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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Thomas Pichon
PICHON (Thomas) (1700-81), employé d'intendance, secrétaire, commissaire ou garde-magasin, traître aux Acadiens et à son pays.
Né à Vire au Calvados, le 20 avril 1700, il étudia le droit; l'on doute s'il fut admis au barreau. Des historiens en ont fait un officier; il ne fut jamais qu'un chevalier d'industrie, affilié à la Cavalerie de Saint-George. En 1741, M. de Breteuil le nomma commissaire des hôpitaux militaires sur le Danube, en Bohême. Promu inspecteur de la manutention en Haute-Alsace, il y connut le comte de Raymond.
Le 19 août 1751, celui-ci l'amena à Louisbourg en qualité de secrétaire. Le 22 septembre 1752, il lui fit rédiger le rapport de sa tournée d'inspection de l'Ile-Royale; mais mis en éveil par certaines indiscrétions, il ne tarda pas à congédier son scribe. Patronné par l'intendant Prévost, l'intrigant fanfaron obtint l'emploi de Commissaire des vivres au fort Beauséjour. Ses aptitudes d'homme de bureau lui gagnèrent les sympathies du commandant Vergor et de l'abbé Le Loutre ; ils lui confiaient documents et correspondances officielles. Le traître lia des relations avec le capitaine Scott, commandant anglais au fort Lawrence et s'empressa de lui communiquer toutes les pièces confidentielles qui lui passaient entre les mains; il n'hésitait pas, selon la remarque du capitaine Hussey lui-même, à truquer les documents pour leur donner un caractère odieux et exciter davantage les susceptibilités britanniques. Les officiers de Saint-Laurent et Barallon soupçonnaient et surveillaient de près le traître : M. de Langis eut avec lui une rencontre et resta sur le terrain. C'est en novembre 1754 que fut transmise la lettre de Du Quesne à l'abbé Le Loutre, datée du 15 octobre, laquelle produisit une vive émotion au camp anglais et hâta le dénouement du drame. Lawrence la reçut et en tira parti.
C'est ainsi que, muni d'indications fort précises, le colonel Monckton put s'emparer en un tour de main du fort Beauséjour, le 16 juin 1755. Pichon prisonnier se fait conduire à Halifax avec les officiers de la garnison : il y continua son rôle d'espion au détriment de ceux-ci. Après la chute de Louisbourg, il alla à Londres mener une joyeuse vie, doté d'une pension de 200 liv. sterling. Il épousa, en 1757, Marie Le Prince de Beaumont, qui ne put jamais le décider à passer en France.
En 1760, Pichon publia sous l'anonymat à Londres, et à Paris l'année suivante : Lettr. et Mém. pour servir à l'Hist. natur., civile et polit. du Cap-Breton, depuis son établissement jusqu'à la reprise de possession de cette île par les Anglais, en 1758. Il vécut à Londres, puis à Jersey, sous le nom de Thomas Tyrrell; il mourut à Saint-Hélier en novembre 1781, ayant légué à la ville de Vire sa bibliothèque de 3.000 volumes, avec ses nombreux manuscrits et son portrait.
Source : Louis LE JEUNE, «Thomas Pichon», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 829p., p. 441. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |