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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Pierre-Joseph de Celoron
CELORON (Pierre-Joseph de), sieur de Blainville (1693-1759), enseigne, lieutenant, capitaine, commandant, chevalier de Saint-Louis, major.
Né à Montréal, le 29 décembre 1693, il était le cinquième des enfants de Jean-Baptiste Céloron de Blainville. En 1712, son père sollicita en sa faveur une expectative d'enseigne qui lui fut accordée en 1715. Le 5 février 1731, l'enseigne était promu lieutenant. En 1737, le lieutenant était nommé commandant à Michillimakinac et capitaine, l'année suivante. En 1739, on le détacha de son poste pour accompagner le baron de Longueuil, qui portait secours à son frère de Bienville contre la tribu des Chicachas. « M. de Céloron, écrit M. Ferland, partait avec 200 Français et 300 Sauvages... Le 21 février 1740, il attaqua vivement l'ennemi et mit 36 hommes hors de combat, n'ayant de son côté que 5 Sauvages blessés, ainsi que les sieurs de Gannes et de la Chauvignerie. » Les Chicachas acceptèrent le traité de paix. Le 17 mai 1741, M. de Céloron était décoré de la croix de Saint-Louis.
A l'automne de l'année suivante, on le transféra du commandement de Michillimakinac à celui de Détroit, à la place de M. de Noyan; puis, en 1774, au fort Niagara, où le fermier de la traite déposa contre lui des plaintes qui furent écoutées des administrateurs. Le commandant fut envoyé au fort Saint-Frédéric en 1747. En 1748, on le chargea de conduire au Détroit un convoi important, composé de 100 Français, de 12 Sauvages et d'un grand nombre de coureurs de bois. L'année suivante, M. de La Galissonnière le choisit pour commander une expédition et aller prendre formellement possession, au nom du roi, de la vallée de l'Ohio, que les commerçants anglais ne cessaient de fréquenter. Les instructions portaient qu'il devait parcourir l'immense vallée, aller chez les différentes nations qui l'habitaient, les amener à rester fidèles à la Couronne et à ne laisser désormais aucun Anglais venir commercer parmi elles. Il devait aussi, comme marque de la prise de possession, déposer en terre, en divers endroits, des plaques de plomb gravées aux armes de la France. M. de Céloron partit de Lachine, le 15 juin 1749; il avait sous ses ordres 8 officiers, 5 cadets, 20 soldats réguliers, 180 Canadiens et 30 Sauvages abénaquis et Iroquois. L'aumônier était le Père Jésuite Bonnécamps. Il était au fort Frontenac le 27 juin et à Niagara le 6 juillet. Le 16, il atteignit le portage de Chatakuin, sur le lac Erié. Remontant ensuite la Belle-Rivière, les rivières à la Roche, Blanche, etc., il eut des conférences avec les Chaouanons, les Loups, les Miamis, les Iroquois, les Kikapous. Le 10 novembre, l'expédition était de retour à Montréal. Le commandant rédigea une relation fort intéressante de son périlleux voyage qu'il intitula : « Journal de la campagne que moi, Céloron, chevalier de Saint-Louis, capitaine, commandant un détachement envoyé dans la Belle-Rivière par les ordres de M. le marquis de La Galissonnière ». M. Céloron reçut de nouveau le commandement du Détroit, de 1750 à 1754. On le changea d'office en raison de certaines dénonciations concernant la traite. Il fut promu à la majorité de Montréal, où il mourut le 12 avril 1759.
Il avait d'abord épousé, le 30 décembre 1724, Marie-Madeleine Blondeau, qui mourut le 1er juin 1733; ensuite, le 13 octobre 1743, Catherine Eury de La Pérelle : il eut de la première cinq enfants et dix de la seconde. Entre autres :
Pierre-Joseph, né à Montréal le 4 août 1726, enseigne en second (1742) et en pied (1749), lieutenant (1755), en garnison au fort Frontenac (1759), chevalier de Saint-Louis (1761), passé en France, major à Saint-Domingue (1767), major des officiers du Canada en Touraine (1774); membre de l'Assemblée nationale (1789) : il avait épousé à Tours, Élisabeth-Marguerite Abraham, veuve de J.-B. Préjent, seigneur de Breuil et autres lieux (1785), décédé à Tours (juin 1801);
Maurice-Régis, né le 19 mars 1728, volontaire au fort Saint-Frédéric (1744), écrivain de roi à Montréal (1745), employé au bureau des constructions à Québec (1747) et à Brest (France) en 1750, fait prisonnier à bord de l'Espérance (1755) et interné à Plymouth (1756-57), de garnison en Bretagne (1760), à l'arsenal de Brest (1764), au fort de Concarneau (1766), commissaire de la marine au Conquet (1774), doté d'une pension de 1.000 livres (1779) : il vivait encore en 1801; Jean-Baptiste, né le 15 septembre 1729, officier dans les troupes de la marine, enrôlé contre les Américains (1779) et passé dans leurs rangs à Détroit (1780);
Pierre-Hyacinthe, né le 26 mai 1732, chevalier de Céloron, enseigne (1751), enseigne en pied (1756), lieutenant (1760), relevé du service (1769) pour ses blessures reçues au fort Lévis en 1760;
Marie-Catherine (1744-1809), religieuse à l'Hôtel-Dieu de Montréal;
Pierre-Joseph, consanguin des précédents, né à Montréal le 1er juin 1747, cadet à l'aiguillette (1759), fait prisonnier en 1760 et conduit à New-York, passé en France, sous-lieutenant à Saint-Domingue (1767), lieutenant (1770), capitaine (1783), aide-major (1785), élu membre de la noblesse (1789), lieutenant-colonel (1792), chevalier de Saint-Louis (1788), marié (1794) à Tours à la veuve de Louis Vaugelade : il mourut, le 2 février 1803, aux Invalides, sa résidence depuis 1796;
Paul-Louis, né le 2 mars 1753, suivit en France ses frères et soeurs (1763), cadet à Rochefort (1774), sous-lieutenant à la Martinique (1775), sert dans l'armée américaine (1778), capitaine, aide-major à la Guadeloupe (1783-93) : il épousa Blanche de Gadmans, qui lui donna un fils, nommé Paul-Louis-Georges, qui vécut à la Basse-Terre (1788-1847).
Source : Louis LE JEUNE, «Pierre-Joseph de Celoron», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 862p., pp. 332-333. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |