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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
William Johnson
JOHNSON (Sir William) (1715-74), cultivateur, traitant, commissaire, colonel, major-général, commandant en chef, baronnet.
Né en 1715 à Smithtown, comté Meath en Irlande, il émigra en Nouvelle-Angleterre. Son oncle, Peter Warner, lui fit l'offre de la cession de toutes ses propriétés à New-York, à condition de les améliorer par leur exploitation. Toutefois, en 1738, William alla fixer sa résidence sur une terre située à vingt-cinq milles de Corlaer que l'oncle avait appelée Warnersburg : à la culture William ajouta la traite avec les Iroquois. Ceux-ci ne tardèrent pas à l'adopter, selon l'usage, sous le nom de Warraghiaghy ou « chargé d'affaires ». En 1744, son propre père commandait au fort Hunter sur la rivière Mohawh [sic] ou des Agniers : le fils reçut alors du gouverneur de New-York la commission de commissaire des Six Nations iroquoises et de conseiller provincial en 1745. Ayant acquis un immense crédit auprès des Iroquois, le commissaire s'appliqua à s'assurer de leur alliance contre les Français, au début et au cours de la Guerre de Sept Ans : il prit comme officiers les deux frères Butler, qu'il chargea de mener des partis de guerre sur les frontières de la Nouvelle-France. Souvent il tenait conseil avec les Iroquois qu'il s'habitua à gagner par des présents en quantité illimitée : les ayant conquis ainsi, il devint leur chef autorisé et incontesté. Ce plan très habile, facilité par le voisinage, devait tourner contre les négociations tacites des Français.
En 1754, Johnson présida l'assemblée d'Albany; puis, en 1755, au Conseil d'Alexandrie, convoqué le 14 avril par le colonel Braddock, on le nomma major-général et commandant en chef des troupes provinciales et indigènes, soumis au général Shirley. En septembre, à la tete de ces contingents réunis, il infligea au baron Dieskau une défaite inattendue, au lac George. Sa victoire sauva les Colonies de l'invasion française. Le vainqueur reçut les félicitations du Parlement britannique, une gratification de 5.000 louis et, le 27 novembre suivant, le titre de baronnet d'Angleterre. A son arrivée au lac Saint-Sacrement, il le baptisa Lac George, « non seulement en l'honneur de Sa Majesté George II, mais en perspective indubitable de sa domination absolue ». En mars 1756, le monarque le promut colonel et seul surintendant des tribus de l'Amérique du Nord. John Butler fut élevé par lord Loudoun au grade de capitaine, attaché au service de sir William dans la distribution des présents aux Indiens et dans le dessein de maintenir leur fidélité à la Couronne. En 1758, le colonel accompagna sir Abercrombie à Carillon, sans intervenir dans la bataille. Le général Prideaux. en 1759, marcha contre Niagara : Johnson, à sa mort, dirigea le siège avec vigueur appuyé de ses Indiens, qui eurent facilement raison d'une poignée d'assiégés. Il les commandait encore, en 1760, quand l'armée d'Amherst s'empara de Montréal.
La paix, une fois signée, le roi octroya à sir William, toujours surintendant général, une étendue de terres d'environ 100.000 acres, sises au nord de son premier établissement. En 1764, le concessionnaire fit construire un immense édifice en bois appelé Johnson's Hall, origine du village Johnstown, centre du comté de Tryon en 1772. En 1768, le dernier acte du baronnet fut la conclusion du traité au fort Stanwix. Il mourut subitement le 11 juillet 1774.
Source : Louis LE JEUNE, «Sir William Johnson», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 862p., pp. 835-836. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |