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Yves Michaud abandonne sa candidature dans Mercier « Je n'ai pas, de mon propre chef, décidé de faire acte de candidature à l'investiture de la circonscription de Mercier du Parti québécois. Les membres de l'exécutif à l'unanimité et plus de deux cents militants et militantes ont souhaité que je les représente à l'Assemblée nationale. J'ai répondu affirmativement à leur appel tout en précisant que je garderais, dans l'éventualité de mon élection, mon droit de critique et d'inventaire des politiques gouvernementales. « La journée même de l'annonce de ma candidature, le 12 décembre 2000, une campagne de haine, de désinformation, d'insultes et de discrédit a été déclenchée contre moi par M. Robert Libman et le B'Nai Brith, organisme dont il est le directeur au Québec. Cet organisme a sommé M. Bouchard de s'opposer à ma candidature en déformant outrageusement mes propos aux fins de salir ma réputation. Deux jours après, le 14 décembre 2000, les députés de l'Assemblée nationale s'associaient unanimement au B'Nai Brith pour enregistrer à la vitesse de l'éclair un vote de blâme à mon endroit, « sans nuance et sans débat ». L'omerta [Note de léditeur : il sagit de la loi du silence chez les Mafiosi.] parlementaire était imposée, la censure décrétée, la liberté d'expression violée. M. Bouchard prononçait mon excommunication. Le premier ministre ravalait l'Assemblée nationale à un tribunal d'exception, donnant ainsi des proportions démesurées à une affaire qui aurait pu se régler entre les instances du Parti. S'il y eut des effets négatifs pour le Québec, ici ou ailleurs, il en est le premier responsable. « Les principes et les valeurs qui ont inspiré ma vie ont toujours été à l'opposé des anathèmes, des abus de pouvoir et d'autorité, comme à toutes les atteintes à la liberté de parole, au droit à la dissidence et à la contradiction. En un demi-siècle de vie consacré presque entièrement au service de ma patrie, malgré l'âpreté des luttes et des combats que j'ai menés, j'estime n'avoir jamais tenus (sic) des propos qui ont franchi les limites de l'INacceptable (sic). « Ainsi, prenant acte de l'intransigeance de M. Bouchard et n'ayant nul espoir, par ailleurs, que l'Assemblée nationale répare à court ou à moyen termes (sic) les torts immenses quelle m'a causés, j'en suis venu à la conclusion que je ne saurais prendre le moindre risque de me condamner pour un certain nombre d'années à entretenir de pénibles et difficiles fréquentations. Je ne solliciterai pas l'investiture dans Mercier. Je presse les militants et les militantes qui m'ont soutenu au cours des dernières semaines de redoubler d'ardeur au sein du Parti pour faire triompher la liberté d'expression, la démocratie sociale et faire échec au néolibéralisme triomphant. Plus important à s'opposer vigoureusement aux tentatives de faire table rase du passé, des repères, de la mémoire d'un peuple. À faire barrage également, aux tentatives suicidaires de « renouvellement » d'un discours souverainiste prêchant l'entrée dans l'ère du vide et du déracinement, rapetissant ainsi la société québécoise à une atomisation de citoyens férocement individualistes et n'ayant d'autres raisons de vivre que d'assouvir leur rage de consommation. J'estime que le président de la circonscription de Mercier, M. André Reny, a toutes les qualités requises pour défendre et promouvoir ces valeurs et ces principes. « Je me place en réserve du Parti québécois tout en me tenant près (sic), le cas échéant, à soutenir et défendre les valeurs et les principes qui ont guidé mon action, sans égard au prix à payer pour ce que je crois être l'indispensable exportation de ma vérité. « Yves Michaud. « Montréal, le 14 janvier 2001. « P.S. Prière de ne pas me solliciter pour des entrevues à la suite de cette déclaration. » [Note de léditeur : M. André Reny est présentement le président du Comité exécutif du Parti québécois dans la circonscription de Mercier.] Source : La Presse, 15 janvier, 2001, p. A-2. |