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L’Encyclopédie
de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
French
Canadian ( Quebec ) Literature
Political,
Philosophical And Social Literature
[This
text was written by abbé Camille Roy in 1914. For the full citation,
see the end of the text.]
Jules
Paul Tardivel belongs to political rather than to imaginative literature.
His novel, Pour
la Patrie, was written chiefly for the purpose of gathering
together and systematizing his political and religious ideas. Tardivel
was before everything a journalist, and it was in La Vérité,
the paper which he founded at Quebec
in 1881, that he waged his ceaseless combats. He stood apart from political
parties, and his one aim was to make the legal principles of the Catholic
Church triumph in the conduct of public affairs. He was the irreconcilable
enemy of liberalism and freemasonry, and in the three volumes of Mélanges,
which contain his best articles, one may see his firm and uncompromising
cast of thought.
Journalism
has from time to time given us writers whose pens were both ready and
fertile. The names of Joseph
Charles Taché , Joseph
Edouard Cauchon and Hector
Fabre are well known in the history of French-Canadian journalism.
Thomas
Chapais, who abandoned journalism for history, collected in a volume
of Mélanges a number of vigorously written articles,
which possess interest in connection with the political history of the
last years of the nineteenth century. Those who are incontestably the
masters of French-Canadian journalism to-day, who instil most ideas
into their writing, and give those ideas the most artistic form, are
Henri
Bourassa, managing director of Le Devoir, Omer
Héroux, editor of the same journal, and the Abbé J.
A. Damours, editor-in-chief of L'Action Sociale. These three
journalists are true literary men, whose work undoubtedly bears the
mark of high literary culture.
By
the side of these journalists may, be placed the orators. Journalists
and orators frequently meet in discussing the same ideas; frequently,
too, they make use of the same style. The political eloquence of French
Canada, however, has nothing of a very high literary value to show.
Among those who have disappeared, Honoré
Mercier and Adolphe
Chapleau were orators who were favourites of the populace, but whose
eloquence was by no means uniform. To-day the eloquence that has often
thrilled the hearers of Sir
Wilfrid Laurier and Thomas Chapais is found with similar intensity
and vigour, and with a consummate art which compels admiration, in the
speeches of Henri Bourassa.
Sir
Wilfrid Laurier, at Paris,
in 1907, defined in the following manner the loyalty of the French Canadian:
« Séparés
de la France, nous avons toujours suivi sa carrière avec
un intérêt passionné, prenant notre part de
ses gloires, de ses triomphes, de ses joies, et de ses deuils, de
ses deuils surtout. Hélas ! jamais nous ne sûmes peut-être
à quel point elle nous était chère que le jour
où elle fut malheureuse. Oui, ce jour-là, si vous
avez souffert, j'ose le dire, nous avons souffert autant que vous.
. . »
« J'aime
la France qui nous a donné la vie, j'aime l'Angleterre qui
nous a donné la liberté; mais la première place
dans mon coeur est pour le Canada, ma patrie, ma terre natale. .
. Vous en conviendrez avec moi, le sentiment national d'un pays
n'a de valeur que par l'orgueil qu'il sait inspirer à ses
enfants. Eh bien ! nous l'avons, nous, Canadiens, cet orgueil de
notre pays . . . . »
The
Hon. Thomas Chapais, in 1902, on the day of the national festival of
the French Canadians, reminded his compatriots of the reasons that bound
them more than all the other races to Canadian soil:
« Mais
où sont donc les citoyens du Canada qui sont plus canadiens
que nous ? Nous sommes attachés au sol de la patrie par toutes
les fibres de notre coeur. Dieu merci, notre nationalité
n'est pas ici un arbre sans racine. Pour plusieurs de nos détracteurs,
le Canada n'est qu'un pays de passage et d'attente; pour nous, il
est la terre des aïeux, la terre de toutes nos tendresses,
de toutes nos espérances. La plupart de nos concitoyens d'origine
étrangère à la nôtre ne voient dans le
Canada qu'une patrie vieille de cinquante ans, de soixante ans,
de cent ans à peine. Pour nous, c'est une patrie vieille
de trois siècles. Dans nos vieux cimetières, à
l'ombre de la croix plantée sur les rives canadiennes par
Jacques Cartier, il y a plus de quatre cents ans, dorment six générations
d'ancêtres. . . Parcourez toutes les provinces de la Confédération
: partout vous retrouverez la trace de nos héros et de nos
apôtres qui ont jeté en terre, avec leur poussière
et leur sang, une semence de civilisation chrétienne. Ah
! oui, nous sommes les plus Canadiens des Canadiens. »
Henri
Bourassa has peculiarly devoted himself to defending the rights of the
French-Canadian minority in the Confederation. At the Monument National
in Montreal on
May 9, 1912, he
thus expresses himself with regard to secular legislation in the North-West
« Jusqu'aujourd'hui
la Province de Québec a été le pivot de la
Confédération. Jusqu'aujourd'hui les Canadiens français
ont été le rempart infranchissable contre toute idée
d'annexion aux États-Unis, contre tout projet de séparation
de la Grande-Bretagne. Ne pensez-vous pas que cent cinquante ans
de loyauté leur méritent un droit d'égalité
politique dans toute l'étendue de cette confédération
? Ne pensez-vous pas que les colons que nous pourrions envoyer sur
les bords de la Saskatchewan ou de la Rivière-Rouge, pour
continuer l'oeuvre des ancêtres, mériteraient d'y être
aussi bien traités, que vos co-religionnaires [l'orateur
s'adresse aux Anglais protestants] et vos concitoyens sont traités
dans la Province de Québec ? Ne pensez-vous pas que des colonies
françaises fortes et prospères, essaimant dans l'Ouest,
préserveraient l'ouest canadien de la pénétration
des idées américaines, comme la Province de Québec
a sauvé le Canada, à trois ou quatre reprises, de
l'annexion aux États-Unis ? »
« Britanniques,
nous le sommes autant que n'importe quelle autre race du Canada
! Nous ne le sommes pas par le sang et par la langue, mais nous
le sommes par la raison et par la tradition. »
« Les
institutions britanniques, ce n'est pas la conquête qui les
a faites nôtres, ou du moins ce n'est pas une seule conquête.
Il a y huit cents ans, des hommes qui parlaient notre langue et
dont les veines renfermaient le même sang que celui qui coule
dans les nôtres, sont allés en Angleterre allier leur
génie à celui des Anglo-Saxons. De cette alliance
anglo-normande sont sorties ces institutions magnifiques qui nous
sont revenues ici sept cents ans plus tard. »
« A
ces institutions personne n'est plus attaché que nous. Mais
nous ne sommes pas des chiens rampants; nous ne sommes pas des valets,
et après cent-cinquante ans de bons et loyaux services à
des institutions que nous aimons, à une Couronne que nous
avons appris à respecter, nous avons mérité
mieux que d'être considérés comme les sauvages
des anciennes réserves, et de nous faire dire : 'Restez dans
Québec . . . vous y êtes chez vous; mais ailleurs il
faut que vous deveniez Anglais.' »
Religious
eloquence has been careless in preserving its records. Its utterances
have often been powerful and full of feeling. The Abbé
Holmes was one of the most admired pulpit orators on account of
his Conférences de Notre-Dame de Québec. In our
own day the sermons of Monseigneur Paul
Eugène Roy, auxiliary Bishop of Quebec, display literary
qualities of precision and grace of the highest order combined with
the utmost dialectical power.
On
September 29, 1908, addressing himself to French-Canadian farmers, sons
of families who had occupied for at least two centuries the ancestral
land, and to whom was restored the 'médaille des anciennes familles,'
Mgr Roy expresses himself as follows:
« Elle
serait intéressante à raconter et à lire, messieurs,
l'histoire de ces quelque deux cents familles, dont vous êtes
ici les authentiques et heureux descendants ! S'ils avaient eu le
temps et la facilité d'écrire leurs mémoires,
ces braves aïeux ! Si leurs mains avaient su manier la plume
comme elles savaient manier la hache et la charrue, quelles précieuses
archives ils auraient laissées aux historiens de notre temps
! »
« D'ailleurs,
messieurs, la terre qu'ils vous ont transmise, après l'avoir
fécondée de leurs sueurs, n'est-elle pas le plus beau
livre d'histoire que vos mains puissent feuilleter et vos yeux parcourir
? Et ce livre, n'est-il pas vrai que vous le lisez avec amour ?
que vous le savez par coeur ? »
« La
préface en fut écrite par ce vaillant chef de dynastie
qui apporta ici, il y a plus de deux siècles, votre nom,
votre fortune et votre sang. C'était un Breton, un Normand,
un Saintongeois, que sais-je ? un Français, en tout cas,
et un brave, a coup sûr. Avec cet homme et la femme forte
qui vint avec lui ou qu'il trouva sur ces bords, une famille nouvelle
venait fortifier la colonie naissante, civiliser le royaume de Québec,
et enrichir, d'un sang généreux et de belles vertus,
la noble race canadienne-française. »
« Et
l'histoire commence, palpitante d'intérêt, débordante
de vie. Que de fois vous les avez vus repasser dans votre imagination,
ces premiers chapitres, écrits au fil de la hache, illuminés
par les belles flambées d'abatis ? et gardant encore aujourd'hui
les âcres et fortifiantes senteurs des terres-neuves, que
déchirent la pioche et la herse, et où germent les
premières moissons ! Ce sont les années rudes, mais
combien fructueuses des premiers défricheurs; c'est la glorieuse
épopée de la terre qui naît, de la civilisation
qui trace pied à pied son lumineux sillon à travers
l'inculte sauvagerie des hommes et des bois. Chaque coup de hache,
alors, est une belle et patriotique action; chaque arbre qui tombe
est un ennemi vaincu; chaque sueur qui arrose le sol est une semence. »
Monseigneur
Louis Adolphe
Paquet and Father Louis
Lalande have also delivered sermons and lectures that, in their
ample and harmonious phraseology, bear the impress of true eloquence.
While
some writers and orators propagated their ideas by means of journalism
or speeches, and examined the religious and social questions of the
day, others published books treating of the same subjects and reviewing
the same problems. Philosophical and social literature has not yet many
representatives; but there are a few writers who occupy a leading place
in these fields.
Edmond
de Nevers, who was born at Le Baie-du-Fèbvre in 1862, and
died at Central Falls, in the United States, in 1906, published L'Avenir
du Peuple canadien-françaisin 1896 and L'Ame
américaine(2 vols.) in 1900. These two works, which
show a wide acquaintance with original documents and are filled with
critical observations, have placed Edmond
de Nevers in the first rank of Canadian writers.
In L'Ame américaine the author seeks to analyse the
multifarious and dissimilar elements composing the American mind. He
examines in turn the origins, the historical life, the immigration movements,
and the development of the United States.
While there is occasionally a little confusion in the plan, it must
be acknowledged that the abundance of information, the ingenuity of
the views, and the lofty inspiration of the whole make it a work worthy
of preservation.
Among
present-day writers Monseigneur Paquet, of Laval
University , Quebec
, is certainly the most authoritative representative
of social and philosophical literature. Prepared for his literary career
by long theological study and by his Commentaria on Saint
Thomas - highly esteemed in theological faculties
- he wrote his studies on Le Droit
public de L'Église with all the competence of a professional.
In the first volume he dealt with the 'General Principles' (1908), in
the second with 'The Church and Education' (1909), and in the third
with 'The Religious Organization and Civil Government' (1912). These
two works are methodically planned and ably executed; they
are written in free but carefully chosen language, sometimes eloquent
and always well-balanced.
Read,
for example, this page where Mgr Paquet demonstrates the necessity
of putting religious and moral training at the foundation of instruction
« Veut-on
que l'homme mûr, battu par le flot du doute, blasé,
succombant peut-être sous le poids moral qui l'accable, puisse
un jour en se retournant vers le passé, puiser dans ses souvenirs
d'enfance, dans ses impressions de jeunesse, dans le spectacle d'années
heureuses et pieuses, un renouveau de foi, un regain d'ardeur virile
et de courage pour le bien? Qu'on fasse luire, au seuil même
de sa vie, le flambeau des doctrines religieuses; qu'on verse dans
son âme encore neuve, comme une coulée de riche métal,
les notions élevées, les suggestions salutaires, les
persuasions moralisatrices par lesquelles se forment les habitudes
saines, se trempent les caractères généreux,
se préparent les fières et triomphantes résistances
aux assauts répétés de l'erreur et du mal.
'Le jeune homme, a dit l'Esprit Saint, suit sa voie; même
lorsqu'il aura vieilli, il ne la quittera pas.' Cette voie peut
être bonne ou mauvaise; il dépend beaucoup, il dépend
principalement de l'éducateur et de ses leçons qu'elle
soit. une voie d'honneur, de probité et de justice. »
« La
jeunesse est le printemps de la vie. Quand ce printemps donne toutes
ses fleurs, il s'en exhale un parfum pénétrant de
religion et de piété qui embaume toute l'existence
humaine, qui fortifie dans le bien, console dans la douleur, prémunit
l'âme inconstante et finale contre les enivrements du vice.
Pour cela que faut-il ? plonger l'enfant, l'adolescent, le jeune
homme dans une atmosphère pleine de Dieu et des choses divines;
purifier la sève qui court abondante dans ses veines; faire
que toutes ses facultés s'ouvrent avidement à tout
ce qui est bon, à tout ce qui est juste, à tout ce
qui est noble. Saint Thomas cite comme un axiome cette sentence
d'Aristote : 'Un vase garde toujours l'odeur de la première
liqueur qu'il a contenue.' Le jeune chrétien qui, pendant
des années, s'est nourri de la substance même de la
foi; qui en a, par ses prières, par ses études, par
tous ses actes, aspiré et absorbé les purs et spirituels
éléments, garde, en effet, dans les plus intimes replis
de son âme, même si son esprit se fausse, même
si son coeur s'égare, un reste de bonté surnaturelle
et de grandeur morale qui fera son salut. (1)
(1)
L'Église et l'éducation , pp. 162-163.
Source :
abbé Camille ROY, « French-Canadian Literature »,
in Adam SHORTT and Arthur G. DOUGHTY, eds, Canada And Its Provinces
, Vol. XII, Toronto, Glasgow, Brook& Company, 1914, pp. 477-483.
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