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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Dîme
DÎME. Dixième partie de la récolte et, dans la suite, fraction variable de la récolte prélevée par l'Eglise ou par les seigneurs.
Au Canada, par un édit royal du mois d'avril 1633, la dîme fut fixée au treizième, « tant de ce qui vient par le travail des hommes que de ce que la terre produit d'elle-même »; « lesquelles dîmes seront destinées et affectées irrévocablement pour toujours à la fondation et à l'entretien du Séminaire de Québec ». Cet établissement fut fondé le 23 mars de la même année.
Les habitants, jusque-là desservis gratuitement par les missionnaires Jésuites, réclamèrent contre l'institution de cette redevance. L'évêque temporisa, accorda des exceptions, multiplia les délais. Mais en 1667; il pria M. de Tracy de mettre en vigueur l'acte royal : il publia une ordonnance qu'il communiqua aux habitants par l'intermédiaire des syndics. L'opposition ne voulut point désarmer. Le 23 août, par une nouvelle ordonnance et conjointement avec le gouverneur et l'intendant, la dîme qu'il promulgua fut limitée au vingt-sixième, pour vingt ans seulement. « Les dîmes seront payées par les propriétaires des terres ou leurs fermiers, conformément à l'estimation qui sera faite des fruits pendants, en racine, et étant sur pied, dix jours avant la récolte ou environ, par deux personnes à ce commises de main commune : et chaque habitant remettra en grains, et non en gerbes, ce qu'il devra, au lieu de la demeure principale du curé; et, en faveur des nouveaux colons, les terres par eux mises en culture ne paieront aucunes dîmes, durant les cinq premières années qu'elles porteront fruits. » C'est cet acte, modifié et interprété par l'usage, qui servit de base à l'édit de 1679, à l'arrêt du Conseil d'Etat de 1707, où la dîme reçut sa forme et sa sanction définitive.
En 1758, en raison des circonstances critiques, Mgr de Pontbriand détermina son clergé à rétrocéder la dîme en faveur de l'Etat, c'est-à-dire de M. de Vaudreuil et de M. Bigot.
Malgré tous les essais hostiles, la Couronne britannique s'en tint à la parole donnée aux capitulations de Québec et de Montréal. L'Acte de Québec, en 1774, maintenait le clergé catholique dans la jouissance « de ses dûs et droits accoutumés ». Même en faveur des ministres protestants, la dîme comportait, selon l'Acte, des concessions analogues. Source: Louis LEJEUNE, "Dîme", dans Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. 1, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 862p., p. 516.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |