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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

Paul-Henri Bonhomme

Gérant provincial de La Sauvegarde

Paul-Henri Bonhomme, gérant provincial de la compagnie d'assurance-vie "La Sauvegarde", pour le nord de la province d'Ontario, naquit à l'Ile-Perrot dans le comté de Vaudreuil, le 23 août 1871. Il est le fils de Hégésippe Bonhomme, cultivateur, et de Élise Lalonde, son épouse, fille de Antoine Lalonde, de Vaudreuil.

C'est à l'école rurale qu'il reçut son instruction.

Dès l'âge de dix ans, il s'adonna à la culture de la terre sous la direction de son père, et après quinze ans de durs labeurs, le jeune Paul abandonna la culture pour se lancer dans la carrière des affaires.

Ayant formé société avec J.-O. Gauthier en 1898, il commença par s'intéresser à la vente d'instruments aratoires, et plus tard, au commerce d'animaux domestiques. Il habitait alors Papineauville où il fut conseiller municipal, de 1911 à 1915. Au cours de cette même année (1915) , il céda à son associé, moyennant rémunération, tous les intérêts qu'il avait dans la société, quitta Papineauville et se dirigea vers Cochrane dans le nouvel Ontario où il alla établir son foyer.

Rendu là avec sa famille, il eut tôt fait d'investir dans une nouvelle entreprise, tout l'argent qu'il avait amassé. Il devint donc acquéreur d'une superbe ferme de trois cents acres, pourvue des améliorations les plus modernes, propres à la culture et à l'élevage des animaux domestiques.

Tout lui paraissait donc souriant, car dès la première année, les résultats de l'ensemencement dépassèrent ses espérances. Déjà il était possesseur également d'un nombre considérable de chevaux, vaches, porcs, veaux, poules, et tout indiquait qu'il pourrait dès lors, envisager l'avenir avec sérénité.

Admirablement secondé dans ses efforts par sa digne épouse, il lui fallut cependant travailler ardûment pour obtenir ce qu'il possédait. Au foyer, tout respirait la joie et le bonheur, mais malheureusement cela devait être de courte durée. Arriva effectivement la journée néfaste du 29 juillet 1916. A cinq heures de l'après-midi, un épouvantable feu de forêt, activé par un vent d'une vélocité de soixante-quinze milles à l'heure, envahissait en peu de temps tout le district de Cochrane, dévastant absolument tout sur son passage; l'élément progressait avec une telle rapidité, que des centaines et des centaines d'êtres humains y perdirent la vie.

Mais laissons M. Bonhomme raconter lui-même sa lamentable aventure.

"Le feu se déclara à cinq heures de l'après-midi, et le danger devint si vite imminent, que nous eûment juste le temps de quitter notre habitation, sans pouvoir absolument rien emporter. Je vis ma maison et tout son contenu, brûler de fond en comble, et pour sauver ma femme et mes enfants d'une mort certaine, je les dirigeai vers un puits où se trouvait tout à côté, une caisse d'assez grandes dimensions dans laquelle ils se blottirent du mieux possible. Avec un tapis de table que j'avais sous la main, je leur fis une couverture, et pendant des heures et des heures, je puisai l'eau du puits et les arrosai constamment tout en m'aspergeant moi-même, car mes habits prenaient feu à tout instant.

A onze heures du soir, le feu et le vent cessèrent. J'étais terriblement brûlé par tout le corps et j'avais perdu la vue, mais avec l'aide de la Providence, j'avais sauvé toute ma famille.

Tout autour de nous, habitation, bâtiments, instruments aratoires, récolte et animaux avaient été consumés.

On me conduisit alors avec ma femme et mes enfants, à quelques milles plus loin chez un M. Jeanson qui logeait déjà dans une petite maison quarante-cinq personnes ayant subi le même sort que nous. Je souffrais beaucoup, mais malgré mes souffrances et mon grand malheur, le courage ne me laissa pas.

Encouragé du mieux possible par M. le curé Larocque et par ma bonne épouse qui ne cessa de me prodiguer les soins les plus argents, je me remis péniblement et eut, quelques semaines après, le grand bonheur de recouvrer la vue.

Sans le sou et dénué de vêtements convenables, il me fallait quand même et à tout prix, trouver le moyen d'assurer notre subsistance.

N'ayant plus la force d'endurance que j'avais, mais armé d'un courage à toute épreuve, j'allai demander de l'ouvrage au T. N. O. comme sectionnaire. Ma demande fut agréée, mais je ne pus remplir cette fonction, vu l'état de faiblesse dans lequel je me trouvais. On m'offrit alors une autre position, puis finalement je devins contre-maître."

L'année suivante, M. Bonhomme se lança dans l'assurance-vie. Il travailla durant six ans dans le district de Cochrane pour le compte de la "New York Life Co.", puis joignit la "Northern Life Assurance " de London, Ont. avec bureaux à North Bay. Il y fit un succès, remportant tous les premiers prix décernés aux agents les plus méritants. Plus tard, il prit charge des bureaux de la "Capital Life Co." pour le nord de l'Ontario, et finalement il entra au service de notre institution canadienne-française, "La Sauvegarde", à titre de gérant pour tout le nord d'Ontario.

Durant son séjour à Cochrane, il fut membre de la Société d'Agriculture, président des Commissaires d'écoles et maire de la municipalité, de 1919 à 1921. Patriote convaincu et ardent défenseur des droits de la langue française en Ontario, il est un des membres les plus influents de l'Association canadienne-française de North Bay. Il est chevalier de Colomb et membre du club "Canadian" de North Bay. Sa récréation préférée est la pêche.

M. Bonhomme s'est marié deux fois. Le 11 janvier 1898, il épousait Malvina Gauthier, fille de Télesphore Gauthier et en 1930, il convolait avec Annie Racicot, veuve de Joseph Racicot. Sa famille se compose de six garçons et d'une fille. M. Bonhomme ne s'occupe pas de politique.- Domicile: 74, Est, rue Worthington, North Bay, Ont.

Source : Raphaël OUIMET, éd., Biographies canadiennes françaises, treizième édition, Montréal, 1937, 461p., p. 173. Le texte a été reformaté et les erreurs typographiques ont été corrigées.