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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Luc Letellier de Saint-Just
LETELLIER DE SAINT-JUST (Luc) (1820-1881), notaire, homme politique, sénateur, lieutenant-gouverneur de la Province de Québec.
La famille était originaire de Saint-Quentin, dans l'Aisne. François Letellier, soldat de la compagnie de Fonville des troupes du détachement de la marine, vint au Canada avant 1740. Fils de Michel et de Marie Méligne, il épousa à Québec, le 25 janvier 1740, Marie-Joseph L'Arrivée; puis en secondes noces, à Québec, le 26 août 1743, Marie-Françoise Pelletier. Le 1er octobre 1740, le gouverneur et l'intendant écrivaient : « Nous avons donné congé absolu et permission de se retirer des troupes au nommé François Letellier de Saint-Just, soldat de la compagnie de Fonville, pour rester en cette colonie y étant marié et établi. » -- Saint-Just-Sauvage est un bourg d'environ 1,300 âmes dans la Marne, non loin de Saint-Quentin. De sa seconde union, François eut, entre autres enfants, Michel, né à Saint-Vallier le 28 février 1750. En 1773, il épousa Louise Moreau qui lui donna plusieurs enfants; en 1800, élu député de Herford, il siégea à la Chambre d'Assemblée jusqu'en 1804 et mourut à Saint-Vallier, le 27 octobre 1834.
Son fils, nommé François, se fit recevoir notaire et s'établit à la Rivière-Ouelle, où il épousa Marie-Sophie Casgrain, fille du seigneur de la Bouteillerie, le 5 juillet 1814. Leur fils Luc naquit le 12 mars 1820 et fit ses études classiques au collège Sainte-Anne-de-la-Pocatière et au séminaire de Québec, où il obtint ses diplômes en 1837. Ayant opté pour le notariat, il fut admis à la pratique en 1841. En 1851, il est élu député de Kamouraska à l'Assemblée législative; puis de nouveau, en 1852 et en 1857. Du 31 octobre 1860 au 1er juillet 1867, il est promu membre du Conseil législatif; du 16 mai 1863 au 29 mars 1864, il fait partie du ministère MacDonald-Dorion qui lui ont dévolu le portefeuille de l'Agriculture. Le 22 mai 1867, nommé sénateur pour la division de Grandville, il résigne son siège le 14 décembre 1876.
Le même jour, il est choisi pour lieutenant-gouverneur de la Province de Québec jusqu'au 25 juillet 1879. Le 25 février 1878, il communiqua une note au premier ministre conservateur Charles-Eugène de Boucherville, dans laquelle il le blâmait d'avoir sollicité de la législature des subsides et des taxes sans son autorisation préalable, d'avoir présenté certains projets de loi sans son assentiment, d'avoir lancé une proclamation qui ordonnait des prières d'action de grâce sans son avis, enfin d'avoir manifesté une insouciance habituelle à l'égard des prérogatives légales d'un officier civil supérieur. M. de Boucherville lui opposa la bonne foi et ses démarches antécédentes sur ces divers points. Dans sa réplique, le gouverneur ne mettait pas en doute la bonne foi, mais il maintenait ses griefs invoqués et lui retirait sa confiance : c'était forcer le ministère à donner sa démission. Ce qui eut lieu en effet. Cet incident, entre deux leaders de politique opposée, souleva une question de principe, et devant le marquis de Lorne, gouverneur général, qui en référa au Secrétaire colonial par l'envoi de deux mandataires, sir Hector Langevin et sir John Abbot, et devant le ministère fédéral de sir John MacDonald, qui réclamait la déposition du lieutenant-gouverneur. Il fut démis de ses fonctions par le gouverneur général en Conseil, le 25 juillet 1879. M. Letellier mourait le 28 janvier 1881. Il avait épousé, le 9 février 1848, Eugénie Laurent, décédée en 1876.
Source : Louis Le Jeune, Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 829p., pp. 146-147.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |