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Les grands bouleversements du monde grec Claude Bélanger,
La période qui s’étend de 490 à 336 dans la Grèce ancienne en est une de grands bouleversements. Alors que c’est au cours de cette période que la Grèce va atteindre le sommet de son développement culturel, époque où le classicisme grec atteint son apogée, et où elle aura une grande victoire contre l’empire perse, c’est aussi à ce moment que les cités-états commencèrent leur déclin, ponctué par une terrible guerre entre Sparte et Athènes, une lutte sans finir pour l’hégémonie parmi les poleis grecques, le renouvellement des crises internes dans les cités-états et finalement leur conquête finale par la Macédoine en 336. Même s’ils en ont l’apparence, ces événements ne sont pas fortuits. On ne doit donc pas en retirer l’impression d’événements disparates se succédant sous l’effet du hasard mais au contraire d’un enchaînement logique qui, une fois commencé, semble inéluctable.
Les guerres médiques
Cette période débute en 490 par les guerres médiques (guerres contre les Perses de 490 à 479). Ces guerres étaient causées par l’expansionnisme perse. Les Perses avaient conquis l’Asie Mineure, subjugué les cités-états grecques de l’Ionie, traversé l’Hellespont et conquis la Thrace sur le continent Grec. Ils s’étaient donc emparés d’une partie de la Mer Égée, laquelle avait toujours été regardée par les Grecs comme leur Mare Nostrum, et ils avaient soumis des états grecs en Asie Mineure. S’étant approchés si près de la grande zone des poleis de la Grèce, les Grecs devaient inévitablement se sentir menacés. Ils devaient donc s’opposer à cet expansionnisme perse. Il y eut aussi un deuxième facteur : Les Perses n’étaient pas des conquérants brutaux mais une révolte en Ionie eut lieu. Les révoltés grecs firent appel à leurs compatriotes de la Grèce continentale. Athènes accepta de les aider. Voilà pourquoi Darius ordonna que la Grèce soit envahie et qu’Athènes soit punie.
On suivra le détail des deux guerres médiques en lisant le texte de ce site et en examinant attentivement les cartes qui accompagnent le texte. Il n’est pas nécessaire de noter toutes les batailles. Organisez votre résumé autour des deux phases de la guerre et notez brièvement ce qui se passe.
Les conséquences des guerres médiques sont importantes. La menace perse avait amené les poleis grecques à travailler ensemble, à s’unifier davantage, à former une ligue (la ligue hellénique). Ces guerres ont donc nourri le courant panhellénique en Grèce et suggéré, pour la première fois, que les cités-états étaient trop faibles et que le temps était peut-être venu de penser à la création d’un état grec. Ces guerres ont aussi profité à deux des cités-états grecques : Athènes et Sparte. C'est Athènes qui a le plus profité de la guerre. Elle avait absorbé presque seule le premier choc de l'adversaire et joué un rôle presque irremplaçable avec sa marine par la suite. Capitalisant sur son prestige accru, Athènes forma, sitôt la guerre finie (à noter qu'en 378 personne ne savait que les Perses n'allaient plus envahir la Grèce), la Ligue de Délos où elle assuma immédiatement sa position d'hégémonie. La guerre avait donc avantagé Athènes et l'avait mise dans une position de dominance. Une troisième conséquence de la guerre fut que la victoire des Grecs a nourrit leur sentiment de supériorité sur le monde extérieur, sur le monde des barbares. (Pour en savoir davantage sur les relations entre Grecs et Perses, voir ce site; les guerres médiques sont décrites en détail à ce site en anglais)
La Ligue de Délos et l'hégémonie athénienne
Cette ligue fut fondée en 478 par Athènes. Son but principal était d’éliminer la présence des Perses du bassin de la mer Égée et de libérer les cités-états grecques (surtout de l’Asie Mineure, en Ionie*) de la menace ou de la domination perses. Comme il était raisonnable de penser que les Perses attaqueraient peut-être encore la Grèce, de nombreuses poleis grecques décidèrent de se joindre à Athènes pour former la Ligue. Chaque polis devait faire une contribution à la marine, soit en fournissant des bateaux, soit en faisant une contribution financière. Ces contributions devaient être proportionnelles à l’importance des cités-états. Athènes assuma le leadership de la Ligue dont le trésor était gardé sur l’île de Délos. Ainsi, plus de 300 poleis se joignirent à Athènes pour former la plus puissante ligue jamais vue en Grèce jusqu’à ce moment (voir la carte des membres de la Ligue de Délos). On notera sur cette carte que les alliés d’Athènes viennent de la zone la plus menacée par les Perses, celle de la mer Égée. Sparte se joignit pas à cette Ligue et laissa Athènes assumer la place dominante.
La Ligue eut beaucoup de succès. Dans les 15-20 premières années de son existence, elle réussit à libérer le bassin de la mer Égée des Perses (Pour en savoir davantage sur les événements, consultez ce texte). Progressivement, les objectifs des Athéniens évoluèrent vers un désir d’assurer davantage leur hégémonie sur la Grèce, de fortifier leur ville et son port du Pirée, de créer une grande marine, de devenir une puissance économique dans le monde méditerranéen. Pour atteindre ces objectifs, Athènes réclama des contributions de ses alliés et prit des décisions sans les consulter. Elle alla même jusqu’à leur imposer diverses mesures. Malgré leur enrichissement et l’instauration de régimes démocratiques dans certaines des poleis, plusieurs des alliés d’Athènes voulurent quitter la Ligue puisque l’objectif initial qui avait amené sa création avait été rempli et qu’Athènes violait maintenant l’indépendance de ses poleis-sœurs. Par ailleurs, l’activité intense d’Athènes n’avait pas été sans inquiéter Sparte. Les poleis récalcitrantes firent appel à Sparte pour défendre le principe de l’indépendance des cités-états. En 431, la guerre éclata entre Athènes et Sparte. (On pourra lire les détails des événements qui précipitèrent directement la guerre en lisant l’article Guerre du Péloponnèse à ce site.)
La guerre du Péloponnèse (431-404)
La guerre du Péloponnèse oppose donc Athènes, avec sa Ligue de Délos, à Sparte et sa Ligue du Péloponnèse. Les événements de cette guerre nous sont bien connus particulièrement à cause des écrits de Thucydides*, le plus éminent des historiens de la Grèce ancienne. Son livre sur l’Histoire de la guerre du Péloponnèse* nous renseigne non seulement sur le déroulement des événements mais sur les causes du conflit. C’est Thudydides qui, entre autres raisons, nous dit que la guerre fut causée l’hubris des Athéniens. Il a été l’objet de nombreuses études qui ont jeté un éclairage important sur la société grecque de la fin du cinquième siècle (pour une liste de telles études sur l’internet, consultez ce site).
La guerre se déroula en deux phases (on pourra consulter les détails de la guerre du Péloponnèse en anglais en consultant ce site):
Dès son début, Périclès, le grand leader athénien, détermina qu’il ne serait pas possible à l’armée athénienne de vaincre en combat régulier la puissante armée spartiate. Comme Athènes avait construit des barricades solides pour protéger la ville et son port, il misait sur la défensive pour vaincre son adversaire. Les Athéniens se retirèrent donc derrière leurs murs. Il espérait, en refusant le combat que la Ligue du Péloponnèse se désagrégerait pendant que la flotte athénienne se rendrait maître des mers et dévasterait les côtes et les ports de ses ennemis. La réalité fut différente. L’armée spartiate dévasta complètement toute la région de l’Attique et les Athéniens furent victimes d’une terrible peste qui, entre 430 et 427, faucha environ le tiers de la population, incluant Périclès lui-même. Par la suite, des opérations militaires eurent lieu dans le centre de la Grèce mais sans résultats probants. En 421, les deux protagonistes signèrent une Trêve de cinquante ans. Dans les circonstances, les Athéniens auraient dû se considérer très satisfaits.
Deuxième phase : Cette trêve ne dura que six ans. En 415, les Athéniens, tombés de plus en plus sous l’influence de démagogues, ouvrirent les hostilités en lançant une grande expédition contre Syracuse, en Sicile. Celle-ci était une puissante polis et Athènes avait été mal avisée de s’en prendre à elle. L’expédition tourna au désastre et Athènes perdit une proportion considérable de son armée et de sa flotte. Les Spartiates menèrent une campagne vigoureuse pour encourager les états-membres de la Ligue de Délos à se révolter contre Athènes et négocièrent un traité avec les Perses (sur la question de la collaboration entre Spartiates et Perses, on peut consulter ce site) qui envoyèrent leur flotte contre Athènes. Quand les Spartiates mirent le siège à Athènes, la famine réduisit la ville à quémander la paix. Sparte fut donc victorieuse dans la guerre du Péloponnèse. Sa puissante armée, la dissension dans les rangs de la ligue athénienne, son alliance avec les Perses et les erreurs de jugement des Athéniens avaient amené ce résultat. Athènes dut détruire sa flotte et ses murs, subir l’occupation par les troupes spartiates et accepter le gouvernement des Trente tyrans.
Le déclin des cités-états et la conquête macédonienne (404-336)
Bien que Sparte fût sortie victorieuse du grand conflit qui l'avait opposé à Athènes, en réalité, ce sont tous les Grecs qui perdirent cette guerre. Bien qu'il y eût un vainqueur à la guerre du Péloponnèse, Sparte sortait bien affaiblie de cette guerre. Elle n’avait plus une armée suffisante pour assurer son hégémonie sur le reste de la Grèce. La Grèce tout entière avait été ravagée, l’agriculture et l’économie profondément secouées, la pauvreté était partout présente et les conflits entre riches et pauvres revinrent avec une férocité qui rappelait les pires années des conflits sociaux de l’époque archaïque.
La guerre du Péloponnèse marque donc le début du long déclin des cités-états grecques. Ce déclin qui s’échelonne sur trois-quarts de siècle est marqué par les caractéristiques suivantes :
Le résultat de cette période de déclin de la Grèce fut sa conquête par le roi Philippe de Macédoine en 338 et l’unification de la Grèce sous l’autorité de la Macédoine en 337 par la formation de la Ligue de Corinthe. Dans cette ligue, les poleis grecques acceptaient l’hégémonie de la Macédoine et, en pratique, abandonnaient leur indépendance individuelle. La Grèce entrait dans une nouvelle phase : la période hellénique.
© 2001 Claude Bélanger, Marianopolis College
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