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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Eudore Couture
Le notaire Couture en est à sa 25e année de rédaction et de directorat au Progrès du Golfe. Il a succédé au fondateur de ce journal Louis-Napoléon Asselin, C. R., en 1910. Sa carrière, a-t-il répondu, aux questions que nous lui avons posées, peut tenir en quatre lignes et se jalonner d'autant d'étapes : "A vu le jour (c'était peut-être la nuit?) en '86. En enfance jusqu'à l'âge d'au moins sept ans. Étudiant depuis l'âge de trois ans jusqu'à celui de vingt-deux. Notaire-et journaliste-depuis l'âge de vingt-deux jusqu'à (of course!)... la dernière de ses minutes". Voilà, c'est fait. Domicile : Rimouski, avec la bonne intention (l'enfer, hélas! en est pavé) de n'en élire point d'autre, même pas dans la Terre Promise aux ex-parfaits notaires, celle du défunt Maximilien ... Pour terminer par un propos quasi testamentaire, assez peu rigolo naturellement : Dispense ses amis, advenant son trépas et s'ils ne s'éteignent pas tous auparavant, de lui prodiguer alors les fleurs. Trop tard! C'est vivant qu'il en raffole. Voilà sans doute un détestable défaut, mais c'est le moindre des siens."
Au cas où certains lecteurs trouveraient cette concise autobiographie peu satisfaisante pour leur curiosité, voici quelques notes complémentaires de nature à les mieux renseigner : Jos.-Félix-E. Couture est né à Rimouski en novembre 1886, du mariage de F.-J. Couture, comptable et secrétaire municipal, et de Alphonsine Réhel. Fit ses études au Jardin de l'Enfance, à 1a petite école, au Séminaire de Rimouski et à l'Univ. Laval de Québec. Sa cléricature chez les maîtres Sirois, à Québec. Licencié en Droit en juin 1909. Admis au Notariat en juillet même année.
A épousé, en 1917, Louise Gagnon, fille de Hubert Gagnon et de Julie Parent, à Rimouski.
Fondateur et rédacteur en chef, le 31 janvier 1906 ¾ alors qu'il était dans sa dernière année de Philosophie au Séminaire ¾ d'une délicieuse petite feuille... de chou : Le Lutin . Bonne et "pure comme un ange ", aurait dit d'elle un célèbre moraliste, cet Hebdo, qui s'intitulait gentiment "organe de la Jeunesse étudiante", fut promptement jugée et proclamée, par l'autorité dont relevait le dit fondateur-rédacteur, " orgueilleuse comme un démon "! Aussi, son existence fut-elle éphémère et des plus tumultueuses, et faillit-elle devenir catastrophique pour le chef et ses fidèles coopérateurs. Comme début dans la bonne presse, ce n'était décidément pas merveilleux... Il goûta dans sa jeunesse au noble métier des armes, mais ne connut d'autres champs de carnage que le parquet du Manège Militaire, les plaines d'Abraham (celles du 20e siècle), les rues et culs-de-sac de la vieille Capitale et le champ de St-Joseph-de-Lévis, pour n'en omettre aucun. Brilla plus, sous l'uniforme des preux, par l'éclat de sa voix de stentor dans les commandements que par celui des performances stratégiques ou héroïques. Préférait, à vrai dire, d'instinct, les combats de franc-tireur... à la pointe de la plume que les batailles en service commandé, arme au poing et masque au museau, sous les provocations de la grosse Bertha et autres demoiselles de même lignée boche.
A toujours exercé sa profession dans sa ville natale. Concurremment : directeur et rédacteur en chef au Progrès du Golfe depuis 1910. A renoncé depuis assez longtemps à toute acrobatie électorale et activité politique "comme étant plus onéreuses que profitables", pour se consacrer in-extenso au service de sa clientèle, peut-être bien aussi à cause d'une aversion profonde pour les subtilités inhérentes à notre "art politique". Le jour : fait des actes, jongle avec des titres, prodigue les consultes... Le soir : lit, rumine, sélectionne, collectionne et griffonne jusqu'à une heure avancée. Un chief editor ne serait pas beaucoup "the right man"... si, n'ayant pas le loisir de faire ses lectures et de jouer des ciseaux, etc. le jour, il employait ses soirées à flâner ou faire la bombe, ou à roupiller. Rompt toutefois chaque veillée d'une tasse de fort café Hac, généralement (sous prétexte que le San-ka" est meilleur ainsi) en Compagnie d'autres veilleurs attardés dans quelque rêverie boursicotière ou sentimentale, ou las de jouer au "rummy" russe, et de "tuner" leur radio. En juin 1934, le notaire Couture fut élu président de l'Association du Notariat du district de Rimouski, et en octobre de la même année il était élu membre du bureau de Direction de l'Association des Journaux Hebdomadaires de Langue Française du Canada.
Source : Raphaël OUIMET, éd., Biographies canadiennes françaises, treizième édition, Montréal, 1937, 461p., p. 223. Le texte a été reformaté et les erreurs typographiques ont été corrigées.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |