Quebec History Marianopolis College


Date Published:
2004

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Fridolin Roberge

Chef technicien à l'École Technique de Montréal

 

Fridolin Roberge, expert en technologie de réputation très étendue, naquit à Montréal, le 16 mars 1864, du mariage de Philippe Roberge, cordonnier, et de Vitaline Croteau, son épouse, fille de Louis Croteau. Dès sa plus tendre enfance, (il n'avait que quatre ans) il quittait la métropole à destination de Watertown, New York, où son père allait établir son foyer.

 

Peu favorisé, pécuniairement parlant, le jeune Roberge reçut son instruction dans les écoles publiques qu'il fréquenta assidûment jusqu'à l'âge de 16 ans. Imbu de l'amour du travail, avec l'avantage d'une belle intelligence, il ne tarda pas à mettre à profit les connaissances qu'il avait acquises au cours de ses études. En 1880, on le retrouve à Montréal où il est venu apprendre le métier de machiniste. Il suit tout d'abord les cours de dessin, le soir, à l'École des Arts et Métiers, puis entreprend le cours complet par correspondances d'ingénieur-mécanicien, de l' "American School of Correspondance", affiliée à l'Université de Chicago.

 

En 1881, il débute chez "Butterfield & Spencer", y fait un apprentissage de trois ans, puis joint la "Union Machine Works" chez laquelle il fera un stage de deux autres années en qualité de mécanicien. En 1886, il est à l'emploi de Brissette & Comtois, et en 1888, il s'établit à son propre compte en société avec John Shepherd, sous la raison sociale de Roberge & Shepherd.

 

Trois ans plus tard, en 1891, on le retrouve à la "Laurie Engine Co.", puis en 1893, avec la "Dominion Tubular Lamp Co." où on lui a confié l'outillage de l'usine. En 1894, il passe à la Canadian Composing Co. fabricants des machines à composer "Monoline", y occupe les fonctions d'instructeur des apprentis, de directeur des départements d'expérimentation et d'outillage et d'assistant surintendant. Pendant près de quinze ans, M. Roberge fut le directeur technique dans cette usine, l'une des plus considérables en Canada.

 

Le 2 juillet 1910, sur la recommandation de M. Alexandre Marcheras, a!ors futur directeur général de l'École Technique de Montréal qui allait être inaugurée quelques mois plus tard, le Gouvernement de Québec, chargeait M. Fridolin Roberge de voir à l'installation de la machinerie et à l'organisation des cours pratiques. Expert mécanicien de tout premier ordre, M. Roberge entreprit alors la lourde tâche qui lui incombait, et parvint à parachever son oeuvre après plusieurs mois d'incessants labeurs. A l'ouverture de l'École en septembre 1911, il remplissait la délicate fonction d'instructeur en mécanique, et quelques années plus tard, il en devenait le chef instructeur. En 1928, ,il était promu au poste de chef technicien avec la surintendance de tous les ateliers, et depuis lors, il dirige avec autorité, les milliers d'élèves qui ont l'avantage de bénéficier de ses précieux enseignements. M. Roberge est un de ceux qui furent nommés par l'hon. L.-A. David, ministre de l'Instruction publique, représentant de l'École Technique dans le Conseil de perfectionnement. M. Roberge s'est sans cesse intéressé depuis un demi-siècle. aux questions ouvrières, patriotiques et sociales.

 

Il fut membre fondateur de l'Assemblée Notre-Dame des Chevaliers du Travail, et lors de sa dissolution, il fonda un local français de l'Association Internationale des Machinistes. Il en fut d'abord président puis secrétaire, et comme tel, se chargea de la traduction en français, de la constitution.

 

Longtemps, il occupa également le fauteuil présidentiel du Conseil des Métiers fédérés.

 

Esprit pondéré, ayant la faculté de concevoir avec rapidité et d'exprimer d'une manière ingénieuse une opinion, il eut souvent l'occasion de régler des imbroglios parfois fort embarrassants.

 

Les oeuvres patriotiques et sociales, le disions-nous, ont toujours eu en lui, un zélateur parfait. Comme président-fondateur du cercle d'études Léon XIII, il a fermement travaillé à l'éducation de la jeunesse et à plusieurs reprises comme président de sections de la société St-Jean-Baptiste, il a contribué dans une large mesure, à stimuler l'enthousiasme de ses compatriotes, dans tous mouvements de caractère national. À sa louange, nous devons dire également, qu'il a été le proposeur, à une assemblée des présidents de sections de la Saint-Jean-Baptiste, tenue le 7 avril 1921, de l'érection de la majestueuse croix du Mont-Royal.

 

M. Roberge s'est toujours intéressé à la chose publique, tant à la politique parlementaire que municipale. En 1900, cédant à une forte pression des ouvriers organisés, il se présenta dans le quartier Ste-Marie comme candidat ouvrier pour le fédéral. Il eut pour adversaires, l'Hon. J.-I. Tarte et M.-M. Charpentier.

 

Il fut un membre très actif de la Commission qui élabora la charte de Montréal. "Durant la Grande Guerre il fut chargé par le Gouvernement, des cours d'été donnés aux ouvriers des usines de Montmagny".

 

Toujours disposé à soulager le nécessiteux, il donne beaucoup et souvent aux diverses sociétés de bienfaisance, particulièrement à la Fédération canadienne française des Oeuvres de Charité. M. Roberge est membre de la Société St-Jean-Baptiste, du Cercle Léon XIII et des Forestiers Catholiques. Ses récréations favorites sont la lecture et la marche.

 

Le 12 septembre 1887, il épousait en l'église St-Jacques, Marie-Louise Charbonneau, fille de Alphonse Charbonneau et de Zélia Poirier. De cette union sont nés dix enfants, dont cinq vivent encore : Fridolin, Ernest, Georgette, Marius et Lucette. En politique, indépendant. Domicile : 10739, rue Berri, Montréal.

 

Source : Raphaël OUIMET, éd., Biographies canadiennes françaises, treizième édition, Montréal, 1937, 461p., p. 159. Le texte a été reformaté et les erreurs typographiques ont été corrigées.

 

 

 

 
© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College