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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
L'honorable J.-Édouard Perrault, C. R.Ministre de la Voirie
Un cerveau! un caractère!... Intelligence et décision, tels sont les termes qui caractériseraient le mieux, en leur portée synthétique, la personnalité de celui à qui le gouvernement de Québec confiait, en avril 1929, la lourde administration de la voirie provinciale.
C'est une grande incertitude que représente le jeune homme de vingt ans sur qui se referment les portes de l'établissement secondaire, serre-chaude où germent toutes les opinions, scène où se dessinent tous les caractères. Et les vieux professeurs, blanchis à la tâche se demandent avec anxiété ce qu'il en sera de réalité de tant d'espoirs entrevus.
L'honorable M. Perrault n'aura pas déçu les siens. Dans les notes qu'il a bien voulu nous fournir pour cette esquisse, il ne rappelle aucun souvenir de collège, il est vrai, mais nous serions fort étonnés si, dès lors, il n'a pas été celui dont on chuchote en famille qu'il apprend tout ce qu'il entend et obtient tout ce qu'il veut... L'honorable M. Perrault représente essentiellement l'homme de culture générale aux facultés développées dans l'harmonieux équilibre à quoi tend notre enseignement, sept et peut-être neuf fois séculaire, que l'on décrie souvent, mais sans raison, du moment qu'il porte sur des sujets appropriés. Et nous nous expliquons.
Fils d'un avocat, qui fut membre du Parlement de son pays, celui qui fait l'objet de ces lignes était logiquement destiné à un poste de commandement. Une fois nanti des brevets d'une profession qu'il devait au reste fort dignement remplir - les charges qu'il y a remportées en font foi - armé d'une culture générale qui lui permet à l'occasion d'analyser les conceptions du président d'une grande république comme de définir de quelques traits l'oeuvre d'un de nos principaux historiens ou encore de tracer le programme d'avenir de toute une branche de l'administration de l'État, M. Perrault restait au surplus le dépositaire d'une tradition puisque aussi bien il fut entraîné dès son enfance, au foyer paternel, à entendre élaborer les problèmes les plus généraux. Ce fut si bien cela qu'un de ses frères est juge en chef de la Cour des Sessions à Montréal, un autre, professeur et non des moindres - à l'une de nos facultés de droit de l'Université de Montréal. C'est justice de noter au surplus qu'à ses remarquables dons naturels, l'honorable M. Perrault joint une probité, universellement reconnue.
Né à la Malbaie, le 30 juillet 1874, du mariage de Joseph-S. Perrault, avocat, et qui fut député aux Communes, du comté de Charlevoix, et de Louise Brault, il fit ses études au Collège Ste-Anne, au Séminaire et à Laval de Québec. Admis au Barreau en 1898, il pratiqua seul jusqu'en 1904 alors qu'il s'associa son frère, M. Gustave Perrault. En 1920, il forma la présente société légale Perrault et Girouard d'Arthabaska. Élu bâtonnier du Barreau d'Arthabaska en 1910, il fut réélu en 1917 et en 1921 alors qu'il fut porté bâtonnier général de la province de Québec.
Élu en 1916 député du comté d'Arthabaska à l'Assemblée législative, il fut réélu en 1919, en 1923 et en 1927. En 1923, il avait été élu le premier député du comté d'Abitibi, siège qu'il résigna la même année pour conserver celui d'Arthabaska. Ministre depuis le 25 août 1919 de la colonisation, des mines et des pêcheries, il prenait charge le 24 avril 1929 du ministère de la voirie, avec lequel il était déjà familier puisque depuis sept années, il le représentait à la Chambre des députés. Son passage au premier ministère qu'il occupa sera durable puisque la province lui doit l'agrandissement de l'Abitibi et du Témiscamingue et de divers autres centres, et tous s'accordent à dire que dans d'exploitation de nos districts miniers, il fut un précurseur avec les vues d'un économiste.
Un temps, échevin, et dix ans président de la Commission scolaire d'Arthabaska, l'honorable M. Perrault est encore commandeur de l'Ordre du Mérite agricole, gouverneur à vie de l'association protectrice du poisson et du gibier, docteur en droit de l'Université Laval, membre du Conseil honoraire de l'École des Hautes Études de Montréal, commandeur de la Couronne de Belgique, chevalier de la Légion d'Honneur, membre du Club de la Garnison, du Cercle Universitaire, du University Club et du Club de Réforme de Montréal, président honoraire ex-officio du Club de la voirie.
Amateur de sports, il fut fervent de la crosse et du tennis. Sa récréation favorite aujourd'hui: la pêche. Le 29 juin 1908, il épousa Madeleine Richard, fille de feu Auguste Richard, industriel et philanthrope bien connu, et d'Albertine Rivard, celle-ci la soeur de l'honorable Adjutor Rivard, juge à la Cour d'Appel et littérateur de renom.
En politique: libéral. Étude et résidence: Arthabaska, Qué.
Source : Raphaël OUIMET, Biographies canadiennes-françaises, Neuvième année, Montréal, 1930, 500p., p. 27.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |