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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Flor Penoy-Blanchard
Madame Flor Penoy-Blanchard est née à Providence, (Rhode-Island) du mariage de Hippolyte Penoy et de Parmélie Parent. Elle vint très jeune à Montréal, et entra à l'Académie St-Denis en qualité d'élève des religieuses de la Congrégation Notre-Dame. Des aptitudes artistiques se révélèrent chez la jeune fille qui se mit à l'étude du piano sous la direction de Mlles Ducharme et Racicot. Elle suivit en outre des cours de solfège et d'histoire de la musique, donnés par M. Pierre Albregh, Bientôt, elle étudiait le chant avec M. Jean Riddez et M. Roberval, et s'initiait à l'art du théâtre, aidée des conseils de M. Albert Roberval et de Mme Maubourg-Roberval. Cette formation du goût musical, l'acquisition de connaissances techniques dans plusieurs domaines de l'art, le développement de beaux dons naturels, firent de Mme Flor Blanchard, en peu d'années, une artiste appréciée du grand public. Mais celle-ci ne voulut pas s'en tenir là. Elle désira une plus parfaite maîtrise de ses diverses facultés artistiques. Pour y parvenir, elle décida de se rendre à New-York et d'y travailler de nouveau auprès de maîtres autorisés, tels Madame Leibling et M. Romano, Le succès le plus complet répondit à d'aussi intelligents et persévérants efforts. La jeune femme obtint effectivement, en 1926, au Concours Donalda, une bourse d'études vocales et scéniques lui facilitant un voyage à Paris. Malheureusement, les circonstances ne lui permirent pas de mettre cet avantage à profit. Car Mlle Flor Penoy avait épousé M. J.-Elie Blanchard, ingénieur civil, directeur des Travaux publics de la Cité de Montréal, et de ce mariage étaient nés trois enfants : Flore, Éliette et Jean. Comment la jeune épouse aurait-elle consenti à s'éloigner d'un foyer dont elle était l'âme, la joie, l'ornement, et dont elle recevait en retour, les profondes satisfactions du coeur ? Elle préféra sans hésiter à une carrière artistique assurée, la calme atmosphère de la maison. Toutes les ressources d'un esprit et d'une sensibilité affinés par la culture artistique, ne servirent désormais qu'à créer autour de ceux qu'elle aimait, un cadre de bonté et de grâce discrète.
Non, cependant, que Madame Blanchard ne mit à sa noble résolution de vivre d'abord pour les siens la moindre exagération d'attitude, ni que l'on aperçut dans son sourire d'accueil, s'y glissant volontairement, un pli un peu rigide. Au contraire, elle acceptait sans cesse, et avec bonne grâce, dès qu'on l'en priait, de participer aux activités artistiques montréalaises. C'est ainsi qu'elle fit applaudir sa grande voix de soprano, aux concerts donnés en plein air au Parc Lafontaine. La foule fut gagnée par l'ampleur, la souplesse et les qualités dramatiques de cette artiste remarquable. Mme Blanchard, en effet, précisément à cause des qualités dramatiques de son chant, eût pu voir s'ouvrir devant elle, les portes des grands théâtres lyriques européens. Ici encore, elle fut heureuse de tenir, à la Société canadienne d'opérette, avec une gracieuse autorité, plusieurs rôles de premier plan. "Rien n'est moins futile que l'existence de cette vaillante jeune femme", a-t-on écrit récemment de Mme Flor Penoy-Blanchard. Ne la voyait-on pas, il est vrai, accorder beaucoup de son temps, et sa large et tendre sympathie, à tous ceux dont la part de bonheur semble mesurée ici-bas. Et toujours, elle s'empresse, elle donne spontanément son concours aux directeurs des oeuvres d'éducation et de charité qui la sollicitent sans cesse, sachant ne jamais le faire en vain. C'est une existence, vraiment, où l'intelligence, le culte de l'art et l'exercice de la bonté, nuancent, avec délicatesse, les heures et les événements.
Mme Élie Blanchard habite rue Valmont, à Bordeaux, près Montréal.
Source : Raphaël OUIMET, ed., Biographies canadiennes françaises, treizième édition, Montréal, 1937, 461p., p. 459. Le texte a été reformaté et les erreurs typographiques ont été corrigées.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |