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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
François Le Mercier
LE MERCIER (François), enseigne en second, aide d'artillerie, lieutenant, capitaine, commandeur de l'artillerie, chevalier de Saint-Louis.
En 1740, il vint au Canada comme soldat de recrue. En 1743, il devint enseigne en second, en 1748 aide d'artillerie, en 1750 lieutenant de la compagnie des carabiniers et bombardiers, en 1753 capitaine, en 1757 commandant de l'artillerie et chevalier de Saint-Louis.
A la fin de 1752, M. Du Quesne envoya au fort qui porta son nom à la Belle-Rivière (Ohio) M. Le Mercier, capitaine, avec les meilleurs officiers et cadets de Montréal. Le 26 juin 1756, M. de Contrecoeur, commandant du fort, devait faire partir un détachement de 500 Français et quelques Sauvages pour aller chasser les Anglais de leur poste et venger la mort de M. de Jumonville. Le capitaine Le Mercier en avait reçu le commandement. C'était un excellent officier; « mais, écrit M. de Villiers, comme j'étais son ancien, que je commandais les 130 Sauvages que j'amenais et que mon frère avait été assassiné, M. de Contrecoeur m'honora de ce commandement, et M. Le Mercier me témoigna, quoique privé du commandement, qu'il se ferait un grand plaisir de servir sous mes ordres ». M. Du Quesne, averti de ce changement, écrivit, le 19 juillet suivant, à M. de Contrecoeur : « J'aurais été également tranquille si le chevalier Le Mercier avait commandé cette troupe, mais on ne pouvait la refuser à M. de Villiers qui est un officier de distinction et auquel le Sauvage a beaucoup de confiance ».
Au mois d'août 1756, M. Le Mercier est commandant de l'artillerie à la prise des Chouaguen. Le marquis de Montcalm écrivait de lui à M. de Lévis : « M. Mercier, qui est plus Canadien que tous les Canadiens mêmes, qui a fait battre et prendre le baron de Dieskau, veut débarquer l'artillerie à une petite anse, à demi-lieue de la place. » Le général le tenait pour un esprit brouillon.
L'année suivante, M. Le Mercier accompagne le détachement commandé par M. de La Perlière en expédition vers le lac Saint-Sacrement et s'avança jusqu'à quatre lieues de William-Henry. Dans ce siège, comme à Chouaguen, M. de Vaudreuil comble d'éloges exagérés la part prise par son frère, M. De Rigaud, et par M. Le Mercier. Au mois de mars 1757, M. Le Mercier fut chargé d'aller sommer la garnison de se rendre : le major Eyre, le commandant anglais, répondit qu'il entendait résister. Le parti de M. de Rigaud avait brûlé aux ennemis 350 bateaux, 4 barques armées, plusieurs galères à 50 rames, des hangars contenant vivres, armes, habits, ustensiles de campagne, plusieurs maisons, hôpitaux, moulins et quantité de bois de chauffage et de construction.
Plus tard, en 1758 et 1759, le marquis de Montcalm note souvent M. Le Mercier dans les transactions autorisées par M. Bigot et par le gouverneur. Nulle part, le commandant n'est signalé comme héros d'un fait d'armes quelconque, excepté le percement des flancs d'une frégate anglaise devant Québec. Le 12 avril 1759, M. de Montcalm écrit au maréchal de Belle-Isle : « M. Le Mercier, qui commande l'artillerie, est entrepreneur sous d'autres noms. Cet officier, venu simple soldat, il y a 20 ans, sera bientôt riche d'environ 6 à 700.000 livres, peut-être un million, si ceci dure. J'ai parlé de cela souvent à M. de Vaudreuil et à M. Bigot : chacun en rejette la faute sur son collègue. » A la bataille de Montmorency, M. Le Mercier est en charge de l'artillerie. Il avait aussi disposé des canons pour empêcher l'ennemi de débarquer sur la rive nord de l'île d'Orléans. Le 22 juillet, au moment du violent bombardement de Québec et au milieu de l'incendie des maisons, les sieurs Le Mercier et Montheillard allèrent protéger les poudres des batteries. Ils s'en revenaient vers les remparts, quand on vint les avertir que trois vaisseaux anglais, toutes voiles dehors, essayaient de forcer le passage. Se précipitant aux batteries, ils dirigèrent un feu tellement nourri que les vaisseaux durent virer de bord et renoncer à leur tentative.
M. Le Mercier tint plus d'une fois le rôle de parlementaire : le 4 juillet, l'amiral Saunders envoya un officier pour traiter du renvoi de 22 femmes et enfants faits prisonniers par lui en remontant le fleuve : il fut chargé d'aller signifier l'acceptation courtoise de M. de Vaudreuil; le 23, suspension d'armes pour le renvoi des prisonnières de la Pointe-aux-Trembles; le 24, il s'agissait de laisser aux Anglais la liberté de faire passer leurs malades à l'île d'Orléans. « Voilà bien des pourparlers, écrivait Montbeillard, le même jour, et notre affaire semble se passer en conversations. »
Le 19 juin 1751, M. de La Corne était à Paris et écrit à M. de La Ville Angevin à Québec : « Par le moyen de la famille Péan, nous avons grande allée auprès de trois commissaires. Mme Péan et moi, avons reçu une lettre de l'oncle de M. Le Mercier : notez que cet oncle est archidiacre de Lisieux, très riche et très bon gentilhomme. Je lui ai fait présent de mon capot de castor. Mais c'est parce qu'il sait que je suis l'ami de M. Le Mercier, son neveu, qu'il m'aime à la folie » (V. Bull. des Rech. hist., année 1908).
M. Le Mercier serait donc originaire de Normandie. Il était calviniste. Mais il abjura l'hérésie entre Ies mains de Mgr de Pontbriand, trois jours avant son mariage, le 12 novembre 1757, avec Françoise Boucher de la Bruère. Après la prise de Québec il fut délégué à la Cour pour demander des secours. En 1761, il fut interné à la Bastille et en sortit indemne.
Source : Louis LE JEUNE, «François Le Mercier», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 829p., pp. 134-135.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |