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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Fort Saint-Jean
FORT SAINT-JEAN. En 1630, la Compagnie des Cent Associés envoya le capitaine Marot et des artisans bâtir, au bénéfice du sieur La Tour, un fort et une résidence convenables. Après une sérieuse étude des documents, M. Ganong croit pouvoir localiser ce fort juste au fond de l'estuaire ou port actuel, en ligne droite avec l'entrée, sur la pointe appelée aujourd'hui Portland-Point, s'appuyant sur un commentaire du texte de Nicolas Denys, « comme clans celui que fit bâtir le feu sieur de La Tour ». Ce fort fut pris par le sieur d'Aunay en 1645, puis rendu ensuite à son propriétaire, utilisé par les Français et occupé finalement par les Anglais.
Sur la pointe occidentale, en face de l'île Navy, « sur une petite hutte, d'Aunay fit bâtir son fort, que je n'ai pas trouvé bien placé à mon avis – (auj. Old Fort) – pour être commandé d'une île (Navy) qui est tout proche, plus élevée, et derrière laquelle tous navires se peuvent mettre à couvert du fort, dans lequel il n'y a que l'eau de puits qui n'est pas bien bonne, non plus que celle hors du fort » (Denys' Descrip.),
Vraisemblablement, le fort La Tour fut appelé dans la suite par les Français Fort de la Rivière Saint-Jean; celui du sieur d'Aunay devint successivement Fort Martignon du nom du seigneur (1672), Fort Saint-Jean de M. de Villebon, Fort Menagouèche et Saint-Frédérick des Anglais.
Il y eut une série de forts, créés à diverses époques, le long du fleuve Saint-Jean : 1. Meductic, camp sauvage palissadé, situé sur le moyen cours, entre la concession Clignancourt et celle de Bellefond; 2. Nachouac ou Saint-Joseph bâti en 1692 par M. de Villebon, à l'angle supérieur du confluent de la rivière du même nom avec le fleuve; il fut pris par les Anglais en 1696 et abandonné en 1700. 3. Jemsek, commencé probablement par Thomas Temple en 1659 « comme dépôt de fourrures », à 50 milles en aval du fleuve, concédé en 1676 par M. de Frontenac au sieur de Soulanges : on lit dans l'acte de concession : « Il a fait diverses réparations et augmentations au fort de Gemisik, afin de le rendre logeable et de défense, n'y ayant auparavant qu'un petit logement de bois tout ruiné, entouré seulement de quelques palissades à demi tombées par terre; en sorte que pour réédifier le tout; il lui aurait coûté beaucoup et se verrait encore contraint d'y faire de grandes dépenses pour le remettre en état, à cause de la ruine entière qu'en ont fait les Hollandais en le faisant prisonnier dans le dit fort, il y a deux ans »; 4. Nerepis ou Boishébert, originairement fort indien dont parle M. de Villebon en 1697; comme étant « le fort des Sauvages », situé à l'embouchure de la rivière de même nom. C'est en 1753 que M. de Boishébert s'y établit « à 20 milles en amont du fleuve, ayant 20 canons et 200 hommes ». Il n'en reste plus aucun vestige; 5. Martignon, du nom du seigneur (1672), occupait la place de celui du sieur d'Aunay; 6. Saint-Jean, sur le même site, oeuvre de M. de Villebon en 1700, qui fut abandonné sur l'avis de M. de Brouillan la même année, à sa mort; 7. Ménagauèche, reconstruit en 1749 par les troupes françaises et démoli partiellement en 1755; 8. Frederick, relevé en 1758 par Monckton et ainsi nommé par lui : il en reste encore des traces et on l'appelle le Vieux Fort (Old Fort)
Source : Louis LE JEUNE, «Fort Saint-Jean», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 829p., pp. 538-539. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |