Guide
touristique du Vieux-Montréal
[1929]
Ville
historique autant que commerciale, Montréal renferme de nombreux
et magnifiques sites, édifices et monuments commémorant
un passé glorieux.
Le
Vieux Montréal :
Parmi les principaux sites historiques, mentionnons
d'abord ce qu'on est convenu d'appeler le « vieux Montréal »
et qui est la partie de la ville comprise entre la rue McGill, la ruelle
des Fortifications, la rue Berri et le fleuve Saint-Laurent.
Place
d'Armes :
C'est à cet endroit même que,
le 30 mars 1644, de Maisonneuve, à la tête de trente hommes,
dispersa un parti de deux cents Iroquois. Ce site, centre financier
de la métropole, fut vendu en 1836 à la ville par le Séminaire
de Saint-Sulpice. Sur la Place d'Armes a été érigé
un monument, oeuvre de Philippe Hébert, sculpteur canadien, représentant
le fondateur de Montréal, Paul Chomedey de Maisonneuve.
Place
d'Youville :
Un obélisque
rappelle la Société Notre-Dame de Montréal et la
fondation de Ville-Marie. Tout près s'élevait le château
de Louis-Hector de Callières, gouverneur de Montréal et,
plus tard, de la Nouvelle-France.
Place
Royale :
La Place Royale, choisie par Champlain en
1611, devint en 1642 le centre de Ville-Marie. C'est là que furent
construits la résidence de Maisonneuve et le séminaire
de Saint-Sulpice.
Place
Jacques-Cartier :
C'est l'ancienne Place des Jésuites,
où l'on peut voir aujourd'hui la colonne Nelson.
Marché
Bonsecours :
A l'endroit
où se trouve aujourd'hui le marché le plus considérable
de Montréal, fut construit en 1698 le palais de l'Intendance.
Champ
de Mars :
Le Champ
de Mars était autrefois un parc du quartier résidentiel
de Montréal.
Rue
Saint-Paul :
La rue
Saint-Paul, la plus vieille des rues de Montréal, fut tracée
en 1672 par l'arpenteur Bénigne de Basset qui traça aussi
les rues Saint-Jean-Baptiste, Saint-Pierre, Saint-Vincent, Saint-Joseph
(plus tard Saint-Sulpice) et Notre-Dame.
Toutes
ces rues, à l'exception de la rue Notre-Dame, avaient une largeur
de dix-huit pieds. La largeur de la rue Notre-Dame était de trente
pieds.
Vieilles
Maisons .
Il existe encore à Montréal
plusieurs maisons historiques, dont la plus connue est probablement
le Château de Ramezay.
Château
de Ramezay :
Le Château de Ramezay fut construit
en 1705 par Claude de Ramezay, ancien gouverneur des Trois-Rivières
et gouverneur de Montréal. A la mort du gouverneur de Montréal,
le vieux château devint la propriété de sa famille
qui le garda jusqu'en 1745. A cette date, les héritiers vendirent
la demeure paternelle à la compagnie des Indes. Au moment de
la conquête, le château fut acheté par M. Grant et,
plus tard, par le gouvernement qui en fit la demeure officielle des
gouverneurs de Montréal. En 1775, cet hôtel du gouvernement
fut habité par le brigadier général Wooster qui
y fut remplacé, au printemps de 1775, par Arnold.
C'est
au château de Ramezay que fut fondé, en 1778, par trois
Américains, Benjamin Franklin, Samuel Chase et Charles Carroll,
le journal The Gazette dont le but était d'amener les
Canadiens-Français à se ranger du côté des
républicains américains.
En
1784, le Vieux Château fut habité par le baron de Saint-Léger.
De
1838 à 1841, Sir John Colborne et Lord Sydenham y tinrent les
séances du Conseil Spécial et, de 1844 à 1849,
cet édifice fut le siège des délibérations
de deux ministères.
De
1848 à 1856, le Vieux Château servit de palais de justice
et, par la suite, fut occupé successivement par le département
de l'éducation, l'École Normale Jacques-Cartier, l'Université
Laval, la cour de circuit et la cour de magistrats.
En
1895, la ville de Montréal devint propriétaire du château
de Ramezay qui fut transformé en musée et devint, depuis,
le siège de la Société des Numismates et Antiquaires.
Le
Fort des Messieurs :
Du vieux fort de la Montagne construit sous
la direction dé l'abbé Vachon de Belmont, afin de protéger
ses néophytes contre les attaques des Iroquois, il ne reste que
deux tours, précieux vestiges d'une valeur inestimable. A l'endroit
de ce fort historique s'élève le Grand Séminaire.
Au-dessus de la porte du Grand Séminaire, on peut lire encore
cette inscription : « Hic evangelizabantur Indi
»
La
Maison du Patriote :
Il existe encore, rue Saint-Paul, une maison
de pierre ayant plus de cent ans d'existence. Sur la façade,
il y a une statue en bois représentant le type du Canadien de
jadis, coiffé d'une tuque et chaussé de souliers de boeuf.
L'Hôtel
Rosco :
Sur la rue Saint-Paul, où se trouvent
quelques-unes des vieilles reliques de Montréal, on peut lire
sur la façade d'un édifice en pierre cette inscription
: "Rosco's Hotel". C'est là que fut inauguré
en mai 1836 l'hôtel Rosco qui pouvait donner l'hospitalité
à cent cinquante voyageurs. Cet hôtel, dont la vogue dura
un peu plus d'une décade, était le plus beau de Montréal
et peut-être de tout le Canada.
La
Maison McTavish :
Cette maison,
située sur la rue Saint Vincent, fut construite à
la fin du dix-huitième siècle par Simon McTavish, roi
du commerce de la fourrure.
Autres
Maisons :
Sur le côté est de la rue Saint-Vincent,
à mi-chemin entre les rues Notre-Dame et Saint-Paul, on
peut voir une suite de maisons datant du dix-huitième siècle.
En
face de l'ancien Palais de Justice, il y a aussi quelques-unes des vieilles
maisons de la métropole qui furent construites entre 1685 et
1723. C'est dans l'une de ces maisons que vécut Raymond Fabre,
ancien maire de Montréal, et que naquirent Mgr Fabre et Hector
Fabre.
La
Maison Desmarchais :
Au versant du Mont-Royal, dans le quartier
Notre-Dame-des-Neiges, existe une maison deux fois séculaire,
sur la ferme concédée le 30 avril 1698 à Guillaume
Le Cavelier, armurier de Montréal. Cette vieille maison,
dont la façade contient une inscription énigmatique,
appartient maintenant aux Révérendes Surs de Sainte-Croix.
Séminaire
de Saint- Sulpice :
Tout près de l'église Notre-Dame,
il y a le vieux séminaire de Saint-Sulpice commencé en
1680 et complété en 1700.
Si
un trop grand nombre de ces vieilles reliques sont disparues à
jamais, au moins peut-on voir l'endroit précis où plusieurs
d'entre elles ont existé.
Rue
Saint-Paul :
C'est ainsi que sur la rue Saint-Paul on retrouve
l'emplacement du manoir construit, en 1650, par M. de Maisonneuve et
incendié en 1852.
Saint-Paul
et Saint-Sulpice :
A l'angle des rues Saint-Paul et Saint-Sulpice
se trouve l'emplacement de l'Hôtel-Dieu fondé, en 1644,
par Jeanne Mance.
Rue
Saint- Sulpice :
C'est dans une maison de la rue Saint-Sulpice
que naquirent d'Iberville et de Bienville, qui illustrèrent de
leurs exploits l'histoire de la Nouvelle-France.
Notre-Dame
et Saint-Laurent :
A l'angle des rues Notre-Dame et Saint-Laurent
se trouve l'emplacement de la maison Lamothe-Cadillac, fondateur de
Détroit, États-Unis.
C'est
là aussi que se trouve l'emplacement de l'ancien couvent des
Soeurs de la Congrégation fondé en 1659, de l'église
Notre-Dame-de-Pitié construite en 1693, et de la chapelle de
Notre-Dame-des-Anges érigée en 1718.
Notre-Dame
et Saint-Sulpice :
Au coin des rues Notre-Dame et Saint-Sulpice,
s'élevait la maison de l'explorateur Du Luth qui a donné
son nom à une ville américaine du Minnesota.
Saint-Paul
et Saint-Pierre :
Au coin des rues Saint-Paul et SaintPierre,
on voit le site de la maison de Cavelier de la Salle, célèbre
explorateur du Mississipi.
Rue
Notre-Dame :
Dans l'axe de la rue Notre-Dame s'élevait
l'ancienne église Notre-Dame, construite en 1672 et démolie
en 1830.
A
l'emplacement du Palais de Justice construit en 1856, rue Notre-Dame-Est,
existaient l'église et le monastère des Jésuites
bâtis en 1692, transformés en casernes en 1800 et incendiés
en 1803.
Églises
: Il
y a à Montréal 250 églises représentant
les dénominations religieuses suivantes :
105
églises catholiques, 34 anglicanes, 37 unies du Canada, 38
synagogues, 21 églises presbytériennes, 10 baptistes,
2 de science chrétienne, 2 luthériennes, 1 unitarienne.
Il
y a aussi plusieurs missions. Quelques-unes de ces églises sont
remarquables soit par leur passé historique, soit par leur architecture.
Église
Notre-Dame-de-Bonsecours :
Au point
de vue historique, l'église située au coin des rues Saint-Paul
et Bonsecours est l'une des plus importantes de Montréal.
Construite
en bois, en 1657, par ordre de Marguerite Bourgeoys, fondatrice de la
Congrégation de Notre-Dame, cette église fut agrandie
en 1675, incendiée et reconstruite en 1711.
Cathédrale
Saint-Jacques :
La cathédrale Saint-Jacques, réplique
de Saint-Pierre de Rome, fut construite sur le carré Dominion
en 1870. Elle est de proportions imposantes, puisque sa longueur est
de 330 pieds, sa largeur, de 222 pieds et que la croix haute de 18 pieds,
surmontant le dôme, est à 250 pieds au-dessus du sol.
Église
Notre-Dame :
L'église Notre-Dame, située
en face de la Place d'Armes et bâtie suivant les plans de Notre-Dame
de Paris, fut commencée en 1824 et terminée en 1829. Par
ses dimensions, cette église est la deuxième du continent
américain. Ses tours, auxquelles le public peut avoir accès,
ont une hauteur de 227 pieds. La tour ouest renferme une cloche, la
plus grosse du continent américain, que l'on appelle « le
gros bourdon » et qui pèse 24,780 livres.
Église
Saint-Jacques :
Cette église, de style gothique, possède
le clocher le plus haut de Montréal. Située sur la rue
Saint-Denis, elle fut bâtie en 1823 et fut, jusqu'en 1832, la
première cathédrale de là métropole.
Élise
Notre-Dame-de-Lourdes :
oeuvre de Napoléon Bourassa, cette
église, de style byzantin et renaissance, fut construite en 1874
sur la rue Sainte-Catherine. Elle renferme des fresques et des tableaux
intéressants.
Église
du Gésu :
Cette église, propriété
des RR. PP. Jésuites, contient plusieurs fresques et tableaux.
Christ
Church :
Cette église anglicane, de style gothique,
est l'une des plus belles d'Amérique. Construite en 1859, sous
la direction de l'évêque Fulford, elle a une longueur de
212 pieds, un transept de 100 pieds et son clocher s'élève
à 224 pieds au dessus du sol.
Source
du texte : Ministère de la Voirie et des Mines (Bureau provincial
du tourisme), Sur les routes de Québec. Guide du touriste
, 1929, 874p., pp. 60-65.
©
2004 Claude Bélanger, Marianopolis College
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