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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Jacques Le GardeurSieur de Saint-Pierre
SAINT-PIERRE (Jacques Le Gardeur, sieur de) (1701-55), enseigne, lieutenant, commandant, capitaine, chevalier de Saint-Louis.
Jean-Paul Le Gardeur de Repentigny prit le titre de Saint-Pierre; il naquit à Ville-Marie le 4 octobre 1661, entra dans les troupes et devint lieutenant réformé en 1690; les administrateurs le qualifiaient de l'épithète de « crapuleux ». Le rapport militaire de 1701, rédigé par M. de Callières, affirme qu'il fut fait lieutenant en 1689 et qu'il servait encore en cette qualité. Le 15 septembre 1692, il se maria à Repentigny avec Marie-Joseph Le Neuf de La Vallière et en eut cinq enfants : Marguerite (1693), mariée à Henri Hiché; Agathe (1696-1729), mariée (1727) à Charles Nolan.
Jacques naquit à Ville-Marie le 21 octobre 1701. Dès l'âge de quinze ans, il commença sa carrière chez les indigènes; puis, il entra au service dans les troupes. En 1732, il est enseigne et, en 1735, nommé commandant du fort Beauharnois chez les Sioux, sur le lac Pépin jusqu'en 1737. Devenu lieutenant, il commanda, la même année, une compagnie détachée, pour voler au secours de M. de Bienville, qui allait soumettre les Chicachas en Louisiane ou le Mississipi; on assure qu'il érigea un poste sur la rivière des Yazous, dans l'Alabama actuel. En 1745, il conduisit un parti d'éclaireurs au fort Saint-Frédéric : et de là, il prit la route de l'Acadie. En 1747, on lui confia le commandement du poste le plus considérable sur les grands lacs, le fort de Michillimakinac.
En 1749, on le désigna comme successeur à M. de Noyelles, successeur ou héritier lui-même de la tâche de M. de La Vérendrye. Le chevalier François, fils de ce dernier, semblait le personnage le plus méritant et le mieux informé dans l'Ouest. On choisit M. de Saint-Pierre, bouillant officier qui avait dû évacuer le fort Beauharnois, à la suite du massacre du Lac-des-Bois. Le chevalier, écrit le Père Morice, demanda à servir sous lui. M. de Saint-Pierre s'y refusa. Il fit de sincères efforts pour amener les indigènes à cesser leurs dissensions mutuelles. Mais ses manières personnelles n'étaient guère conciliantes. Au lieu d'atteindre son but, il s'aliéna les sympathies des naturels, restés loyaux à M. de La Vérendrye, alors même que cet officier avait cru devoir leur donner le même conseil.
M. de Saint-Pierre était capitaine et avait pour lieutenant le chevalier Boucher de Niverville; il lui donna ordre d'aller établir un poste à trois cents lieues plus haut que le fort Postoyac, en 1750. Il devait le rejoindre; mais la lutte réciproque des Sauvages vint l'arrêter à temps. Le 22 février 1752, il se trouvait au fort la Reine avec cinq hommes seulement, les quatorze autres étant partis à la chasse, quand environ 200 Assiniboines envahirent son établissement; il les gourmanda vivement et mit de force à la porte quatre des intrus. Un soldat vint bientôt l'avertir que la bande s'apprêtait à le tuer. Aussitôt le capitaine saisit un tison et, entrant dans la poudrière brusquement, il y défonça l'extrémité de deux barils. « Tuez-moi, s'écrie-t-il, je ne mourrai pas seul ! » Et il feignit d'y appliquer le tison : les Peaux-Rouges de décamper à la hâte. En juillet, M. de Saint-Pierre partit pour le Grand-Portage de l'Est avec tous ses gens et sa cargaison de fourrures, confiant le fort à la garde d'un groupe d'Assinihoines amis : quatre jours après, le fort la Reine était réduit en cendres. Ayant hiverné à la Rivière-Rouge, il retourna à Montréal le 20 septembre 1753.
On l'envoya sans délai au secours de M. de La Malgue de Marin, sur la rivière Ohio : il trouva l'officier mort à la Rivière-aux-Boeufs. En décembre, le major et célèbre Washington vint le sommer, au nom du gouverneur de la Virginie, Dinwiddie (1752-58), de se retirer de ces régions. Le commandant français le reçut avec courtoisie, et, au bout de trois jours, il lui remit la réponse au gouverneur : sa lettre est un modèle de fermeté militaire et de noblesse chevaleresque (15 décembre 1753) (V. Bull. des R. h., année 1899).
De retour au Canada, ayant cédé le commandement à M. de Contrecoeur, il fut mis en 1755 à la tête des Sauvages alliés qui étaient versés comme éclaireurs dans le corps commandé par le général Dieskau.
Il fut tué dans le premier engagement de la bataille du lac George, le 8 septembre.
Il avait épousé à Québec, le 27 octobre 1738, Marie-Joseph Guillemin qui ne lui donna aucune postérité. M. P. Margry a consigné ses Lettres au tome VIe de ses Découvertes.
Source : Louis LE JEUNE, «Jacques Le Gardeur, Sieur de Saint-Pierre», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 829p., pp. 603-604. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |