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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Les AcadiensLa renaissance acadienne
[Ce texte a été rédigé par Louis-Marie Le Jeune, o.m.i.; il fut publié dans son Dictionnaire en 1931. Pour la citation exacte, voir la fin du texte. Pour une courte biographie du Père Le Jeune et une discussion de la valeur de son Dictionnaire, voir ce texte.] 6. Renaissance . - Selon M. Rameau, les épaves du naufrage comprenaient (1766-68), « de Restigouche à Shediac, environ 1,000 personnes restées au pays, 400 à l'île Saint-Jean, sur 4,000 au moins, autant au Cap-Breton et à Canso, à Halifax et aux environs 700 à peu près, plus 300 à 400 épars çà et là sur le littoral ou dans les bois : total de 2,800 Acadiens sauvés ». Ce fut le germe principal de la reviviscence de ce petit peuple. En 1764, les instructions royales autorisent les anciens habitants à rentrer comme colons, au même titre que les sujets anglais, et moyennant le serment d'allégeance commun. Au printemps de 1766, Michel Franklin, lieutenant-gouverneur, sage et loyal administrateur, inaugure ses dix années de féconde restauration. La caravane du Massachusetts opère son retour à travers le Maine si accidenté jusqu'à la baie de Fundy et à Shédiac, au prix de périls, de fatigues, de privations inouïes que leur eût épargné le transport par voie océanique. Environ 50 à 60 familles descendent au site enchanteur d'Annapolis, où elles furent plus mal accueillies qu'ailleurs : 120 vont s'installer sur la rivière Petcodiac et Memramcook; d'autres sont rejetées sur la baie Sainte-Marie, Yarmouth, à Pubnico sur la plage de Tousquet. Des survivants de la vieille famine d'Entremont se virent remis en possession de leur domaine primitif, au moins en partie (1767-72). Sur l'isthme de Chignectou et au Nord, on fonde peu à peu de nouvelles localités : Le Barachois, Cocagne, Bouctouche, Tracadie, etc; Miramichi Caraquet, Miscou, Nipisiguit (Bathurst) sont fréquentés pour la pêche; Memramcook, Petcodiac, Menondy attirent les agriculteurs; partout reparaît le mouvement, la vie, la prospérité relative. Des réfugiés reviennent en nombre du Canada, des îles, de Terre-Neuve, revoir le sol natal, s'y implanter de nouveau, pauvres mais réconfortés par les souvenirs traditionnels, l'usage de leur langue, l'incomparable pureté de leur morale, l'indéracinable attachement à leur foi religieuse. Et en dehors de la N.-E. et du N.-B., de la baie des Chaleurs et de Gaspé, les Acadiens remontent la Madawaska, où les armes des Indiens ont protégé leurs frères durant la tourmente, reconstituant ainsi une colonie bientôt prospère sur le haut Saint-Jean et ses confluents.
M. Rameau répartit les Acadiens en huit groupes nouveaux, bien que parfois noyés dans les régions accaparées:
En 1812, ces divers centres comptaient déjà une population de 11,630 âmes. Bien que dispersée en Amérique et en Europe, la postérité n'a cessé de se perpétuer; elle ne saurait donc se limiter aux 200,000 âmes des Provinces Maritimes, puisqu'elle a produit des rejetons en France, à Terre-Neuve, en Louisiane, aux Etats-Unis, au Canada, depuis le Labrador jusqu'à la Colombie (V. E. Lauvrière, t. II). Retour à la page sur les Acadiens
Source : LE JEUNE, L., « Les Acadiens », dans Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. 1, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 862p., p. 15. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |