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Documents of Quebec History / Documents de l'histoire du Québec
Juifs et franco-québécois
Les Juifs veulent des écoles séparéesLes Juifs réclament du français[1912]
Nous recevons d'un journaliste israélite, M. L. Chasanovitch, rédacteur du Volkszeitung, 45, rue Dorchester-ouest, des renseignements fort intéressants sur un mouvement qui se prépare actuellement chez les Juifs de Montréal.
Ceux-ci, d'après M. Chasanovitch, prétendent que 80% des enfants juifs qui fréquentent les écoles de la Commission protestante, apprennent le Nouveau Testament sans le consentement des parents, et c'est un état de choses contre lequel ils entendent protester.
Une réunion a eu lieu dimanche, le 6, au No. 45, rue Dorchester-ouest, pour discuter cette question. Vingt associations juives, représentant cinq mille membres, y avaient envoyé des délégués. Les orateurs ont déclaré que beaucoup de parents juifs, ignorant la langue anglaise, ne savent point ce qui se passe à l'école. Une résolution a été adoptée demandant que les enfants juifs ne reçoivent aucun enseignement chrétien.
Détail intéressant, à cette réunion, plusieurs orateurs ont protesté contre le fait que les écoles anglo-protestantes de la ville ne donneraient pas un enseignement suffisant de la langue française.
Plusieurs des protestataires sont d'avis que si la Commission des écoles protestantes ne leur donne pas satisfaction, les Juifs devront demander des écoles juives séparées et une commission scolaire indépendante.
On annonce que l'assemblée de dimanche sera suivie d'autres réunions de protestation.
Le rabbin d'une des principales synagogues de la ville dit qu'il n'a jamais eu connaissance de ces griefs. Un avocat israélite déclare qu'on ne doit donner de créance à aucun mouvement qui n'a pas le concours de l'Institut du Baron de Hirsch, lequel est l'organisation par laquelle, dit-il, tout mouvement semblable doit passer. "Nous sommes, dit cet avocat, quarante mille Hébreux à Montréal et il ne se passe pas un jour sans qu'une demi-douzaine de nos coreligionnaires se réunissent et passent à l'unanimité des résolutions qu'ils envoient aux journaux comme l'expression de l'opinion juive".
M. le pasteur Symonds, président de la Commission Scolaire Protestante, dit qu'il n'a jamais entendu parler de cette affaire. Les Juifs sont, dit-il absolument protégés et si quelqu'un d'eux a à se plaindre, qu'il le fasse par une requête ou qu'il vienne voir notre commission; nous ferons une enquête approfondie sur ses griefs. Source: Le Devoir, le 9 octobre 1912, p. 6 |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |