Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juillet 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Robert Stobo

 

STOBO (Robert), marchand, capitaine, prisonnier, espion, capitaine d'infanterie, au­teur de Mémoires.

 

Il était fils de William Stobo, négociant de Glasgow (Ecosse). Né en 1727, il était d'une délicate constitution et se plaisait encore jeune à battre du tambour, à manier le fusil, entouré de ses compagnons de jeu. Son père mourut en 1740, quand Robert entra à l'Université « pour une saison ou deux ».

 

Puis soudain, il s'embarqua pour la Virginie, où il fut garçon épicier chez des marchands originaires de Glasgow. En 1747, il retourna dans sa ville natale et vendit à l'encan les propriétés de son père. Il put acheter avec le produit un stock de marchandises variées et il mit à la voile pour tenter fortune en Virginie. Il s'appliqua à tenir table ouverte à ses amis et ne tarda guère à se rendre populaire.

 

En 1754, quand les Virginiens résolurent de lutter contre les prétendus empiètements des Français sur leurs frontières, le gouvernheur Dinwiddie improvisa Stobo capitaine d'un régiment provincial. S'il faut en croire ses Mémoires, le capitaine « se procura un véhicule couvert et fermé, où il empila tout ce qui était nécessaire aux agréments d'une expédition à travers monts, vallées, bois et prairies; il tenait table ouverte aux soldats dans ces régions désertes, abondantes d'ailleurs en gibier, qu'il aimait ensuite à arroser d'un bon vin de Madère ».

 

Quand George Washington capitula au fort Necessité, dont Stobo avait été lui-même l'ingénieur, le commandant fran­çais, M. de Villiers, réclama deux otages, qui furent Robert Stobo et Van Braam. On les interna au fort Du Quesne. Là, Stobo employa ses loisirs à en dresser le plan, qu'il signa et fit parvenir avec des let­tres au colonel Braddock. Lorsque celui-ci fut tué, ses papiers tombèrent en­tre les mains des vainqueurs et parmi eux le plan du fort, portant la signature de Stobo. Ce dernier fut dès lors transplanté d'une pri­son à une autre, jusqu'à sa détention à Québec. En 1756, il réussit à s'en évader et l'on promit 6.000 liv. à quiconque opérerait son arrestation. L'on fit la battue dans les bois et le traître fût réintégré dans un donjon du Château.

Un rapport de ses agissements fut communiqué au ministre qui ordonna de le traduire en cour martiale : la sentence édicta la peine de mort. Le procès fut transmis au roi pour confirmer le verdict; dans l'intervalle, le condamné fut transféré à la prison com­mune. Il sut s'y faire des amis et peu à peu on lui accorda plus de liberté; il se rappro­cha ainsi de certains personnages influents de la place. On le transporta de nouveau dans une maison proche des remparts, pro­bablement celle qui dominait la rivière Saint-Charles, employée à cette époque à l'usage des prisonniers de guerre.

 

D'après ses Mémoires, il dut cette faveur à la fille d'un officier supérieur, qui voulut bien s'intéresser à son sort. Là, il rencontra le lieutenant Stevenson des troupes métisses, fait prisonnier à Beauséjour. Tous deux tra­mèrent leur évasion. Un troisième prisonnier, nommé Clark, converti au catholicisme, et jouissant, à ce titre, d'une plus grande li­berté, entra aussi dans le complot.

 

Stobo, avec beaucoup de difficulté, réussit à faire sauter un barreau de fenêtre et s'échappa, le 30 avril 1759. A la rivière Saint-Charles, il retrouva ses affidés, Clark étant accompagné de femme et enfants. Tous s'embarquaient dans un canot, se cachant le jour dans les bois, voyageant la nuit, jusqu'à atteindre Kamouraska. Là, on s'empara d'un bateau à quatre rames; puis, grâce à un pavillon blanc, d'une goélette et de son équi­page, qui leur permit de se rendre à Louisbourg vers la fin de juin. (Mémoires, pp. 17-65.)

 

Le 1er juillet, Amherst reçut une lettre du gouverneur Whitmore de Louisbourg, l'informant de l'évasion de Stobo et lui apprenant qu'il enjoignait au réfugié de se rendre de­vant Québec, où il pourrait être utile aux projets de Wolfe. (Arch. Can., vol. 213.)

 

Stobo arriva à Québec vers le 10 juillet et y fut d'une indubitable utilité. Il semble avoir correspondu avec quelques personnes relativement aux mouvements des troupes. Le Journal du curé Récher l'affirme en ces termes : « Chose étrange ! Une dame prison­nière des Anglais m'a assuré que M. Stobo lui avait montré une lettre qu'un homme de Québec, Français ou Canadien, écrivait aux Anglais pour les informer de ce qui se passe chez nous » (V. Bull. des Rech. Hist., année 1903).

 

Il était assurément en état de signaler le site de plusieurs entrepôts. Le 7 septembre, on lui confia la périlleuse mission de porter des dépêches au général Amherst. Le 10, il tomba entre les mains d'un corsaire, mais il réussit encore à s'évader et atteignit Crown Point, en octobre (V. Siege of Québec, vol. VI). Les Anglais lui étaient sans doute reconnaissants des renseigne­ments obtenus par lui, sans approuver les méthodes dont il usait pour se les procurer, au moins en apparence.

 

Le 5 juin 1760, Stobo fut promu capitaine au 15e régiment d'infanterie et son nom pa­raît dans le Rôle de l'Armée en 1770. Dans la suite, il n'en est plus fait mention dans les annales de l'histoire. (Memoirs of Major Robert Stobo, of the Virg. Regiment, Pittsburg, 1854.)

 

Source : Louis LE JEUNE, «Pierre Pouchot», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  829p., pp. 664-665.

 
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