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revised: 23 August 2000 | Siegfried:
the Race Question
ERREURS
ET PRÉJUGÉS À PROPOS D'UN LIVRE PERFIDE. ANDRÉ
SIEGFRIED : « LE CANADA, LES DEUX RACES. » Première
partie Par Raphaël
Gervais [pseudonyme de Dominique-Ceslas Gonthier]* Alcipe
(1) ne veut rien en dire : il a peur que je le compromette. Auprès de qui ? de
ses amis ? Ils le connaissent déjà, assez pour ne pas douter de son dévouement
et pour redouter quelquefois sa sincérité. De ce côté il n'a rien à perdre ni
à gagner. Craint-il qu'on
le jette malgré lui dans quelque bagarre d'idées, où il lui répugnerait également
et d'avoir l'air de trahir sa pensée et de ne pas paraître ami de la paix ? Il
est sûr qu'il n'a pas l'humeur combative et qu'il laisse volontiers à d'autres
le soin de réveiller en sursaut l'opinion. Il n'est jamais plus ravi que lorsque
son opinion est celle de tout le monde ou que l'opinion de tout le monde peut
honnêtement être la sienne. Il aurait à combattre le diable en personne qu'il
se préoccuperait, non de tirer le prochain de ses griffes, mais de ne pas lui
faire de peine, au diable, pour ne pas empêcher sa conversion. Charité admirable,
sans doute, et plus que divine. Mais
je soupçonne chez lui un autre sentiment qui honore son coeur plus que son esprit,
celui d'un chauvinisme de race qui l'empêche, non de voir « le péril français»
et de le redouter pour son pays, mais de paraître ne pas adorer tout ce qui vient
de France, parce que c'est français. Tout cela avec un désintéressement de Chartreux.
Ce n'est pas lui qui mendiera en Europe ni une croix, ni un ruban, ni un titre
quelconque, ni une palme académique. S'il écrit un livre, - ce dont je ne le peux
soupçonner, - il ne fera pas une démarche pour décrocher ou une couronne d'immortelles,
ou un titre de docteur ès lettres, ou un article qui signalera son ouvrage à la
sympathie sinon à l'attention du grand public de là-bas. Il ne flirte pas
volontiers avec les officiels ou les officieux qui viennent de France ; il trouve
que ces messieurs ont en général trop de langue pour ce qu'ils ont de cervelle
et lui donnent une idée qui n'est pas juste de sa France à lui, qu'il n'a jamais
vue, mais toujours aimée, et qu'il aimera toujours parce qu'il la verra toujours
telle qu'elle a été souvent et telle qu'elle devrait être toujours. Penser et
dire du mal de la France, Dieu l'en garde ! et il a raison. Dire du mal, non de
la France, mais de ces Français qui se font chez nous consciemment ou sans le
savoir les semeurs d'erreurs religieuses et sociales qui perdent en France un
si grand nombre d'esprits faits pour être sains et sensés, il ne peut s'y résoudre.
Il lui semble que l'Anglais bénéficiera de tout ce qui rapetisserait un Français.
Il n'est pas national seulement, il est nationaliste, dans le sens
le plus étroit du mot. Pour
moi, je crois que le meilleur moyen de guérir la peste n'est pas de l'ignorer.
Tant pis si elle vient de France ! Ce n'est pas parce qu'il est français que je
combats le fléau, mais parce qu'il veut perdre mon pays. C'est pourquoi, n'aspirant
pas plus qu'Alcipe à une couronne ou à un doctorat quelconque, et ne croyant nullement
par là faire l'affaire des Anglais, je dirai seul ma pensée sur le livre de M.
Siegfried. ********** Ce
livre ne me semble pas merveilleux. L'auteur a l'esprit clair et méthodique, ce
qui est naturel aux « Français de France ; » il écrit sans charabia, en quoi il
n'est pas littéraire au sens moderne du mot, et je l'en félicite. Ayant bien étudié
sur place pendant des mois, il donne bien des renseignements exacts sur notre
vie politique et sur les relations extérieures de notre pays, mais pour les donner
il n'a eu guère qu'à les désimprimer ou à les écrire sous la dictée d'hommes bien
informés, dont il ne serait peut-être pas impossible de trouver les noms. Ce qui
lui appartient en propre, c'est l'ordre et la clarté de l'exposition qui ne laissent
pas à désirer: il faut l'en féliciter, ainsi que de la sincérité qu'il a mise
à se renseigner et à, montrer les faits tels qu'ils les a vus et non tels qu'il
les a imaginés; en quoi il diffère du très grand nombre des Européens qui nous
font l'honneur de nous découvrir et de nous faire connaître au Vieux Monde, et
se montre plus consciencieux que la plupart qui écrivent en France sur le Canada
après avoir imaginé qu'ils l'ont connu et compris. M. Siegfried est sérieux. Il
a voulu voir et dire nettement ce qu'il a vu. S'il trompe, c'est qu'il est trompé
lui-même par son préjugé sectaire. Ses appréciations ne manquent point de parti-pris
quand elle sont personnelles, et ses vues n'ont en général aucune élévation ni
profondeur. Somme toute, son livre ne vaut pas la réputation qu'on lui veut faire.
En ce qu'il a de bon il ne dit guère que ce que tout le monde ici n'ignore point,
bien qu'il le dise mieux et d'une façon plus intéressante qu'une plume ordinaire
ne le pourrait dire; en tout ce qui n'est pas un exposé des faits assez facile
à faire même plus complètement, il est souvent nul et parfois détestable. Faut-il
des preuves à l'appui d'un jugement qui paraîtra sévère et nullement dans la note
de réclame de la Patrie? Pour
voir qu'au Canada il y a antagonisme entre deux races, que cet antagonisme des
deux races tient à l'opposition des deux civilisations et que l'opposition des
deux civilisations tient surtout à l'antagonisme de deux religions, ou si l'on
veut, de deux esprits religieux, il n'est pas nécessaire d'être prophète ni d'arriver
du Vieux Monde. M. Siegfried l'a vu : en quoi il a fait preuve de bon sens, et
il le dit avec netteté, ce qui fait honneur à sa sincérité et à son talent d'écrivain.
Il le faut louer, parce que ce mérite est rare parmi ses confrères, je viens de
le dire, mais modérément, parce que ce mérite n'est pas grand. Où
il y eût eu mérite plus qu'ordinaire, c'eût été à faire la philosophie vraie de
notre histoire et à discerner dans le présent et dans le passé les signes sûrs
et probables de l'avenir. M. Siegfried a bien parlé de notre passé et de notre
avenir, mais en vulgarisateur qui se contente de dire ce que tout le monde en
sait et généralement croit en penser, non en philosophe qui arrache aux faits
des secrets inconnus au vulgaire. C'est pourquoi tout son livre me semble médiocre
: il tait ce qu'il devrait dire, et méconnaît parfois ce qu'il devrait mettre
en lumière. Cela devait
être. Je ne crois pas que M. Siegfried soit ce qu'on peut appeler un penseur,
au moins son livre ne m'en donne point l'idée. C'est un esprit clair, net et positif,
qui s'assimile facilement et rend avec une limpidité parfaite tout ce qu'il s'est
assimilé. Ce n'est ni une source, ni un fleuve, c'est une éponge : il n'en sort
que ce qu'elle a reçu. Mais fût-il un esprit supérieur, l'auteur a deux infirmités
intellectuelles qui l'empêchent de bien comprendre notre passé et d'augurer sagement
de notre avenir: il est huguenot de naissance, et libre-penseur de profession,
et par suite ne comprend rien à l'action vraie du catholicisme sur les peuples.
Il ne peut donc bien comprendre ni l'histoire de l'ancienne France ni l'histoire
de la nouvelle. Veuillot
prétendait que qui n'est pas chrétien et ne l'a jamais été ne saurait être maître
de la langue française et la parlerait toujours plus ou moins en étranger. Ce
qui est vrai de la langue de la France l'est aussi de son histoire. Impossible
à qui n'est pas chrétien ou ne l'a jamais été de voir clair et juste dans l'histoire
de la France au delà et en deça de l'Atlantique. Quoi qu'en disent des penseurs
superficiels qui prennent de jolies phrases pour des pensées profondes et des
épigrammes bien tournées pour des jugements d'histoire, la vraie France, de Clovis
à Louis XIV, a été religieuse, non certes en chacun de ses enfants, ni toujours
en chacune de ses couches sociales, mais comme une nation le peut être dans une
vie de douze siècles, par ce qui fait vraiment une nation religieuse, l'esprit,
l'action et les oeuvres (2). Alcipe
va se récrier et dire que j'exagère. M. Siegfried est chrétien puisqu'il est protestant.
Je n'exagère point, excellent Alcipe. Il y a des protestants qui sont chrétiens,
Dieu merci, et dans notre pays c'est peut-être le grand nombre : ceux-là sont
protestants, le mot serait juste ici, par accident de naissance ou d'éducation
;ils n'ont pas l'esprit protestant. Mais l'esprit du protestantisme est ce qu'il
y a de plus opposé au christianisme ; et ceux qui en sont possédés sont les plus
actifs démolisseurs de la foi chrétienne. Les ennemis de l'idée chrétienne ne
s'y sont point trompés; ils ont dit eux-mêmes : « Il faut protestantiser la France
pour la déchristianiser. » A l'heure qu'il est il n'y a plus qu'une forme vivante
de l'idée chrétienne, c'est l'idée catholique. C'est cette forme que M. Siegfried
ne comprend pas. Cette inintelligence, volontaire ou non, le rend souverainement
impropre à comprendre l'histoire vraie de la France et notre propre histoire,
qui n'est en grande partie qu'un bel épisode de l'histoire de France. Il la récite
comme on la lui a racontée, mais comme une narration lue dans une langue peu familière
et qu'il comprend imparfaitement. A
cela tient que les parties les plus faibles de son livre sont celles qui étaient
les plus faciles à faire pour un catholique, et même pour un penseur qui ne serait
pas pris d'ophthalmie [sic] antichrétienne. La deuxième, où il traite de la vie
politique au Canada, est à mon sens la meilleure. Je ne veux pas dire que toutes
les appréciations en doivent être acceptées sans appel: elles se sentent parfois
trop du milieu que l'auteur a fréquenté, et n'ont peut-être pas toujours l'impartialité
que l'auteur veut garder sur le terrain purement politique. Il y fait des aveux
qui ne laisseront pas d'embarrasser ses amis et que dans ma bouche, par exemple,
on prendrait pour des accusations injustes et déloyales. (Voir en particulier
le ch. XXII). La troisième, « De l'équilibre des races au Canada, » est courte
et superficielle. Il y aurait beaucoup à dire sur le premier chapitre en particulier,
le XX VIIIe de l'ouvrage. La quatrième, qui traite des relations extérieures du
Canada, donne en général la note exacte des faits et de l'opinion du pays. Le
chapitre qui la termine avec l'ouvrage jette un coup d'oeil clair et rapide sur
l'avenir politique du Canada. Les prévisions de l'auteur n'apprendront rien aux
Canadiens que préoccupe ce problème de l'avenir de leur pays; elles sont à peu
près celles de tout le monde. Quelles que soient les transformations politiques
du Canada, le groupe franco-canadien gardera-t-il substantiellement intactes sa
langue et sa civilisation? Ou se fusionnera-t-il dans le grand tout anglo-saxon,
et à quelles conditions ? Sur ces questions difficiles notre auteur ne vaticine
guère, sans doute parce que, comme la plupart des mortels, il n'a pas le don de
lire dans les causes présentes toutes les conséquences à venir. Somme
toute, le problème des deux races est bien posé, plus nettement qu'il ne l'a jamais
été. Mais il est plus facile de poser le problème que d'en dégager sûrement l'inconnue.
Reprocher à M. Siegfried de n'avoir pas trouvé la solution certaine, serait malveillance
pure : Dieu seul la pourrait trouver. Mais peut-être aurait-il pu et dû examiner
plus sérieusement tous les éléments d'une solution possible ou même probable.
Pour dire ma pensée, cette question de notre avenir comme race franco-canadienne
me semble traitée trop à la française, c'est-à-dire superficiellement, pour ne
pas dire légèrement. Ce n'est pas d'aujourd'hui que la clarté fausse compagnie
à la profondeur : cela se voit partout, en France peut-être autant qu'ailleurs,
sinon plus. Comme me disait un ami de là-bas, grâce à son tempérament peut-être
et aussi à l'éducation superficielle qu'on lui donne depuis cent ans, l'esprit
français est une machine perfectionnée pour bien poser les points d'interrogation,
mais non point pour y faire toujours des réponses sérieuses. Mais
assez de généralités. Ne pouvant point examiner l'ouvrage partie par partie, je
m'arrêterai un peu à la première, celle qui traite de la formation psychologique
des races canadiennes. C'est assurément la plus faible et la plus défectueuse
de tout l'ouvrage, mais celle aussi où l'auteur, avec ses qualités incontestables,
montre le mieux ses lacunes, et sinon l'intention au moins l'esprit du livre,
qui est le pur esprit du laïcisme français. Quelques citations et quelques observations
de détail suffiront. Il
semblerait tout d'abord qu'ayant bien constaté que c'est l'Eglise catholique seule
qui a conservé intactes la langue et la civilisation française sur les bords du
St-Laurent, M. Siegfried, en bon Français qu'il veut être, s'en montrerait reconnaissant,
et nous féliciterait de notre attachement à une Eglise qui a été et reste encore
le plus ferme rempart de notre nationalité. Oui, mais cette Eglise a eu le tort
de nous garder chrétiens et catholiques : c'est assez pour qu'on lui pardonne
à peine de nous avoir gardés Français de langue et de moeurs. Le
premier chapitre 1er de la première partie et deuxième de l'ouvrage)
intitulé : « l'Eglise catholique », ne peut dissimuler sous ses formules dubitatives
et ses réticences polies les préjugés du huguenot et la haine froide du libre-penseur.
Il contient presque autant d'inexactitudes - j'aurais la malheureuse tentation
de dire, presque autant d'inepties - que de paragraphes. Lisez,
si vous le voulez bien : On
a trop dit qu'en matière ecclésiastique la séparation est devenue la règle dans
le Nouveau-Monde. C'est vrai pour les protestants, mais ce n'est pas tout à fait
exact pour l'Eglise romaine, considérée dans son camp retranché de Québec: elle
y jouit en effet d'un véritable régime de privilège. Hâtons-nous
de reconnaître du reste qu'elle tient, sur les bords du Saint-Laurent, une place
à part, qu'elle a de tout temps été pour ses disciples une protectrice fidèle
et puissante, que notre race et notre langue lui doivent PEUT-ÊTRE leur survivance
en Amérique. Cette situation exceptionnelle lui permettait, dès la conquête, de
revendiquer, du vainqueur lui-même, des droits spéciaux. A bien des égards,
les avantages archaïques qu'elle conserve sont la reconnaissance de services
rendus à notre nationalité. N'est-elle pas doublement chère aux Canadiens, qui
voient en elle non seulement le représentant de leur foi, mais encore le défenseur
attitré de leur race ! Disons
de suite, pour détromper le lecteur européen, que le régime de la province de
Québec n'est ni celui de la religion d'Etat comme en pays concordataire, ni celui
de la séparation au sens maçonnique du mot, c'est-à-dire celui de l'oppression.
C'est celui de l'Etat et de l'Eglise qui se connaissent, se respectent mutuellement
et ne refusent pas de s'entr'aider chaque fois que le bon ordre, la paix publique
et l'intérêt du peuple le demandent, sans chercher à restreindre ou limiter la
mutuelle indépendance de l'une ou de l'autre dans sa propre sphère. Dans
la province de Québec l'Etat est chrétien, en ce sens qu'il reconnaît tous les
cultes chrétiens et en garantit le libre exercice. Il laisse donc à tous les citoyens
la pins entière liberté de choisir leur religion et de la pratiquer, ou d'en changer,
ou de n'en avoir aucune. Il reconnaît de plus à tous les citoyens la liberté de
former toutes les associations dont le but n'est pas immoral ni inconciliable
avec l'ordre et la paix publique. Or les sociétés religieuses, comme toutes les
sociétés, ont des droits et des devoirs à l'égard de leurs membres, et le pouvoir
civil serait inconséquent et ridicule de reconnaître ces associations comme légales,
et de ne pas tenir la main à ce que ceux qui en font librement partie ne s'acquittent
point de leurs devoirs envers elles, qui sont des devoirs mutuels de membres entre
eux. De plus, c'est une
erreur de dire que dans Québec l'Eglise romaine seule est reconnue avec ses droits
et ses privilèges : toutes les Eglises protestantes, particulièrement l'anglicane,
sont reconnues comme elle, avec autant de droits et de privilèges qu'elles croient
en avoir. Si elles n'en ont pas davantage, cela ne tient pas aux dispositions
du pouvoir civil, mais à la nature même des sectes ou religions protestantes qui
n'ont jamais été ni voulu être des sociétés universelles, indépendantes de toute
autre société, mais plutôt des sociétés particulières ou plus ou moins nationales
et subordonnées à l'Etat. Il
est vrai que l'Eglise anglicane ne perçoit pas, comme l'Eglise catholique, sur
ses fidèles une redevance exigible devant les tribunaux civils, pour la bonne
raison qu'elle a été une fois pour toute dotée par la Couronne aux frais du pays.
En quoi le prétendu privilège de percevoir le vingt-sixième des céréales dans
le champ d'un catholique qui reste librement dans l'Eglise et n'en veut pas sortir,
est-il plus exorbitant que celui de percevoir une rente faite par l'Etat à même
les biens du pays ? L'odieux, si odieux il y a, n'est point pour l'Eglise catholique
de « percevoir de ceux qui font profession de lui appartenir les revenus traditionnels
qui lui sont dus » , puisqu'après tout le peuple lui doit tout ce qu'il est et
qu'elle lui donne toujours infiniment plus qu'elle ne reçoit; ce serait bien plutôt
la spoliation qui a consacré au soutien des Eglises protestantes une partie des
biens et des propriétés d'origine catholique, sinon de l'Eglise catholique. Remarquez,
s'il vous plaît, ce paragraphe si doucereusement sectaire : « Hâtons-nous de reconnaître,
» etc., avec ce peut-être que j'ai souligné non sans raison, car il est
merveilleux d'ignorance ou de mauvaise foi, même au bout d'une plume française
protestante et libre-penseuse. C'est une ânerie de tout premier ordre que ne commettrait
point un étudiant en histoire d'une école primaire un peu bien tenue. Si M. Siegfried
ne sait point encore certainement que notre race et notre langue doivent leur
survivance en Amérique à l'Eglise catholique et à la foi catholique, avec tout
son talent que je ne conteste point, il n'a pas ce qu'il faut pour traiter notre
cas et deviser de notre avenir. Car ou il n'a pas lu notre histoire, ou il n'a
pas compris ce qu'il a lu, ou s'il a lu ou compris, il a le parti pris de ne pas
rendre justice ou de mettre en doute jusqu'à l'évidence même, pour ne pas barrer
les jambes à ses théories protestantes et libres-penseuses. Ce
bon M. Siegfried, il éprouve un serrement de coeur à la pensée que les catholiques
qui ne veulent rien devoir à l'Eglise sont obligés de dire qu'ils cessent de l'être.
Cela les gêne, paraît-il, et leur est fort désagréable. Peut-être ! mais d'autre
part, est-il vraiment essentiel à la liberté et à la morale publique que l'hypocrisie
en matière religieuse soit un droit inaliénable des citoyens ? A Québec on ne
l'a jamais cru, même depuis 1789. Si vous vous prétendez catholique et si vous
en réclamez le titre et les droits, remplissez-en les devoirs ; si vous ne l'êtes
plus, ne craignez pas de paraître ce que vous êtes et ne trompez ni l'Eglise ni
vos concitoyens. M. Siegfried
est mal informé lorsqu'il prétend (p. 14) que dans la province de Québec, l'évêque,
assisté du conseil de fabrique, peut frapper les contribuables d'une taxe spéciale
pour la construction d'une église et obtenir du Parlement une loi qui la rende
obligatoire. En réalité, au moins dans les cas ordinaires, les choses ne se passent
pas ainsi. Sans doute
l'évêque a toujours le droit de décréter l'urgence de la construction d'une église
convenable pour le culte et suffisante pour la population catholique d'une localité
ou d'une paroisse. Mais ce décret ne vaut que pour la conscience des fidèles et
n'a par lui-même que la sanction des peines canoniques ou du retrait du prêtre
ou desservant. La taxe spéciale pour la construction ou réparation d'une église,
c'est la majorité des contribuables (plus exactement des francs-tenanciers) qui
la vote, qui en détermine le montant et le mode de perception, et ce n'est qu'après
qu'elle est agréée par l'évêque et les commissaires civils, nommés à cette fin
par le gouvernement, qu'elle devient obligatoire et hypothéquée sur toutes les
propriétés catholiques de la paroisse. L'évêque seul, ou avec le conseil de fabrique,
n'y peut rien sans la requête des contribuables en bonne et due forme. Le pouvoir
civil garantit à l'évêque le droit de régler avec le conseil de fabrique l'emploi
des revenus de fabrique, soit pour le culte soit pour des fins religieuses ou
de charité, mais nullement le droit d'imposer les contribuables. Encore l'évêque
n'est pour rien dans la nomination du conseil de fabrique, lequel est élu par
les francs-tenanciers et présidé par le curé. Il
est très vrai que l'impôt légalement frappé pour la construction ou la réparation
d'une église par une paroisse peut être recouvré par voie de justice civile; mais
ce n'est ni l'évêque, ni le curé, ni même le conseil de fabrique qui poursuit
en recouvrement, mais un comité spécial élu par les francs-tenanciers et dont
les pouvoirs durent jusqu'à la perception complète de l'impôt et à l'achèvement
de la construction ou réparation. En réalité, c'est la communauté paroissiale,
j'entends les fidèles laïcs contribuables seuls, qui vote librement la construction
ou réparation de son église, qui s'impose la taxe nécessaire, qui la perçoit par
ses chargés de pouvoir, approuve les travaux, et l'autorité religieuse n'a guère
qu'à désigner le site et approuver les plans des édifices. Souvent même, il le
faut dire à la louange de notre peuple, l'évêque se voit obligé de tempérer plutôt
que d'exciter le zèle et la générosité des fidèles, car grâce à Dieu, « les Français
(canadiens) sont très dévoués à leur Eglise, les libres-penseurs sont rares, les
mangeurs de prêtres presque inconnus.» Qu'y
a t-il de plus équitable et de plus sage pour un pouvoir qui gouverne des hommes
libres et non des esclaves, de laisser aux citoyens d'une paroisse ou d'une commune
de voter comme ils l'entendent ce qu'ils donneront pour l'église, et quand ils
ont librement voté une contribution, de garantir le paiement de la quote-part
de chacun, afin que les citoyens de bonne volonté ne soient pas surchargés au
delà de leur prévision et que l'oeuvre commune ne soit pas entravée ? L'intention
du pouvoir civil est moins de favoriser l'Eglise que de garantir une dette légitimement
contractée et de protéger les contractants fidèles à leurs engagements contre
ceux qui seraient tentés de s'y soustraire et de laisser tomber sur les autres
leur part légitime des charges communes? Au fond, quand on y regarde un peu sérieusement,
ces prétendus privilèges accordés à l'Eglise ne sont guère que la protection des
droits et des intérêts légitimes des citoyens et sont à leur avantage souvent
autant qu'à celui de l'Eglise. Du
reste, et M. Siegfried se garde de le faire ressortir, en échange de la reconnaissance
de quelques droits qui lui sont naturels, l'Eglise catholique romaine s'est chargée
à peu près gratuitement du service des pauvres, des infirmes, des malades et de
toutes les oeuvres d'assistance temporelle et spirituelle. On trouvera sans doute
que c'est un grand privilège que l'Etat ne la force pas encore de payer des taxes
formidables pour avoir le droit de le décharger de tous ces services publics de
charité qui coûtent des millions aux pays laïcs ! M.
Siegfried s'étonne de la liberté de l'Eglise que l'Etat chez nous n'essaie point
de restreindre à son profit. Ce qui nous étonnerait nous, ce serait l'étonnement
de M. Siegfried qui est un homme intelligent et qui se croit libéral, si nous
ne savions jusqu'à quel point nos cousins de France ont perdu la notion vraie
de la liberté et celle des droits et devoirs mutuels des citoyens et du pouvoir
civil. « Les registres
de l'état civil sont confiés au clergé. » Le privilège est mince : d'autant que
le clergé, non seulement fait gratuitement ce service pour lequel un fonctionnaire
civil percevrait sûrement des honoraires, mais qu'il fournit encore aux frais
de l'Eglise l'exemplaire en double du registre qu'il doit envoyer chaque année
au greffe et paie richement le paraphe dont l'honore et l'authentique le notaire
officiel. L'Eglise a ses registres à elle : ce n'est pas un honneur ni un privilège
que lui fait le pouvoir civil de lui en demander copie authentique et gratis pour
ses propres bureaux d'enregistrement. J'oubliais
une autre inexactitude. « Les inhumations ne peuvent se faire que dans les cimetières
confessionnels, » pour la bonne raison qu'il n'y en a point d'autres, et il n'y
en a pas d'autres parce qu'ils ne seraient à peu près d'aucune utilité.
Un catholique mort
sans les sacrements, dit M. Siegfiied, n'est pas admis dans le cimetière catholique
; il faut que sa famille sollicite pour son cercueil une place au cimetière protestant
ou israélite. C'est
de l'histoire ancienne. Autrefois même on ne se donnait pas toujours la peine
de trouver un cimetière protestant ou autre ; on enterrait dans son champ celui
qui mourait par sa faute hors de la communion de l'Eglise. C'était justice, et
personne ne s'en plaignait. Aujourd'hui nos cimetières catholiques sont plus larges
; ils reçoivent les corps des « catholiques libérés » qui ont voulu le suprême
honneur de l'enterrement laïc généralement réservé dans notre pays aux chiens
et aux chats, mais dans une partie séparée du cimetière des fidèles, et on les
y enfouit sans prière ni aucune cérémonie religieuse. Grâce à Dieu ! ces cas sont
fort rares. Ils le seraient moins si, comme en certains pays concordataires, le
clergé croyait honorer l'Eglise en bénissant en son nom le corps d'un chrétien
qui a renié pratiquement jusqu'à son dernier jour la foi de son baptême et reçoit
sans s'en douter des sacrements qu'il n'a point demandés. M.
Siegfried a cependant une consolation. Dans ce pays où le clergé a toute liberté
de faire son ministère sans en répondre à d'autres qu'à Dieu et à son évêque,
il y a cependant un obstacle nouveau qui devra sans doute amoindrir son influence.
C'est seulement dans
son propre domaine qu'il a trouvé des rivaux qui ne sont autre chose que les membres
des Ordres religieux. Les
trois pages qui suivent sont pleines d'erreurs de faits et déshonorent un livre
qui a des parties vraiment intéressantes et dignes d'un écrivain sérieux. Il faudrait
tout relever. M. Siegfried
ignore que les Sulpiciens sont une communauté de prêtres séculiers et qu'à ce
titre ils ont pu survivre même après la conquête; que les Récollets et les Jésuites
ont été condamnés à s'éteindre et que leurs biens ont été également spoliés :
témoins le site de la cathédrale anglicane de Québec et l'église anglicane des
Trois-Rivières, jadis possédés par les Récollets, et que les protestants n'ont
pas payés fort cher. Les
Jésuites sont rentrés, non depuis vingt ans, mais depuis cinquante ans. Le Parlement
de Québec « leur a alloué deux millions pour indemnité de la confiscation jadis
subie par eux : » c'est-à-dire qu'il a voté deux millions de francs à l'Eglise
de la province de Québec, desquels le tiers à peine est allé aux Jésuites ; le
reste a été attribué aux divers diocèses et aux deux universités de Québec et
de Montréal. On ne dit pas ce que l'Eglise a abandonné aux mains de l'Etat pour
cette compensation qui n'a aucun soupçon de magnificence. Qu'il
soit arrivé au Canada des milliers de religieux depuis vingt ans, c'est une exagération
digne des Bouches-du-Rhone [sic]. A moins que l'on compte dans cette inondation
ces admirables communautés de femmes, bien canadiennes d'origine et dont l'une,
qui n'est ni la moins nombreuse ni la plus vieille, celle des Soeurs de la Providence,
date déjà de soixante ans. «Quelques centaines,» si l'on parle des communautés
d'hommes, eut ressemblé davantage à la vérité. «
Les Sulpiciens ont la haute main sur les séminaires » ; celui de Montréal, le
seul qu'ils dirigent au pays. « Les Jésuites tiennent une grande place dans l'enseignement
secondaire » ; par le mérite sans doute et non par le nombre, puisqu'ils n'ont
qu'un collège classique de langue française sur quinze ou seize, et un de langue
anglaise. « Les Frères des Ecoles chrétiennes s'occupent spécialement des écoles
primaires » ; et des écoles secondaires commerciales où ils arrivent les premiers. Mais
voici, dans le même malheureux paragraphe, où M. Siegfried est encore plus mal
avisé. Nombreux
sont ceux (les religieux) qui, profitant de l'exemption des impôts qui les
favorise, gagnent tout simplement de l'argent, comme de simples laïques, en
faisant de l'imprimerie, du blanchissage, des cultures maraîchères, etc. Mentionnons
encore la charité et l'assistance, vaste champ d'action qui tout naturellement
s'offre à eux, dans un pays où les devoirs de l'Etat laïque ne sont pas encore
bien déterminés. Enfin les réguliers se mêlent parfois de fonder des chapelles,
et c'est là qu'ils rencontrent sur leur chemin l'opposition décidée des séculiers. En
fait, il n'y a pas une seule communauté religieuse dont l'occupation soit de gagner
de l'argent comme de simples laïques : c'est une calomnie pure ou une ânerie peu
digne d'un homme aussi intelligent que M. Siegfried. Les communautés qui exercent
ces industries y emploient d'ordinaire des mains qu'elles seules peuvent utiliser
et leur font ainsi gagner leur subsistance. Pense-t-on vraiment que les maisons
qui reçoivent et nourrissent à peu près pour rien des enfants des deux sexes abandonnés
ou sans ressources, des aveugles, des sourds-muets et des sourdes-muettes, etc.,
y pourraient suffire sans ces industries, avec les seules ressources de la charité
publique et les subventions dérisoires du gouvernement ?Ces industries n'existent
pas que je sache pour le bénéfice propre des communautés, mais pour le soutien
de leurs oeuvres. Quelle
communauté fait au Canada de la culture maraîchère, « son occupation propre» ?
Je n'en connais aucune, à moins qu'il ne s'agisse des Trappistes d'Oka ou de Mistassini,
ou encore de quelques pauvres frères chassés de France par la persécution qu'admire
M. Siegfried, lesquels tâchent de gagner leur vie par la culture afin de n'être
pas à charge au peuple. L'oeuvre des Trappistes est assez connue pour qu'il soit
inutile de la défendre contre de telles insinuations. Il
est bon de noter aussi, pour venir en aide à l'intelligence de M. Siegfried obnubilée
par les préjugés laïques, que l'exemption des impôts profite moins aux communautés
religieuses qu'à leurs oeuvres, au public et à l'Etat lui-même. Tout ce qu'elles
paieraient en impôts devraient être retranché sur leurs oeuvres, ou il faudrait
que la charité privée ou le pouvoir public les subventionnât plus largement. Au
fond c'est l'Etat et le peuple qui bénéficient de l'exemption d'impôts accordée
aux communautés religieuses. N'en
déplaise à, M. Siegfried, l'Etat laïque sait très bien chez nous quels sont ses
devoirs de charité et d'assistance : et il les remplit le mieux qu'il peut en
favorisant les associations charitables qui s'en acquittent à sa place en subventionnant
les oeuvres dans la mesure de ses ressources : il pense avec raison que les diverses
associations religieuses font mieux qu'il ne le ferait lui-même ces différents
services, et plus économiquement. Si, par exemple, les enfants abandonnés sont
nourri, il ne se croit pas tenu de les allaiter de ses propres mamelles ; il n'y
a qu'un Etat maçonnisé qui le puisse faire. Enfin
M. Siegfried me semble trop au courant, pour un laïc de son espèce, des petites
chicanes de sacristie. Qu'il ait pu y avoir çà et là au Canada, quelques petits
froissements entre réguliers et séculiers, il n'y aurait là rien de bien étrange
ni de bien nouveau. Si M. Siegfried veut lire l'histoire de l'Eglise au treizième
siècle il en verra bien d'autres. La nature humaine est toujours la même, hélas!
dans l'Eglise comme ailleurs. Que certains religieux aient pu manquer parfois
de tact et de prudence, et qu'ils aient trop oublié qu'en venant dans un pays
étranger ils devraient en prendre autant que possible les idées, les moeurs et
les usages, c'est trop naturel pour qu'on s'en étonne. Que d'autre part il y ait
eu des froissements en partie légitimes et en partie excessifs, ce n'est point
absolument invraisemblable; mais que M. Siegfried protestant et libre-penseur
ait eu la-dessus les confidences de nos évêques et de nos curés, qui le croira
? Quant à « la possibilité
d'une loi sur les associations, à laquelle curés et évêques ne feraient peut-être
pas une opposition irréductible, » M. Siegfried fait bien de n'y pas croire. Du
reste lui-même se rend très bien compte de la réprobation universelle que rencontrent
dans notre pays les lois persécutrices de ses maîtres Combes et Waldeck (3). Ce
chapitre malheureux finit par une vérité qui donne, comme presque toujours dans
ces quelques pages, le bras à une ineptie. Après avoir dit que tous les catholiques
canadiens devant l'ennemi commun oublieront leurs divisions pour recevoir du Vatican
une direction unique (puisse-t-il prophétiser!), il ajoute :
L'Eglise catholique
canadienne est en effet profondément soumise au Saint Siège. Elle s'est pliée,
non sans quelques résistances peut être, mais complètement, à l'évolution qui,
depuis trente ou quarante ans, a fait de l'Eglise une monarchie absolue et centralisée. Restons-en
la. Je ne tremble plus pour la discrétion de nos curés et de nos évêques. S'il
les avait fréquentés davantage M. Siegfried aurait appris d'eux que ce n'est pas
depuis trente ou quarante ans que l'Eglise catholique est une monarchie absolue,
mais depuis le jour où son fondateur a dit a son premier chef : «
Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que tu délieras
sur la terre sera délié dans le ciel. » En
justice pour M. Siegfried, je dois dire que la plupart des chapitres valent mieux
que celui-là, qui suffit à donner une idée juste de l'esprit du livre et de l'auteur. (1)
Créé par l'auteur, Alcipe est un alter ego utilisé fréquemment dans
ses textes rédigés pour la revue Nouvelle-France. L'utilisation d'Alcipe
permet au père Gonthier d'employer la méthode dialectique de discussion. Alcipe
énonce des idées ou des sentiments qui permettent au père Gonthier d'approfondir
ou de réfuter une question. Alcipe peut aussi exprimer des opinions avancées que
le père Gonthier, même sous l'anonymat du pseudonyme, ne pourrait énoncer. Alcipe
se montre volontiers ironique et volage, laissant libre cours à son imagination,
alors que le père Gonthier est sérieux et constant; parfois les rôles sont inversés,
et Alcipe défend avec sérieux la version orthodoxe des choses. (2)
- Cf. Em. Faguet, l'Anticléricalisme. Je n'ai garde de méconnaître ce qu'il
y a de sincérité et de pénétrante analyse dans cet ouvrage qui fera peut-être
plus de bruit que de bien. L'auteur n'a fait que chercher et grouper tous les
faits qui lui semblent prouver sa thèse; mais sa thèse elle-même est excessive.
Evidemment les défauts naturels ou acquis du Français le disposent à l'irréligion;
mais on en pourrait dire autant de tous les peuples. Un écrivain catholique de
la valeur de M. Faguet, en faisant ressortir les qualités du tempérament français
et groupant dans une certaine lumière les grands faits de l'histoire de France,
démontrerait facilement que la France, par les qualités et les défauts de son
peuple, est faite pour être religieuse, et qu'une seule religion lui peut convenir,
la religion catholique. Le mot de M. Brunetière est un axiome historique incontestable:
« Tout ce qui est anti-catholique est anti-national. » (3)
Note de l'éditeur : il s'agit ici d'une allusion à Emile Combes [1835-1921],
ecclésiastique français défroqué et éminent politicien de gauche de la IIIe République
française. Convaincu de l'existence d'un « péril clérical », le gouvernement Combes
adopta de 1901 à 1905 une série de mesures anticléricales qui souleva l'indignation
de Rome, du monde catholique et du Canada français. Pierre Waldeck-Rousseau [1846-1904]
fut chef du gouvernement français de 1899 à 1902. Sous son gouvernement, Dreyfus
fut gracié et la Loi sur les associations, qui visait particulièrement les organisations
religieuses et menait directement à la séparation de l'Église et de l'État, fut
adoptée malgré une féroce opposition de la droite nationaliste et cléricale.
* Le père
Pierre-Théophile-Dominique-Ceslas Gonthier est né en 1853 à Saint-Gervais, comté
de Bellechasse, Québec. Après des études à Québec, il entra chez les pères Dominicains
à Abbeville dans le département de la Somme, en France, en 1874. Il y poursuivit
ses études en théologie pendant cinq ans. Reçu à la prêtrise en 1879, il retourna
au Québec. Il fut successivement missionnaire à St. Hyacinthe (1879-85), curé
d'une paroisse à Ottawa et supérieur du couvent dominicain (1885-94), missionnaire
auprès des Franco-Américains à Fall River (1895-1897), puis professeur de théologie,
prieur et maître des novices au monastère dominicain de St. Hyacinthe. Il rédigea
de nombreux articles pour la revue La Nouvelle-France. La plupart de ses
écrits furent rédigés sous un pseudonyme. Il décéda en 1917. Source:
Raphaël Gervais, pseudonyme de Dominique-Ceslas Gonthier, « Erreurs et préjugés.
À propos d'un livre perfide. - André Siegfried : Le Canada, les deux races
», dans La Nouvelle-France. Revue des intérêts religieux et nationaux du Canada
français, Vol. 5, No 7 (juillet 1906): 340-353. ©
2000 Claude Bélanger, Marianopolis College |