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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Yvon RobertChampion du monde à la lutte
On a prétendu en certains milieux, (question de jalousie ou d'ignorance) que les Canadiens-Français n'avaient jamais brillé d'un vif éclat dans le domaine du sport. À ceux-là qui sont imbus de "jaunisme" ou de mauvaise foi, nous recommanderons la lecture en entier, de l'ouvrage intitulé Athlètes Canadiens-Français dont l'auteur est M. E.-Z. Massicotte. Ce sera suffisant croyons-nous, pour faire dissiper tout doute sur la valeur et même la supériorité de nos compatriotes dans presque toutes les branches de l'athlétisme. Et pour justifier davantage notre prétention, nous signalerons brièvement les hauts faits accomplis tout récemment par l'un des nôtres, devenu, à l'âge de 21 ans, champion du monde à la lutte libre. A l'exemple des peuples étrangers qui se glorifient à bon droit des prouesses de leurs sujets, nous, Canadiens-Français, nous nous enorgueillissons à notre tour, de compter parmi nos compatriotes, le plus remarquable athlète de la présente génération.
C'est à Verdun près Montréal, le 8 octobre 1914, que naquit Joseph-Wilfrid-Yvon Robert, du mariage de Georges-Hormisdas Robert, constructeur et fermier, éleveur de purs-sang, et de Alice Lajeunesse, son épouse, fille de Pierre Lajeunesse. Yvon vécut son enfance dans la municipalité voisine, et reçut son instruction des Frères de Saint Gabriel. Tout jeune, il s'inscrivait comme élève mécanicien d'automobiles et forgeron à l'École Technique de Montréal, et après un stage de 4 ans, il était diplômé.
Yvon aimait son métier, mais il affectionnait davantage autre chose, que son père ignorait absolument. Bâti en hercule, doué d'une force peu commune et d'une agilité sans égale, il s'adonnait à la pratique des sports, à l'insu de ses parents. Pour ce faire, il fréquentait plus souvent les gymnases, que 1 École Technique. Or, un de ces jours, le Directeur de l'école, inquiété par les absences par trop fréquentes de son élève, crut bon d'avertir son père qui ne fut pas lent à découvrir l'endroit où son rusé fiston allait passer ses après-midi.
Le gymnase de la "Royal Navy", situé rue Sherbrooke à quelque pas de l'École Technique et celui du Cercle Outre-ont, étaient en effet les lieux de prédilection où il pouvait à son aise, préparer la carrière dans laquelle il devait plus tard s'illustrer. Yvon continua néanmoins ses études, et une fois diplômé mécanicien, il s'adonna plus que jamais à la pratique de tous les sports dans lesquels il ne tarda pas à se distinguer.
Il n'avait alors que 17 ans. Son père, voyant en lui un athlète d'une réelle valeur, lui suggéra de se mettre sous la protection d'un maître en culture physique. Yvon se dirigea donc vers le camp d'entraînement de M. Émile Maupas, à Val Morin et commença aussitôt à suivre un entraînement très sévère mais méthodique. Sous la direction immédiate de M. Maupas, le jeune athlète s'adonna régulièrement à tous les sports, tels la gymnastique, la marche, la natation, la boxe et plus particulièrement la lutte.
Personne autre, mieux que Maupas, savait ce qu'allait devenir son élève. Après huit mois d'un travail incessant, le jeune Robert vint faire ses débuts à Montréal comme lutteur professionnel. Ses premiers succès dans l'arène, électrisèrent l'assistance. On lui fournit plus tard l'occasion de se faire valoir davantage, en lui opposant des adversaires de réputation plus étendue, et toujours notre jeune compatriote s'en tirait de façon éclatante.
A l'âge de 20 ans, Yvon Robert était classé dans la catégorie des célébrités, et une année plus tard, il était proclamé champion des lutteurs poids lourds de l'univers. Depuis trois ans environ, Robert n'a pas livré moins de six cents combats dans l'arène, et sur ce nombre, il n'en a perdu que 15, a fait lutte nulle 20 fois et a triomphé de cinq cent soixante-cinq adversaires. Il a lutté partout en Canada et aux États-Unis contre les plus redoutables athlètes du monde entier.
Mais la plus remarquable victoire de sa carrière, celle qui lui a valu le titre de champion du monde et la possession de la ceinture d'or, fut celle qu'il remporta à Montréal en juin 1936, sur le célèbre lutteur Irlandais Danno Mahoney, alors possesseur depuis deux ans, du titre tant convoité.
Nous ne pouvons publier les noms de tous ceux qu'il a vaincus dans l'arène. Citons cependant au hasard quelques-uns des principaux : Charette, Elzéar, O'Hara, Judson, Dr Linhall, Lotz, McCready, Stalk, McGill, Browning, McCoy, Lewis, Macaluso, Martin, Strack, Bartush, O'Dell, Savoldi, Pears, Stinke, Bolansky, Washburn, Marshall, Cox, Deglanne, Manigoff, Mahoney, etc., etc.
Yvon Robert n'est âgé que de 22 ans, mesure en hauteur, six pieds un pouce, et pèse 220 livres. Il est célibataire et habite chez son père, à 6025, rue Christophe-Colomb.
Il est membre du Cercle Outreont, de la Y.M.C.A. et de l' « Army and Navy » de Boston. Il doit sous peu entreprendre une tournée mondiale.
Source : Raphaël OUIMET, éd., Biographies canadiennes françaises, treizième édition, Montréal, 1937, 461p., p. 255. Le texte a été reformaté et les erreurs typographiques ont été corrigées. On trouvera des renseignements supplémentaires en anglais sur Yvon Robert en consultant la page du Canadian pro Wrestling et en français celle du Réseau des sports.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |