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Documents of Quebec History / Documents de l'histoire du Québec
La Femme dans la société moderne
Par Napoléon LEGENDRE
(Lu le 27 mai 1890)
Pour bien apprécier le rôle de la femme dans notre état de société, il faut remonter plus haut dans la série des âges, et voir, d'un rapide coup d’œil, ce qu'elle était au milieu des premiers groupements humains, c'est-à-dire chez les peuplades barbares.
A ces époques reculées de l'histoire, la femme ne comptait pour rien, à peu près, dans l'organisation des tribus, dans d'existence sociale, et même dans la vie de la famille. C'était moins qu'un domestique, c'était une humble esclave ; et souvent même — chose horrible — on en faisait presque une bête de somme. A elle les travaux les plus durs, les plus humiliants, les tâches les plus repoussantes. L'homme fait la guerre et la chasse, ou bien il se repose sous sa tente ; et, pendant ce temps, la femme est chargée de toutes les besognes du dehors et de l'intérieur. Quand elle suit son mari dans une expédition, c'est elle qui porte les lourds fardeaux durant tout le jour ; et, le soir, quand on s'arrête, au lieu de se reposer, c'est encore elle qui établit le campement pour la nuit, entretient le feu et sert le repas, auquel elle ne peut pas prendre part. Elle se nourrit des restes, quand tous les autres se sont largement repus.
Elle ne jouit d'aucune [sic] de ces douces intimités du foyer, qui seraient cependant pour elle la meilleure part de l'existence. Elle n'a pas même toujours librement les consolantes caresses de ses enfants, qu'on lui enlève à un âge encore tendre pour les soustraire à sa direction maternelle. Elle ne peut leur témoigner son affection qu'en passant, à la dérobée ; les garçons sont pris de bonne heure pour être formés au métier des armes ; on leur inspire, dès le début, des sentiments de mépris pour la femme — même pour leur mère. Quant aux filles, elles sont mises tout de suite aux plus durs travaux ; on leur refuse tous les égards ; elles sont regardées comme des êtres inférieurs, et leur vie est sacrifiée pour satisfaire le moindre caprice.
L'homme est persuadé, ou du moins il paraît croire que, chez la femme, il n'y a aucun sentiment relevé ; qu'elle est, par nature, une servante, une esclave, sa chose, et que jamais elle ne pourra aspirer à devenir sa véritable compagne, son égale.
Et, pendant ce temps, la pauvre femme, triste, résignée quelquefois, mais souvent désespérée, se demande en vertu de quelle loi elle est ainsi traitée, de quel droit divin ou humain elle se trouve condamnée pour toute sa vie à ce sort misérable. Comme un oiseau captif, elle cherche à ouvrir ses ailes pour s'envoler dans l'espace et s'élancer vers l'infini ; c'est-à-dire à ouvrir son cœur qui déborde d'affection, et à le laisser rayonner autour d'elle ; mais elle sent qu'un point d'appui lui manque, qu'une barrière invisible l'entoure de toutes parts et entrave sa liberté.
Et il ne faut pas aller bien loin ni remonter bien haut pour trouver ce triste état de choses. Etudiez les peuplades qui habitaient ce continent à l'époque de sa découverte par les Européens. Un certain nombre d'entre elles avaient atteint, il est vrai, une haute civilisation ; mais la plupart étaient encore en pleine barbarie. Et aujourd'hui même, dans les différents royaumes qui occupent l'intérieur de l'Afrique et certaines îles de l'océan Pacifique, vous voyez encore l'esclavage de la femme, cette horrible plaie qui forme une tache monstrueuse dans l'histoire du dix-neuvième siècle.
En Russie, dans ce grand empire de cent millions d'habitants, de nos jours encore, on traite la femme avec une cruauté qu'on hésiterait à exercer envers un animal domestique. Heureusement, ce n'est que l'exception.
Partout, à mesure que la civilisation a marché, l'émancipation de la femme s'est faite peu à peu ; sa position est devenue moins pénible, elle a été admise à marcher moins loin de l'homme ; elle a commencé à compter dans la famille, à jouir de sa liberté.
Enfin, la diffusion du christianisme est venue la relever davantage et lui donner sa véritable place : il l'a faite la compagne et l'égale de l'homme, la gardienne et l'ange du foyer, la première et la meilleure éducatrice de l'enfance.
Il est vrai, hélas ! que, chez beaucoup de peuples de l'Orient — qui marchent pourtant en pleine civilisation — le progrès, sous ce rapport, n'est pas aussi marqué ; mais il est également vrai que, chez presque toutes les nations civilisées, la femme a, dans la société, son état reconnu par les lois humaines comme par la loi divine. Entre elle et l'homme, l'égalité est proclamée. Il faut bien avouer, néanmoins, qu'elle doit obéissance à son mari ; mais cette obéissance est entendue très largement, et si le mari voulait pousser son autorité jusqu'à l'abus, la loi le mettrait bien vite à la raison ; car nos codes ont, sur ce point, toutes espèces de protections, non seulement pour la personne de la femme, mais même pour ses biens.
Il paraît donc bien établi que, en théorie, la femme est de toutes manières l'égale de l'homme. Mais, maintenant, en est-il toujours ainsi dans la pratique ordinaire de la vie ? Nous allons nous arrêter un peu sur cette question très délicate.
Il faut bien convenir, tout d'abord, que nous ne conformons pas toujours strictement nos actions aux principes que nous reconnaissons et que nous proclamons. L'homme a ses faiblesses comme ses grandeurs ; et ici, je dois l'avouer, nous avons modifié quelque peu nos principes dans le sens de notre faiblesse. Tout en déclarant bien haut que la femme est notre égale sur chaque point, nous nous élevons souvent — et peut-être sans nous en apercevoir — un peu au-dessus d'elle. Et, chose singulière, ce sont encore et surtout les vieilles distinctions d'intelligence qui reparaissent sous main ; il semble qu'on ne puisse pas se débarrasser de ce levain d'un autre âge. On ne dit pas ouvertement que l'intelligence de la femme est inférieure à celle de l'homme, mais on agit exactement comme si on en était persuadé. De fait, on s'habitue à considérer que la différence qui existe dans la force physique des deux sexes se reproduit parallèlement dans le domaine de l'intelligence.
Il y a cependant des cas où l'on reconnaît l'égalité parfaite, c'est lorsque l'intérêt de l'homme y trouve son compte. Et c'est peut-être là que s'accusent encore, dans une autre forme, les préjugés d'autrefois. Ainsi, on veut bien que la femme, la jeune fille, l'enfant même aient le droit de travailler autant qu'elles le peuvent, durant leurs dix heures par jour, au domicile, au dehors, à l'atelier, à la fabrique. C'est une concession qu'on fait bien volontiers. Mais, d'un autre côté, on refuse à la femme la participation aux grands travaux de l'intelligence, ou, du moins, on voit d'un fort mauvais oeil son intrusion dans ce champ d'action, parce que, dit-on, elle n'a pas les aptitudes nécessaires.
Et sur ce point spécial, je veux expliquer ma pensée.
Il est bien certain que la femme ne doit être en rien considérée comme notre inférieure. Il y a, cependant, au sujet du travail qu'elle peut faire, des distinctions à établir, et certaines lignes de démarcation qui s'imposent, pour la protection même de sa personne.
Ainsi, quand la Société de l'émancipation veut que les femmes soient éligibles à la députation, qu'elles puissent devenir médecins, notaires, ingénieurs, avocats, peut-être maréchaux et capitaines au long cours, on comprend qu'il y a là, je ne dis pas des impossibilités absolues, mais enfin des difficultés qu'on aurait de la peine à surmonter ; et cela, non pas à cause du défaut d'intelligence — car plusieurs femmes, dans de hautes positions, se sont montrées supérieures à nous — mais par suite de causes toutes naturelles.
Et d'abord, la nature a imposé à la femme un grand et sublime devoir : la maternité. Ce devoir prime tous les autres. Or il est à peu près incompatible avec certaines occupations, certains travaux.
Ainsi, supposez qu'une femme se porte candidate dans un collège électoral quelconque. La voyez-vous, voyageant de paroisse en paroisse, haranguant les électeurs aux portes des églises et dans les comités, se faisant coudoyer dans les assemblées tumultueuses, exposée aux injures, et peut-être aux voies de fait. Et, si elle est élue — car je suis trop poli pour croire que son élection puisse faire l'ombre d'un doute — il lui faudra quitter sa maison pour aller séjourner durant trois ou quatre mois dans la capitale, assister aux séances de la Chambre, faire des discours sur le libre échange et la protection, discuter la balance du commerce, ou veiller à l'organisation des milices.
Et, pendant tout ce temps, que deviendra sa famille abandonnée, privée de ses soins maternels ? Le père, sans doute, y pourvoira.
Eh ! mon Dieu, il y a déjà bien assez de cas où cet état de choses est inévitable ; ne cherchons pas à en créer de nouveaux. A chacun son lot : la femme est faite pour le foyer, et l'homme pour les choses du dehors. Si vous intervertissez les rôles, vous créez des situations pour le moins singulières.
Et, pour que la mère soit mieux en état d'accomplir sa tâche, au milieu de ses enfants, donnez-lui une éducation plus élevée, et surtout une instruction plus solide. Tout ce qui tombe de ses lèvres reste bien mieux gravé dans le coeur et l'esprit de l'enfant, qui, tout jeune encore, a une confiance illimitée dans la parole de ses parents. Et cette confiance persiste, augmente même chez lui, tant qu'une erreur de fait ou de jugement n'est pas venue la lui enlever.
Or, si la mère, avec qui les enfants ont des rapports de tous les instants, possède une instruction assez étendue pour pouvoir répondre sûrement à leurs nombreuses questions, résoudre promptement les difficultés qui se présentent en foule à leur esprit, elle est en mesure de produire un bien considérable et de former des sujets qui feront plus tard honneur à leur famille et à leur pays.
Mais, pour cela, laissons la mère, s'il est possible, à son intérieur, à sa maison. C'est sa véritable place ; et, puisque personne ne peut la suppléer dans ce poste que la Providence lui assigne, qu'elle l'occupe, qu'elle le garde avec fierté ; car c'est un poste de dévouement, de confiance et d'honneur.
Cela ne veut pas dire, cependant, qu'il n'y ait point des emplois où les femmes, si elles sont libres, peuvent et doivent même être appelées de préférence aux hommes, et où elles sont tout à fait à leur place. Les écritures de bureaux, la télégraphie, les agences de poste, les débits de nouveautés et de menus objets, la littérature, les arts, certaines sciences même : voilà autant d'emplois et de travaux qui leur conviennent, et dont elles sauront s'acquitter toujours aussi bien et souvent mieux que nous.
On m'objectera peut-être que la femme, en exerçant ces fonctions, ne pourra pas être à sa famille, à sa maison, et qu'elle devra quitter ce sanctuaire où je voudrais la voir régner sans partage. Mais, il n'est pas question, ici, des mères de famille seulement ; il y a assez de jeunes filles et de femmes sans enfants, qui sont libres presque toute la journée, et dont le travail au dehors ne saurait gêner en rien les devoirs qu'elles peuvent avoir à remplir chez elles. On conviendra, du reste, que même s'il y a à cela des inconvénients, on ne trouvera pas au moins cette étrangeté, ce shocking, qui s'impose à notre esprit à la vue d'une femme parlant devant une assemblée d'électeurs, donnant un cours de chirurgie, ou plaidant une affaire délicate en police correctionnelle.
Où il y a lieu de faire encore des distinctions, d'établir des lignes de démarcation, c'est dans le travail manuel, le travail des usines surtout.
Je sais bien que, trop souvent malheureusement, ce travail fatigant, épuisant, est nécessaire, indispensable même. La femme qui n'a plus que ce moyen pour vivre ou pour faire vivre sa famille, est sans doute obligée de se soumettre aux circonstances, si dures qu'elles soient. Mais, au moins, qu'on épargne cette tâche terrible aux jeunes filles encore incomplètement affermies, dans la vie, et surtout à ces pauvres petites qui vont pâlir leurs joues et dessécher leur poitrine dans cette atmosphère empoisonnée.
Ah ! les fabriques ! elles ont bien leur utilité, mais que de victimes humaines elles ont sacrifiées ! que de jeunes filles, que d'enfants elles ont conduites à une mort prématurée ! Ces pauvres petites, surtout, souffrant de leur croissance, délicates, ayant besoin d'air pur, de mouvement et de liberté ; quand je les vois poussées, dès sept heures du matin, vers une de ces grandes et sombres usines qui referme [sic] sur elle ses portes, il me semble toujours apercevoir flamboyer, à cette noire façade, les vers terribles du Dante :
Lasciate ogni speranza, Voi eh ! entrate ! Laissez dehors toute espérance, Vous qui entrez ici !
Regardez-les, par les matinées brumeuses et froides de l'hiver, une heure avant le lever du soleil, ces troupes de petites filles qui s'en vont, pâles et sérieuses, commencer leur tâche accoutumée.
Les voici à leur poste, sur un banc sans dossier, quelquefois debout. Celle-ci fait le service d'une machine à trancher ; celle-là surveille une presse d'imprimeur. Cette autre, — qui n'a pas plus de dix ans — jette des chiffons immondes dans des cardes qui les effilochent et qui remplissent l'air d'une poussière fine et sale. Une autre, un peu plus loin, conduit un rouet qui file de nouveau ces débris repoussants. Il n'y a pas un moment à perdre : l'énorme machine qui met tous ces mécanismes en mouvement marche et n'attend point. L'enfant tousse, éternue ; l'horrible poussière pénètre sous son mince vêtement et lui cause d'intolérables douleurs ; il ne faut pas s'arrêter : la machine n'attend point. Du reste, l'oeil du contre-maître est là qui surveille.
En voici d'autres qui travaillent dans une fabrique de papier.
Avez-vous [sic] jamais vu fabriquer le papier ?
Non ?
Eh bien, venez ! Vous verrez de quels sales et dégoûtants haillons est composée cette feuille rose et parfumée à laquelle vous confiez votre secret, Mademoiselle, cette page blanche et lisse sur laquelle vous jetez un chef-d'oeuvre, ô poète. Et, ces haillons gras et empestés, ce sont de pauvres enfants qui les trient et les assortissent, qui les manipulent durant tout le jour. Ici encore, il ne faut pas s'arrêter ; la machine est là qui ouvre ses pinces énormes ; elle n'attend pas une seconde, elle ne pardonne pas un moment de retard.
Et cela dure ainsi depuis sept heures du matin jusqu'à six heures du soir, sans autre répit que l'heure du repas, au milieu du jour.
Enfin, voici la journée achevée ; les petites quittent l'usine. Sur la route, on en voit rire quelques-unes, mais c'est l'exception. Ce sont presque toutes des figures graves avant le temps, montrant ce sérieux maladif des gens qui souffrent d'un mal caché et incurable. Leur mal à elles, c'est l'air empesté de l'usine, c'est la croissance difficile et entravée, c'est la persistance inexorable du travail, avec cette certitude que, demain, il faudra recommencer. Elles sont — la comparaison est triste mais vraie — comme ces malheureux chevaux qui, dans les cirques, galopent lourdement et avec un air ahuri qui fait mal à voir. Elles font partie de leur machine ; on les traite comme un engrenage, sans songer à la délicatesse de leur structure. Si elles se brisent et tombent, on fait comme pour l'engrenage : on les remplace.
Et, ce qu'il y a de plus triste, c'est qu'on les remplace facilement. Pour une qui s'en va, dix autres attendent leur tour à la porte de l'usine. On n'a qu'à faire un signe, elles se précipitent au devant de la mort. Car, il n'y a pas ici d'exagération, c'est bien réellement la mort que ce terrible régime ; seulement, elle est plus ou moins lente à venir, suivant le genre de travail, ou la vigueur des constitutions.
Ah ! c'est là la véritable plaie de notre société moderne, le mal qui nous ronge et contre lequel on ne saurait employer des moyens trop énergiques. On fait des lois pour protéger les animaux contre la brutalité des hommes ; mais, grand Dieu ! quand donc en fera-t-on d'assez larges, d'assez puissantes pour protéger efficacement l'enfant contre la brutalité des machines. Il est vrai que, depuis quelques années, on a un statut qui contient des dispositions assez sévères à cet égard. Peut-être suffiront-elles, quand elles auront été bien comprises et mises rigoureusement en vigueur. Mais, combien de pays sont encore en arrière sous ce rapport !
J'appelle de tous mes voeux le jour où, partout, grâce à une surveillance de tous les instants, on verra changer l'atmosphère des fabriques et revenir les couleurs de la santé sur les joues de ces pauvres enfants qu'on envoie, chaque matin, cueillir les germes de la Mort !
Et, ce ne sont pas les seuls enfants qui souffrent et s'épuisent. Les jeunes filles, les femmes se brisent, elles aussi, dans ce travail de forçat. Si elles peuvent le supporter pendant un temps plus long, elles ne ploient pas moins sous le fardeau trop lourd.
Ah ! Messieurs, si nous croyons réellement que nous avons la supériorité dans la position, eh bien, ayons aussi cette supériorité dans la justice, dans le sacrifice. Prenons pour nous les travaux les plus durs. Ne nous contentons pas d'être supérieurs en paroles, soyons supérieurs par nos actes. Sachons souffrir plutôt que de laisser souffrir. Mettons cette force, dont nous nous faisons gloire, comme un mur de protection entre cette faiblesse et le mal qui veut l'étreindre.
Souvenons-fous que l'autorité a pour premier devoir de protéger, et que toute puissance terrestre qui laisse faire le mal, pouvant l'empêcher, est une puissance unique et doit être déclarée déchue de ses pouvoirs.
Mais, cela ne s'accorde pas avec l'idée que nous nous sommes faite de notre position. Nous voulons bien laisser la femme se dévouer, s'immoler dans les détails de la vie que nous considérons comme au-dessous de nous-mêmes. Nous ne lui refusons pas cette petite supériorité du sacrifice qui gênerait notre repos. Nous lui abandonnons volontiers, nous lui offrons même toute latitude dans la peine, dans le travail modeste et ignoré, pourvu qu'elle ne vienne pas nous disputer la place sur les sommets, dans les hautes sphères de force l'intelligence. Bref, la femme est libre de s'affirmer de toutes manières, excepté par la de l'esprit [sic], dont nous sommes, paraît-il, les légitimes et surtout les uniques représentants.
Nous voici arrivés à la véritable question ; examinons un peu notre supériorité sous ce rapport.
Avez-vous [sic] jamais songé aux différences et aux ressemblances qui caractérisent deux des forces les plus intéressantes répandues sur la surface de notre planète, l'eau et l'air ? Les mers couvrent les trois quarts du globe et s'enfoncent, en certains endroits, à des profondeurs immenses ; l'atmosphère enveloppe la surface entière de la terre et plonge dans une autre direction à de grandes distances. L'eau, mobile ou stable, est une puissance dont se sert l'humanité ; elle porte les flottes nombreuses qui échangent les produits des divers pays, et quelquefois, malheureusement, elle sert de théâtre à des combats sanglants. Calme dans son repas, terrible quand elle s'éveille, et se soulève, elle déploie des forces contre lesquelles les rocs les plus durs même sont souvent incapables de résister. Elle brise tous les obstacles, nivelle toutes les hauteurs, et lance vers le ciel ses vagues qui répandent l'effroi ; pendant que, dans ses profondeurs, la vie ordinaire continue ses phases diverses, sans tenir compte, et souvent sans s'apercevoir des commotions qui tourmentent la surface. Partout, même sous le calme apparent, on sent le mouvement et l'animation.
Mais l'air, pour être moins lourd, moins dense que l'eau, est aussi une force que l'homme utilise, une puissance qui s'affirme. S'il ne porte point les flottes du commerce ou de la guerre, n'a-t-il pas le ballon, vaisseau de l'avenir, qui détrônera avant longtemps le pesant navire de notre époque ? S'il est sans danger dans son repos, n'a-t-il pas également ses commotions et ses tempêtes qui brisent et qui renversent, qui émeuvent l'océan lui-même ? N'a-t-il pas de plus ses éclairs qui illuminent, sa foudre qui pulvérise et consume ? Ne renferme-t-il pas, lui aussi, partout dans son sein, le mouvement et la vie même ? Ne possède-t-il pas en outre cette force mystérieuse, cette puissance incalculable, insaisissable presque, qui soulève, par l'évaporation les eaux terrestres, qui les tient en suspens, les berce et les transporte à des distances énormes pour les laisser retomber en rosées bienfaisantes, en pluies fécondes qui viennent rafraîchir le sol altéré ?
Et n'est-ce pas là l'image de la femme qui plus faible en apparence, élève cependant l'homme par la douce force de la persuasion, par la puissance mystérieuse mais irrésistible de l'affection, le guide, comme à son insu, vers des sommets qu'il n'atteindrait pas de son seul élan, et d'où il peut faire rayonner sur une plus grande étendue les fécondes éclosions de son intelligence ?
N'est-ce pas, en somme, qu'il y a entre ces deux éléments, ces deux choses, matérielles pourtant, des points de contact, des traits de ressemblance qui se reproduisent sur un autre plan, lorsque l'on compare l'intelligence de l'homme avec celle de la femme ?
L'une, en effet, est peut-être plus robuste, plus forte, plus concentrée ; mais elle est aussi plus difficile à détacher des choses positives, retenue davantage dans les réalités de la vie. L'autre, apparemment plus faible, plus légère, est cependant plus souple, plus élastique, et aussi plus susceptible de s'envoler et de gagner en hauteur ce que la première atteint en profondeur. Bref, ce sont deux puissances qui se ressemblent et qui se valent, deux forces qui agissent parallèlement, chacune dans sa zone propre, pour arriver à un résultat commun , deux éléments de lumière et de vie qui se complètent l'un par l'autre.
Maintenant, où est la véritable supériorité ?
Il ne faudrait pas trop approfondir cette question, Messieurs ; sa solution peut nous ouvrir des horizons qui changeraient bien des idées reçues, qui nous éclaireraient sur la rectitude de notre vision et nous forceraient d'entrer dans cette modestie qui nous manque trop souvent peut-être. Car, il y a parmi les célébrités, dans tous les champs, ouverts à la pensée humaine, des noms féminins qui occupent un rang élevé, et qui montrent qu'avec une instruction, une culture aussi forte que la nôtre, la femme arriverait facilement au même niveau, si toutefois elle ne le dépassait point.
En voilà assez, n'est-ce pas, pour nous convaincre que nous aurions tort de vouloir nous maintenir dans des régions trop supérieures, et d'accentuer trop fortement des différences qui, au demeurant, sont assez imaginaires.
Le mieux n'est-il pas de mettre ensemble ces deux forces, de faire travailler de concert ces deux intelligences, de ne les distinguer que par cette saine émulation qui produit les grandes choses, de les faire converger, dans tous leurs nobles efforts vers cette louable ambition de la vie à laquelle tout esprit élevé doit tendre : le vrai, le beau, le bien ?
Mais si, comme on le voit, la question de la supériorité intellectuelle est encore assez difficile à débattre et à résoudre, il y a un autre point sur lequel il est impossible de ne pas s'entendre ; c'est la supériorité incontestable de la femme dans le domaine du sentiment, dans les choses du cœur.
Et cette supériorité est sans doute la plus belle, car l'intelligence n'est pas tout dans la vie. Si les grands travaux de l'esprit laissent dans le monde des traits lumineux et ineffaçables qui éclairent notre marche et éclaireront pendant longtemps, après nous, les générations futures ; combien sont plus précieux et plus utiles encore les souvenirs touchants de ces actes de dévouement, accomplis dans la simplicité et dans l'ombre d'une vie ordinaire, de ces héroïques et obscurs sacrifices qui font l'étonnement et l'honneur de l'humanité !
Ah ! le courage est une grande et belle chose ; mais il existe des degrés dans sa grandeur.
Il y a toujours un singulier mérite à s'élever au-dessus de ses penchants, à dompter les lâchetés de la nature humaine, à refouler les sentiments de complaisance envers soi-même, à forcer cette chair vile et peureuse d'accepter les actes virils que l'âme lui commande d'accomplir. Et ces actes provoquent l'admiration et le respect, même quand ils ont pour les motiver, pour les aider, pour les soutenir, le spectacle de la foule qui les applaudit, la pensée de l'honneur qu'ils vont faire jaillir sur nous, la vision attirante de la palme glorieuse qui va les couronner. Mais quel mérite plus grand encore, quel sentiment de courage bien plus admirable, dans ces actions de la vie ordinaire, de la vie commune, de la vie cachée, qui n'ont pas la foule pour les acclamer, qui ne mêlent à leur généreux élan aucune pensée d'honneur à recueillir, qui n'entrevoient dans l'avenir aucune couronne de gloire terrestre !
C'est là le courage dans toute sa grandeur, c'est le dévouement dans sa plus haute conception humaine.
Et, ce courage d'ordre supérieur, ce dévouement presque hors nature, c'est la femme qui nous en donne les plus beaux et les plus fréquents exemples.
Dieu a fait, dans notre sphère d'existence, deux grandes choses, si grandes, que nous ne les apercevons pas toujours distinctement dans leurs justes proportions, parce qu'elles rayonnent au delà du foyer ordinaire de notre vision : Dieu a fait la mère de famille, Dieu a fait la sœur de charité. Ce sont là les deux chef-d'œuvre [sic] de la création. Je l'ai dit, nous n'apercevons pas toujours ce qu'ils renferment de grandeur et de beauté. Pour les voir dans tout leur véritable épanouissement, il faut fermer ces yeux matériels qui ne nous suffisent plus ; il faut regarder avec le cœur, avec le sentiment.
Quand vous considérez, pendant une belle nuit les espaces stellaires qui déploient leurs splendeurs à vos regards, vous êtes déjà touché, saisis par ce radieux spectacle. Mais si, au lieu de vous servir de votre vue faible et bornée, vous regardez avec l’œil de la science, alors, cette voûte constellée recule ses limites apparentes et se dévoile tout à coup dans sa majestueuse immensité. Au delà des milliers d'étoiles que votre vue avait découverte [sic], apparaissent encore des milliers, des millions d'autres globes qui sont des soleils bien supérieurs au nôtre en éclat et en grandeur. Ces flocons blancs et indistincts, ces nébuleuses transparentes qui flottaient devant votre regard, se divisent maintenant en des myriades d'astres radieux, avec leurs planètes énormes auxquelles ils versent constamment le mouvement, la lumière et la vie. Et plus loin, toujours plus loin, plus haut, plus haut encore, dans toutes les directions de l'immensité, les mêmes splendeurs se révèlent sur un insondable infini. Alors, devant tant de grandeur et de beauté, sentant votre faiblesse et votre insignifiance, vous restez muet dans un sentiment de respectueuse contemplation.
Et voilà quelles doivent être à peu près nos impressions, quand, avec l’œil du cœur, nous regardons ces deux gloires de la création, la mère de famille et la sœur de charité. La mère de famille !
Arrêtons-nous un instant devant ce foyer d'amour chaste et suave qui a jeté son inépuisable et doux rayonnement sur toute notre vie, qui a éclairé notre enfance, qui a guidé notre jeunesse, qui a soutenu notre âge mûr, et qui a trouvé encore des dévouements pour les derniers jours de notre vieillesse.
La mère de famille !
Ah ! quelle part de courage elle s'est faite, quelle somme de sacrifices elle a prise pour elle dans la vie, afin de ne nous en laisser que les joies et les gloires.
Et voyez, en effet, quelle est son existence.
A elle les tâches les plus difficiles et les plus ingrates ; à elle, bien souvent les humiliations secrètes, à elle la souffrance dans le devoir et le dévouement. Et elle passe au milieu de ces choses, le sourire sur les lèvres, parce que la paix d'un légitime amour est dans son cœur.
Regardez-la dans la famille, dans la vie de tous les jours.
Ah ! je vous ai parlé tout à l'heure d'esclavage ; eh bien, en voici un véritable ; mais c'est un noble esclavage, parce qu'il est libre, parce qu'il est volontaire, parce qu'il est accepté avec le consentement du cœur tout entier ; et c'est ce qui fait sa grandeur. Avez-vous bien considéré ces soins de tous les instants, cette réponse empressée et jamais laissée à chaque appel qui se fait entendre, cette offre spontanée, même pour les services qui devraient révolter les instincts de la nature ?
Et si vous voulez considérer la femme dans toute la grandeur comme dans tout le dévouement de sa maternité, voyez-la au chevet de son enfant malade, voyez les journées 'agitées de crainte et d'espérance, les nuits qui se prolongent dans les tortures de l'anxiété. Elle est là, debout toujours, la courageuse, ignorée des autres, ignorée d'elle-même ; elle est là, l'humble héroïque, veillant dans les pleurs et l'angoisse, épiant sur cette chère figure un signe qui lui donne l'espoir, un spasme qui lui déchire le cœur. Et les jours et les nuits se succèdent ; la maladie qui brise et consume ce bien-aimé ne peut pas l'abattre, elle ; car les ressources de sa vie semblent doublées ; il y a en elle deux existences qui luttent contre l'ennemi ; elle ne veut pas, elle ne peut pas succomber. Et pourtant, cette double vie le fait souffrir doublement ; elle supporte des souffrances presque infinies. Mais ce cœur, si frêle en apparence, est ancré dans une volonté ferme de ne céder que pour mieux reprendre son généreux élan.
Ah ! il y a là une bataille que la mère soutient avec une valeur dont nous n'avons pas d'idée, et dans laquelle, malgré toute notre force, nous serions brisés dès les premières heures.
Et, arec cela, souvent, les préoccupations d'un coeur que sa délicatesse même rend accessible à toutes les appréhensions qui viennent du dehors ; les heurts pénibles qui lui arrivent dans sa solitude par ces paroles emmiellées et perfides dont l'apparente caresse cache un aiguillon mortel ; les froissements si douloureux de l'oubli ou de l'indifférence de la part de ceux qui devraient l'aider, la soutenir. Mais, malgré tout, elle combat, elle tient ferme.
La mère de famille ! qui connaîtra jamais toute sa vaillance ?
Notre vie à nous est au dehors ; nous avons, au moins, pendant que nous travaillons, le repos du mouvement. Mais la mère est là, enchaînée à son foyer, tournant sans cesse dans le même cercle du devoir, recommençant toujours les mêmes dévouements.
Et si pour rompre la monotonie de cette existence, elle veut quitter un moment son asile, retremper ses forces au dehors, l'envie est là qui l'attend, qui veille, qui la suit pour la surprendre. Ses moindres actes, il faut qu'elle les entoure de mille précautions, pour qu'ils ne soient pas interprétés contre elle ; ses paroles mêmes, il faut qu'elle les mesure, qu'elle les pèse ; car il y a toujours là quelqu'un qui est prêt à s'en faire une arme contre son honneur. Ah ! nous avons malheureusement, dans la balance qui pèse la vie, deux poids : l'un pour juger l'homme, et qui penche toujours vers la clémence ; l'autre pour juger la femme, et qui s'incline toujours vers la condamnation. Là où nous passons indemnes, elle ne peut marcher que flétrie et déshonorée. Et c'est nous, dans la prétendue supériorité de notre intelligence, qui faisons ces lois ; et c'est nous, dans l'orgueil de notre cœur, qui rendons cette justice !
Messieurs, pensons à nos mères, pensons à nos sœurs, pensons à nos enfants, et humblement, frappons notre poitrine, car nous avons bien des torts à nous reprocher.
Heureusement qu'il y a chez la femme plus d'indulgence que chez nous. Heureusement, son cœur est ainsi fait, qu'elle est toujours prête à pardonner, toujours prête à oublier le passé, toujours prête à revenir, à rendre le bien pour le mal, à mettre en pratique, mieux que nous, la suave morale de l'Evangile.
Et où trouverais-je encore un plus bel exemple de ce sentiment presque divin, si ce n'est dans cette autre femme qui résume en elle-même toutes les saintes indulgences, tous les nobles sacrifices, de même que son nom résume toutes les plus pures affections, tous les surhumains dévouements : la sœur de charité !
Où est-elle donc, je vous le demande, notre supériorité, en présence de cette jeune fille qui a mis de côté toutes les ambitions, tous les appels les plus légitimes de son âme, pour n'en laisser s'envoler les désirs que vers un seul but : le bien et le bonheur des autres ; qui a comprimé, pour ainsi dire, toute une partie de son cœur, afin de laisser jaillir de l'autre un sentiment nouveau et surnaturel : l'amour du pauvre, de l'infirme, du malade, de l'abandonné ? Elle a renoncé à la suprême joie de la maternité naturelle, pour devenir la mère de ceux qui n'ont plus de mère. Elle a renoncé, souvent à la fortune, aux honneurs pour vivre d'une vie pauvre, humble, ignorée, pour se faire la servante des servantes.
Comme la mère le fait pour ses enfants, elle prodigue ses soins, ses veilles, au lit des malades ; les tâches les plus repoussantes ne la rebutent point. Et, si elle n'a pas les anxiétés, les tortures que le cœur maternel éprouve en voyant souffrir la chair de sa chair, elle n'a pas, non plus, ce lien du sang qui soutient la mère et lui rend naturels les plus grands sacrifices, qui inspire de lui-même les plus héroïques actions. Son courage, il faut qu'elle le puise ailleurs ; son dévouement, il faut qu'elle lui trouve d'autres motifs. Elle sort donc de nouveau de cette vie terrestre, elle quitte encore une fois le monde qui s'agite autour d'elle, et va chercher plus loin, dans la promesse d'une existence future, la pensée qui soutient sa faiblesse, la voix qui lui commande le renoncement.
A chacun de ses actes, elle répète le sacrifice qu'elle a fait en prononçant ses vœux.
Et, quand sa tâche est finie ou suspendue, elle n'a, pour se distraire, que le silence du cloître, pour reposer son regard, que les pauvres murs de sa cellule, où viennent souvent se peindre dans la nuit, en tableaux terrifiants et persistants, les scènes épouvantables auxquelles elle a dû assister : l'agonie, la mort ! Songeons donc un moment à ces épreuves terribles, bien que cachées, et demandons-nous encore une fois où est notre courage, où est notre supériorité.
Et, si nous la considérons, quand elle accompagne l'armée, sur les champs de bataille, dans les ambulances, où trouverons-nous un cœur plus viril, une main plus ferme et plus tendre à la fois ?
Avant de détacher nos regards de cette douce et noble femme, qui passe comme un ange sur le chemin de l'humanité, qu'il me soit permis de compléter mon admiration pour elle par quelques strophes qui la résument :
Regardez! La voici venir, la sainte fille Qui, parmi les petits, se fait une famille A laquelle elle ouvre son cœur. Pleine de dévouement, riche de patience, Chaque jour on la voit faire épeler l'enfance Qui, tout bas, l'appelle : ma sœur !
Puis, au déclin du jour, quand sa tâche est finie, Elle s'en va, vaillante, au lit où l'agonie Sombre et terrible va venir. Auprès de la douleur, elle prie, elle veille Sans cesse ; au moindre appel qui frappe mon oreille, Elle est là, prête à secourir.
Sa voix a des accents qui rendent l'espérance, Sa main verse le baume à l'amère souffrance Que Dieu lui commande d'aimer. Et si, las de lutter, votre cœur se désole, Elle trouve toujours un mot qui le console, Un regard qui vient le calmer.
Quand vous la rencontrez, dans sa modeste mise, L'air calme et doux, avec sa robe noir ou grise, Le regard plein de dignité, Inclinez-vous bien bas, devant cette humble femme, Car c'est un dévouement sons borne, une grande âme : C'est une «sœur de charité !»
Et, maintenant, en forme de conclusion, prenons une bonne résolution : dépouillons, une fois pour toutes, cette ridicule vanité qui nous porte à croire que notre position est bien exaltée, et qui nous fait tracer autour de ce sommet un retranchement qui en empêche d'autres d'y parvenir. Mettons-nous donc franchement à notre véritable place, non pas orgueilleusement au-dessus de la femme, mais affectueusement à ses côtés.
Souvenons-nous que nous avons été longtemps portés dans ses bras et bercés sur ses genoux. Rappelons-nous que plus tard, quand la jeunesse a remué notre cœur, nous nous sommes mis — hypocritement peut-être — à ses pieds. Pourquoi donc la renverser de ce piédestal, que nous lui avons nous-mêmes élevé, pour nous y établir à sa place et lui dicter nos volontés ?
Est-ce parce que sa qualité d'épouse et de mère la grandit chaque jour, que nous allons la reléguer dans une infériorité qui la froisse ? Est-ce parce que son cœur, fortifié dans toutes les luttes de la vie, épanoui par la floraison de tous les dévouements qu'elle seule connaît, glorifié par tous les fruits de tendresse qu'il a portés, nous a dévoilé toutes ses grandeurs, que nous allons l'entourer d'une indifférence qui le glace, flétrir la fleur et le fruit qui font sa gloire et sa vie ?
Non, encore une fois, confessons en toute sincérité, et surtout en toute action, que la femme n'est pas notre inférieure. Ne faisons pas deux existences de la nôtre et de la sienne. Faisons-la asseoir à nos côtés. Elle n'y produira pas une tache d'ombre ; au contraire elle nous prêtera ses purs rayonnements.
Mettons notre cœur en commun avec le sien ; nous ne pourrons qu'y gagner, puisque cette communauté portera à notre avoir ces trésors d'affections et de dévouement dont elle est si riche et si prodigue. Associons notre intelligence à la sienne ; et loin de trouver un obstacle qui enraye notre élan, nous aurons une force nouvelle et toujours active qui élève l'âme et qui la soutient sur les hauteurs Mêlons, en un mot, nos deux existences ; nous croirons peut-être relever la femme ; mais, c'est elle, en vérité, qui nous aura rehaussés de toute la grandeur de ses sentiments et de ses aspirations.
Source: Napoléon LEGENDRE, «La femme dans la société moderne », dans Mémoires de la Société Royale du Canada, Section I, 1890, pp. 13-24. Les erreurs évidentes d’édition dans le texte original ont été corrigées. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |