigrants par rapport à nous mêmes. Il y a trois raisons à cela: la première, c'est que c'est un phénomène de rejet. Ils nous rejettent complètement. La deuxième, c'est qu'il y a un sentiment de haine. La troisième, c'est qu'ils n'ont rien compris de ce qu'on leur a dit.

Moi je privilégie la troisième hypothèse. Dans cette circonscription, ce ne sont pas des anglo-québécois qui sont là. La grande majorité sont des immigrants, des néo-québécois nouvellement arrivés. Remarquez que je ne veux pas prendre une position de droite à la Le Pen.

Je dis oui, des immigrants j'en veux. Oui, nous en voulons à la tonne puis en étirant jusqu'à la limite notre capacité d'accueil à condition cependant que ce ne soit pas uniquement des ayants droits mais des ayants de devoir.

Quand on arrive dans une société, dans un nouveau pays, on prend fait et cause et on essaie d'accompagner les gens. On essaie surtout de les comprendre quand ils parlent. Or, l'intégration des Québécois à notre vie collective et nationale de la majorité de langue française au Québec, elle est difficile, elle ne se fait pas. Quand on pense que les anglo-québécois sont 8 % de la population, ils assimilent 50 % des immigrants, ça n'a pas de sens. »

Plus tard, au cours de la même entrevue, Paul Arcand pose cette question:

« Mais est-ce que vous ne sentez pas un désintérêt d'une bonne partie de la population sur la question de la souveraineté et sur la question nationale, des gens qui en ont assez, c'est terminé, passons à autre chose? »

Yves Michaud: « Bien, je vais vous raconter une anecdote. J'étais... je suis allé chez mon coiffeur il y a à peu près un mois. Il y avait un sénateur libéral que je ne nommerai pas qui ne parle pas... encore qu'il représente une circonscription de langue française et qui me demande: es-tu toujours séparatiste, Yves?" J'ai dit oui, oui je suis séparatiste comme tu es juif. Ça a pris à ton peuple 2000 ans pour avoir sa patrie en Israël. J'ai dit: moi, que ça prenne 10 ans, 50 ans, 100 ans de plus ça peut attendre. Alors il me dit: ce n'est pas pareil.

Ce n'est jamais pareil pour eux. Alors j'ai dit: ce n'est pas pareil? Les Arméniens n'ont pas souffert, les Palestiniens ne souffrent pas, les Rwandais ne souffrent pas. J'ai dit: c'est toujours vous autres. Vous êtes le seul peuple au monde qui avez souffert dans l'histoire de l'humanité.

Là, j'en avais un peu ras le bol. Et voici, je suis complètement indigné... qu'on ait suggéré de débaptiser la station (de métro) Lionel Groulx qui fut le maître à penser de deux générations de Québécois et qui est presque une idole québécoise.

C'est le B'nai Brith qui avait fait ça, qui était la phalange extrémiste. Il y a eu du sionisme mondial... »

Paul Arcand: « Est-ce que le traitement qu'a reçu Jean-Louis Roux aussi, vous en parlez dans votre (livre)... »

Yves Michaud: « Ah oui. Bien oui. M. Jean-Louis Roux, on n'est pas de la même famille politique, pensez donc, hein? M. Jean-Louis Roux va à Radio-Canada et s'excuse de sa galéjade de jeunesse alors qu'il a porté un sarrau avec une croix gammée, alors une fois dans sa vie... »

Le lendemain, il va s'excuser au B'nai Brith d'avoir fait cela. Moi je dis: s'il faut s'excuser, il faudrait que Sa Majesté la Reine Élizabeth II vienne s'excuser de la déportation des Acadiens, il faudrait que l'Université McGill, le chancelier en tête et la digne Madame Chambers viennent s'excuser auprès de la communauté juive d'avoir interdit l'accès par les Juifs à l'Université McGill de langue anglaise alors que nous, les Québécois, on n'a jamais été racistes de notre vie. Les Juifs allaient à l'Université de Montréal et un peu partout. »

Source : La Presse, le 19 décembre, 2000, p. A 15