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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Michel Le Courtoissieur de Surlaville
SURLAVILLE (Michel Le Courtois, sieur de) (1714-96), sous-lieutenant, aide de camp, lieutenant, aide-major, colonel, commandant, aide-maréchal des logis, lieutenant-général des armées.
Il naquit à Bayeux (Normandie), le 17 juillet 1714. Son père était avocat. Par sa mère, Charlotte de Biais, il appartenait à une ancienne famille noble de Provence. Les Le Courtois étaient des hommes de robe, mais le jeune Michel ne se sentit aucun attrait pour les études de droit et se voua à la carrière des armes.
Grâce à de fortes études, à d'excellentes qualités militaires et à de hautes protections dont il sut s'entourer, il parvint à obtenir de l'avancement dans l'armée. En 1734, sous-lieutenant au régiment de Foix, il fut employé en qualité d'aide de camp du comte d'Estouteville, maréchal de camp qui servait dans l'armée du Rhin. Il était au siège de Philipsbourg, où périt le duc de Berwick (1734). Passé, l'année suivante, avec son grade, dans la régiment de la Couronne, qui faisait campagne clans cette même armée, il figura à l'attaque, puis à la défense des îles du Rhin et à l'affaire de Clausen.
La guerre avait recommencé en 1741, il fit avec son régiment la campagne d'Allemagne. Nommé aide-major en 1742, il se trouva à la défense de Landau et fut légèrement blessé à la bataille d'Isor. En 1745, revenant de l'expédition de Flandre, il fut promu capitaine et décoré de la croix de Saint-Louis, quelques jours après la victoire de Fontenoy, en considération de sa bravoure. Blessé de nouveau devant Bruxelles, il fut élevé au grade de major d'une brigade de milice, qui faisait la campagne de Flandre. Il se trouva à la bataille de Lanfeldt, au siège de Bergop-Zoom et à celui de Maëstricht (1748), où il reçut encore quelques légères blessures. En 1749, son mérite lui valut d'être l'un des quatre aides-majors de brigade dans le corps des grenadiers de France, alors en formation.
En 1751, avant de s'embarquer pour l'Ile-Royale, il fut promu colonel avec le commandement de toutes les troupes. Il accompagnait le nouveau gouverneur, comte de Raymond. Il avait ordre de discipliner et d'exercer, pendant trois ans, les garnisons qui s'étaient révoltées, l'année précédente, et de faire sur les côtes de l'île et des parages environnants, des reconnaissances pour en désigner les points faibles, susceptibles de défense.
Le gouverneur le délégua, au lendemain des fêtes de réception, à Halifax auprès de Cornwallis, afin de l'informer de son arrivée et de ses instructions. M. de Surlaville se rendit compte de tout dans la capitale de la Nouvelle-Ecosse. Apparemment à Louisbourg, son administration produisit des résultats immédiats. En inspectant les fortifications, il trouva les travaux dans un état pire qu'il ne s'y attendait. Passant en revue les troupes, il constata l'impéritie des soldats, qui ne savaient ni manier, ni porter un fusil, causant entre eux dans les rangs, vêtus d'uniformes usés et sales. Il multiplia le nombre des exercices et y fit participer les cadets eux-mêmes. Il mit en vigueur les règlements de rentrée à la caserne, le soir, et il aboutit, en peu de temps, à de notables améliorations. Il fixa le prix d'achat des articles, que vendaient les officiers aux subalternes, et critiqua fortement leurs misérables uniformes, des pieds à la tête. Il avait l'oeil ouvert sur les magasins du roi, voulant relever la condition des officiers eux-mêmes et de leurs inférieurs. Ses mémoires au ministre révèlent un chef militaire actif, intelligent, expérimenté, qui séjourna trop peu de temps à Louisbourg pour réaliser au complet les réformes les plus urgentes. Toutefois, il est regrettable de rencontrer dans sa correspondance un commentaire sévère, acerbe, méticuleux des lettres du gouverneur et d'autres officiers : sa collection des « soixante-six sottises » du comte de Raymond trahit la mentalité d'un bouffon malveillant. Il fut rappelé en 1753-54.
A son retour, il servit encore dans l'armée du Rhin. Puis il fut nommé inspecteur-général du littoral de la Méditerranée. On le dota d'une pension de 800 livres. Il se distingua durant la guerre de Sept Ans. En 1761, il fut promu aide-maréchal des Togis et, l'année suivante, major-général, en vertu de la protection de M. de Choiseul. Enfin, en 1781, on lui conféra le grade de lieutenant-général des armées du royaume.
La Révolution le trouva à Paris. Il y fut arrêté pendant la Terreur et aurait péri sur l'échafaud, si la chute de Robespierre n'avait mis fin aux horreurs de ce régime abject. Il mourut le 8 janvier 1796.
Source : Louis LE JEUNE, «Michel Le Courtois sieur de Surlaville», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 829p., pp. 678-679. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |