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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Les AcadiensOrigine et caractéristiques
[Ce texte a été rédigé par Louis-Marie Le Jeune, o.m.i.; il fut publié dans son Dictionnaire en 1931. Pour la citation exacte, voir la fin du texte. Pour une courte biographie du Père Le Jeune et une discussion de la valeur de son Dictionnaire, voir ce texte.] ACADIENS. Ils se différencient encore aujourd'hui des Canadiens par une double appellation familière, celle de Français et celle d'Acadiens.
1. Origine. - Elle a été de provenance variée. Des colons de Poutrincourt, il n'en resta guère au pays. Plus tard, les sieurs de Razilly et de Menou d'Aunay recrutèrent les premières familles en Touraine, au Poitou et en Basse-Bretagne. M. d'Aunay en fit lever ensuite dans la Saintonge et dans l'Aunis. Des unités vinrent de Paris et des pays basques, mêlées aux Ecossais amenés par les fils de sir William Alexander, comme les Pitre, les Quessy, les Mélanson, les Colson et les Paisley. Il est fort probable que les domestiques et les démobilisés, ainsi que des matelots, provenaient des provinces maritimes de l'ouest de la France. En 1671, le recensement de M. de Grandfontaine accuse un relevé de 392 hommes, femmes et enfants; en 1693 et dans la suite, les recensements sont incomplets; mais en 1713, la population acadienne atteint le chiffre de 2,528 personnes; en 1732, environ 6,500; en 1739, 7,114; en 1749, 11,925; en 1755, à peu près 13,000.
2. Caractère ethnique. - La partialité de certains historiens anglais les a aveuglés jusqu'à la calomnie, quand ils ont accusé les populations de constituer, avant l'expatriation, une agglomération de paysans (peasants) grossiers, illettrés, tracassiers et plaideurs acharnés; un ramassis de gens cupides et avares, bornés dans leurs desseins, incapables d'élévation d'esprit, impropres au commerce et à l'administration, leur principale tare étant leur soumission et leur attachement au clergé et aux pratiques cultuelles. L'histoire véridique atteste que le paysan est partout le même, à savoir un homme de bon sens, de mesure et de tact, un esprit fait de droiture et de probité, ami de la justice et du respect d'autrui, doté d'une moralité intangible dans un foyer populeux à rendre jaloux jusqu'à la haine de sa progéniture exécrée, religieux au fond de l'âme, ennemi des vices et du scandale public. S'il est affligé des tares communes à tous les hommes, c'est en raison de son éloignement, de ses rudes labeurs et des attaches matérielles qui le lient au sol, où il peine sans cesse en vue de léguer aux siens un noble héritage. Les Acadiens, en vérité, formaient une grande famille issue de souches peu nombreuses, s'alliant exclusivement entre eux et rarement avec les indigènes, vivant de culture, de chasse et de pêche, avec sobriété et libéralité, abnégation et parcimonie, heureux et contents; ils ne surent découvrir, aucun des pièges qu'on leur tendait. Tous les documents témoignent qu'ils furent, jusqu'à l'heure même de la convocation générale, victimes de leur innocence et de leur bonne foi. Retour à la page sur les Acadiens Source : LE JEUNE, L., « Les Acadiens », dans Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. 1, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 862p., pp. 10-11.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |