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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
François-Pierre de RigaudComte et Marquis de Vaudreuil
VAUDREUIL (François-Pierre de Rigaud, comte et marquis de) (1703-79), frère de Pierre de Cavagnal – gouverneur de la Nouvelle-France – enseigne, lieutenant, capitaine, garde de la marine, major, lieutenant de roi, gouverneur. On l'appelait le chevalier ou simplement Monsieur de Rigaud.
Né le 8 février 1703, il était le septième des enfants de Philippe, premier marquis de Vaudreuil. En 1712, le ministre lui fit donner une enseigne dans les troupes de la Marine ; en 1717, il fut nommé garde de la marine, lieutenant le 2 juin 1720. Le 26 octobre 1722, son père écrivait : « Le sieur de Rigaud se mettra en état de bien servir, par la bonne volonté qu'il paraît avoir pour cela ; il fait la fonction d'aide-major des troupes, afin de se rendre capable de bien faire son métier ». Le 19 octobre 1723, le chevalier s'embarquait pour la France, chargé des dépêches officielles. Le 24 juin 1724, le Conseil de la Marine informait le gouverneur qu'il avait accordé à son fils la compagnie, laissée vacante par le décès de M. de Saint-Pierre : le capitaine revint aussitôt au Canada. Il retourna encore en France en 1728, 1730, 1731.
Le 29 octobre 1732, les administrateurs concédaient à Pierre de Cavagnal et à son frère François de Rigaud « un terrain le long du fleuve appelé la Grande-Rivière (Ottawa), en tirant vers le Long-Saut, de trois lieues de front sur trois de profondeur » : concession ou seigneurie de Rigaud, ratifiée par le roi le 1er avril 1733. Le 23 septembre 1736, le chevalier reçut « une étendue de terre de trois lieues de front sur deux de profondeur, des deux côtés de la rivière du Saut de la Chaudière en remontant, à commencer de la fin de la concession de Jacques-Thomas Taschereau ». En 1738, il était décoré de la croix de Saint-Louis. En 1739, une note officielle disait de lui : « Il a tous les sentiments d'un homme de guerre et de condition ; ses moeurs sont douces ; aussi est-il estimé ». Puis il obtint un congé et passa en France.
En mai 1741, il fut promu major des Trois-Rivières. Dans l'été de 1746, M. de Beauharnois le chargeait d'une importante expédition sur les terres de la Nouvelle-Angleterre. Le détachement, parti de Montréal le 3 août, se rendit au fort Massachusetts, où il y avait 22 hommes de garnison, trois femmes et cinq enfants, lesquels se défendirent durant 26 heures et se rendirent prisonniers de guerre. Le chevalier fut blessé d'un coup de feu au bras droit, et trois de ses Sauvages furent tués ; quatre Français et onze Indiens furent blessés. Ce parti fit beaucoup de ravages sur une étendue de 15 lieues, brûlant tout sur son passage : il revint le 26 septembre avec 27 prisonniers (V. Suppl. aux Arch. can. 1899). Le 8 juin 1747, nouvelle excursion d'un parti de guerre de 780 hommes ; M. de Rigaud ramena encore 41 prisonniers et 28 chevelures. En février 1748, il était promu lieutenant de roi à Québec. Le 23 septembre, il se faisait accorder une concession de six lieues de front, le long de la rivière Maska sur trois de profondeur : la ville de Saint-Hyacinthe s'élève aujourd'hui sur ce terrain.
Le 1er mai 1749, M. de Rigaud succédait au chevalier Bégon comme gouverneur des Trois-Rivières. En 1754, il eut un congé pour se rendre en France. L'été suivant, il en revenait sur l'Alcide qui fut capturé, ainsi que le Lys, par l'escadre de l'amiral Boscawen à 25 lieues de Terre-Neuve (8 juin). Fait prisonnier, M. de Rigaud fut emmené en Angleterre, d'où il réussit à s'échapper, après quelques mois, et à passer en France. Le 4 mai 1756, il débarquait à Québec : le roi lui avait accordé (9 avril) une indemnité ou gratification de 8.000 livres. Après la prise de Chouaguen (Oswégo) le 14 août, M. de Rigaud, à la tête des Canadiens et des Sauvages eut les honneurs de la victoire, parce qu'il leur avait fait passer la rivière à la nage pour tomber à l'improviste sur les ennemis ; l'un des drapeaux anglais fut déposé à l'église des Trois-Rivières comme trophée.
En février 1757, M. de Vaudreuil, gouverneur général, confiait à son frère le commandement d'une expédition destinée à frapper un coup imprévu sur le fort William-Henry ou George, où les Anglais avaient rassemblé toute une flottille de bateaux qui, au printemps, devait transporter une armée près de Carillon; le détachement comprenait 50 grenadiers, 200 volontaires, 270 réguliers, 600 Canadiens et 350 Sauvages. Parti de Montréal, le corps de troupes était rendu, le 9 mars, à Carillon, et dix jours après, en face du fort anglais. On ne tenta point de siège, mais on détruisit les bateaux et quantité d'objets, accumulés pour l'offensive projetée. M. de Montcalm avoua « que M. de Rigaud eut tout le succès qu'on pouvait en attendre » (V. Casgrain, Montcalm et Lévis, t. I). M. de Rigaud se mit, le 3 août, sous les ordres du général français, qui alla au même fort sommer le lieutenant-colonel Monroe de le rendre. « J'ai sous mes ordres, dit-il, des soldats disposés comme moi à périr ou à vaincre. » Après sept jours de siège, le brave officier dut cependant capituler. Depuis le 1er mai, M. de Rigaud était investi de la charge de gouverneur de Montréal.
En 1758, 1759 et 1760, il se prodigua pour garder à la France sa belle colonie du Canada. Après la capitulation de Montréal, il passa en France avec son frère et le roi le dota à vie d'une pension de 2.000 livres. Il vendit à M. William Grant la concession de la baie Verte qu'il avait eue en 1759. Les deux frères vécurent ensemble à Paris et au château de Collier, commune de Muides, en Loir-et-Cher. C'est là qu'il mourut, le 24 août 1779, connu dans la région sous le nom de marquis de Rigaud.
Source : Louis LE JEUNE, «François-Pierre de Rigaud», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 829p., pp. 767-768. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |